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16 septembre 2020

Rap et percussions à Oyonnax

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Le journal local a fait état d’une plainte déposée par le maire. J’espère que nous serons informés le moment venu de la suite donnée à cette plainte.

Inutile de s’attarder sur le contenu interchangeable avec d’autres fabrications de ce genre sur le fond comme sur la forme que je qualifierais d’habituels. Petite variante tout de même, on y voit un drapeau. Comme quoi, hisser les couleurs, ça se fait encore (chez les autres).

Mieux vaut s’intéresser (ainsi que le feront, j’espère, les services de police) à ce qui peut apparaître pour certaines bonnes âmes ruisselantes d’empathie comme un détail à peine navrant : les coups de pistolet tirés en l’air (sans doute pour ajouter du rythme à la partition). L’effet de recul sur la main d'un des tireurs et les douilles éjectées ne laissent guère de doute sur le type d’arme utilisée.

Les habitants de ce quartier d’Oyonnax qui n’ont pas de goût particulier pour le rap, les rassemblements menaçants et encore moins pour l’usage dans l’espace public d’armes à feu qui ne sont à l’évidence pas de modestes pistolets à grenaille feront encore des rêves de déménagement. Quant à l’organisme de logement social dont le logo apparaît bien malgré lui dans cette production qui fleure bon le vivre-ensemble, il appréciera sans doute une telle publicité.

Il ne reste plus qu’à souhaiter à cette œuvre un public très attentif supplémentaire, celui d’enquêteurs déterminés qui pourraient essayer d'identifier et ficher les tireurs certes masqués mais peut-être pas inconnus de leurs camarades qui font de la figuration. Quoi ? Aurais-je dit quelque chose de rigolo ?

 

02 avril 2020

Demi-sommeil

(Extrait d'un roman en chantier)

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Photo Christian Cottet-Emard

Mhorn n’attachait guère d’importance à ses rêves nocturnes car il était gouverné par ceux qu’il concevait bien éveillé chaque jour depuis qu’il était conscient d’être au monde mais celui de la nuit dernière ne cessait de le tourmenter. Quelle était cette apparition qui l’avait questionné sur l’attitude de son ami Marius lorsque celui-ci avait été tenté de frapper le voyou à terre ? Pourquoi cette même apparition s’était-elle manifestée sous la forme de Marius en sa jeunesse ? Pourquoi Mhorn eût été effrayé si l’apparition avait revêtu une autre forme et laquelle ?

Ce rêve ouvrait une porte qui ne menait que dans un couloir obscur barré par une autre porte. Telle est ma vie et celle de tout le monde, pensa-t-il. Une fois de plus, il se vit incapable de rejeter ces considérations dans le néant parce que, telles des nuées de pipistrelles dérangées, elles retournèrent nicher dans un coin de son esprit où s’entassaient des rebuts, comme dans le fourgon de brocante de son ami. Parmi tout ce fatras, gisaient les breloques de la jeunesse, les photos et les vieilles lettres d’amour qui n’auraient même pas besoin d’être fixées sur du papier pour mettre une éternité à jaunir et à s’effacer, en tous cas bien plus de temps qu’il n’en faut à une vie humaine pour accomplir son cycle.

Dans leur trentaine, Mhorn et le Bernois avaient aimé la même femme, une mésaventure banale qui avait failli tout aussi banalement détruire leur amitié. Lasse de cette rivalité qu’elle jugeait archaïque, machiste et petite bourgeoise, Mariana avait résolu le problème en partant avec quelqu’un autre. L’amitié s’en était ainsi trouvée préservée mais avaient-ils gagné au change ?

Ils avaient pris leurs distances au gré de leurs activités professionnelles, le Bernois dans la brocante et Mhorn dans la marine marchande pendant quelques années durant lesquelles son caractère rugueux et son maintien un peu rigide lui avait valu le surnom ironique d’enseigne de vaisseau. Il avait beau s’être ingénié à échapper au service militaire, ce surnom l’avait poursuivi au point que la plupart de ses anciens collègues et compagnons de boisson l’appelaient toujours l’enseigne de vaisseau Mhorn quand ils parlaient de lui et plus familièrement l’enseigne quand ils le rencontraient.

Maintenant, après ce fameux rêve, Mhorn repensait aux souffrances endurées à cause de cet amour raté. Ces tourments avaient atteint leur paroxysme le jour où quelques affaires douteuses lui avaient amené dans les mains son Makarov en parfait état de fonctionnement pour une arme aussi ancienne. Après l’avoir démonté, nettoyé et entretenu, il l’avait essayé en tirant sur des plaques de tôles dans une décharge sauvage. Les impacts donnaient une idée du résultat sur un corps humain et il s’était dit qu’il pourrait toujours s’en servir pour se brûler la cervelle s’il venait à souffrir encore plus mais au même instant, il eut honte de cette idée ridicule. 

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© Club 2020 

 

10 juillet 2014

Comme les types en imperméables dans les films des années 70

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Mon chagrin est monté dans la voiture comme un auto-stoppeur d’habitude je ne prends jamais d’auto-stoppeur mais celui-ci avait l’air inoffensif et dans les ennuis

Il s’est d’abord assis sur la banquette arrière mais je sens bien qu’il préférerait  s’installer à l’avant «laisse-moi donc le volant» me dit-il

Je le vois m’observer dans le rétroviseur et attendre que je lui donne du « Mon chagrin » comme on donne du « Monsieur ou Madame »

Il n’est pourtant pas mon chagrin car en réalité je lui appartiens et c’est pour cela qu’il veut conduire la voiture

Je ne comprends pas grand-chose au fonctionnement de la voiture cela ne m’empêche pas de la piloter mais lui mon chagrin a vite compris comment je fonctionnais pour me conduire

Il pue je me méfie de lui il ruse un jour il s’est transformé en fauteuil soi-disant pour m’être agréable

Certes un fauteuil bancal mais on finit toujours par réussir à s’asseoir à peu près confortablement dans un fauteuil bancal

Je ne suis pas dupe des tours de mon chagrin qui est tenace et malin comme le diable

Je continue de conduire la voiture et je repère des petites routes puis des chemins dans la forêt « où on va ? » s’inquiète-t-il « quelle idée de quitter la nationale ? »

L’idée c’est de rouler vers une clairière noyée de pluie d’immobiliser la voiture de lui dire de descendre se dégourdir un peu les jambes d’arriver derrière lui et de lui flanquer une balle dans la nuque comme le font les types en imperméables dans les films policiers des années 70

 

(Extrait de mon recueil Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express