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01 juillet 2021

Du choix des armes (dans la fiction romanesque)

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Dans un roman, mettre en scène un personnage de fiction dont un aspect de la personnalité est défini par le fait qu’il ne se sépare jamais d’un pistolet pose quelques problèmes techniques liés à la vraisemblance qu’il ne faut pas confondre avec la vérité.

Il faut tout d’abord au minimum connaître la différence entre un pistolet et un revolver, se préoccuper du modèle (s’il le transporte en permanence, il ne doit pas être trop encombrant) et s’assurer qu’il a pu se le procurer dans des conditions crédibles que le récit mentionnera en une phrase ou une simple remarque pouvant par exemple être prononcée par un autre personnage.

Mhorn n’a pas réellement le grade d’enseigne de vaisseau. Ce sont ses anciens collègues de la marine marchande et son ami brocanteur et compagnon de boisson, Marius le Bernois, qui l’ont affublé de ce surnom. Après l’interruption de sa carrière dans la marine marchande, il mène une vie solitaire et vivote de transactions plus ou moins légales, principalement dans le commerce d’œuvres d’art et de livres anciens, dans lesquelles il intervient le plus souvent comme intermédiaire. Des opportunités dans d’autres transactions peuvent se présenter à lui. Le lecteur ne trouvera donc pas trop étonnant qu’il ait pu mettre la main sur un pistolet.

Dans un premier temps, j’avais choisi d’équiper mon personnage d’un Luger en raison de mon goût pour la forme caractéristique de cette arme mais le fait qu’il ait été utilisé lors de la première et de la deuxième guerre mondiale en fait maintenant une pièce de collection qu’il est très peu probable de trouver en état de fonctionnement dans la poche d’un passant du vingt-et-unième siècle.

J’avais aussi pensé à un Makarov (photo ci-dessus), pièce dont le faible encombrement, la simplicité et l’esthétique sont des qualités adaptées à mon faux enseigne de vaisseau. Je pourrais évidemment régler l’affaire en confiant à Mhorn un Beretta ou toute arme produite de nos jours mais cela nuirait à la dimension psychologique que je veux donner à ce personnage. Il lui faut une arme ancienne (mais pas trop) et des munitions d’origine ou compatibles, ce qui n’est pas évident.

Voilà une petite idée des problèmes qui peuvent se poser au romancier lorsqu’il veut tout bêtement s’autoriser à écrire « il posa son flingue sur la table de chevet »

 

16 septembre 2020

Rap et percussions à Oyonnax

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Le journal local a fait état d’une plainte déposée par le maire. J’espère que nous serons informés le moment venu de la suite donnée à cette plainte.

Inutile de s’attarder sur le contenu interchangeable avec d’autres fabrications de ce genre sur le fond comme sur la forme que je qualifierais d’habituels. Petite variante tout de même, on y voit un drapeau. Comme quoi, hisser les couleurs, ça se fait encore (chez les autres).

Mieux vaut s’intéresser (ainsi que le feront, j’espère, les services de police) à ce qui peut apparaître pour certaines bonnes âmes ruisselantes d’empathie comme un détail à peine navrant : les coups de pistolet tirés en l’air (sans doute pour ajouter du rythme à la partition). L’effet de recul sur la main d'un des tireurs et les douilles éjectées ne laissent guère de doute sur le type d’arme utilisée.

Les habitants de ce quartier d’Oyonnax qui n’ont pas de goût particulier pour le rap, les rassemblements menaçants et encore moins pour l’usage dans l’espace public d’armes à feu qui ne sont à l’évidence pas de modestes pistolets à grenaille feront encore des rêves de déménagement. Quant à l’organisme de logement social dont le logo apparaît bien malgré lui dans cette production qui fleure bon le vivre-ensemble, il appréciera sans doute une telle publicité.

Il ne reste plus qu’à souhaiter à cette œuvre un public très attentif supplémentaire, celui d’enquêteurs déterminés qui pourraient essayer d'identifier et ficher les tireurs certes masqués mais peut-être pas inconnus de leurs camarades qui font de la figuration. Quoi ? Aurais-je dit quelque chose de rigolo ?

 

23 avril 2020

Carnet / D’une étrange attirance

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Je m’abandonnerais encore plus facilement au charme bucolique de la nature et aux rêveries poétiques qui vont avec si, lors d’une promenade, ma main pouvait s’assurer de la présence d’une arme chargée dans ma poche. La loi me l’interdit mais pour mes personnages, c’est une autre histoire ! Lorsque j’écris un roman ou une nouvelle, j’ai un vrai plaisir à me documenter sur les armes de poing dont je peux les équiper lorsqu’ils évoluent en eau trouble.

Ce goût me vient de mon enfance désormais lointaine. À cette époque, les années soixante du vingtième siècle, les magasins de jouets regorgeaient de revolvers et de pistolets si réalistes qu’ils étaient utilisés par certains truands amateurs qui avaient la mauvaise idée de s’en servir pour des braquages, le genre de projet qui peut vous envoyer à l’ombre pour autant d’années que si l’arme n’est pas factice, et c’est très bien ainsi.

Dans la propriété de mes grands-parents où, tout gosse, je passais la plus grande partie de mon temps, la cour intérieure, le jardin et le hall résonnaient plus que de raison des pétarades de mes jouets favoris. Il s’agissait de deux lourds colts en métal chromé dont on appelait les munitions, bien sûr sans projectiles, des amorces.

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Rien ne m’excitait plus que d’appuyer sur la détente dans les endroits les plus sonores, notamment ce fameux hall carrelé aux murs peints dans les années trente d’où partait le grand escalier menant au premier étage, ce qui n’était vraiment pas du goût de mon arrière-grand-mère exposée à ce vacarme à quelques mètres de son appartement.

Il échappait à mon insouciance d’enfant qu’elle était née à la fin du dix-neuvième siècle, plus exactement en 1882, et qu’elle pouvait donc prétendre, malgré sa santé de fer hélas doublée de longs épisodes dépressifs, à un repos bien mérité jusqu’à la fin de sa vie qui survint en 1978 alors que j’avais dix-neuf ans.

Elle avait trente-deux ans en 1914 et cinquante-sept en 1939 mais lorsqu’elle me parlait des deux guerres mondiales, c’était toujours sous le coup de la frayeur transmise dans la mémoire traumatique familiale par l’incarnation de la figure de l’ennemi prussien, les uhlans, même si ces cavaliers armés de lances ne furent engagés qu’au début de la guerre de 14 avant d’être envoyés comme fantassins dans les tranchées.

Contrairement à d’autres membres de ma famille qui s’en désolaient, mon arrière-grand-mère semblait indifférente à ma préférence de petit garçon pour les jeux guerriers et les armes. C’est en pensant à elle que j’ai écrit une courte nouvelle sur le thème des uhlans. Tous les récits familiaux des deux conflits mondiaux et du conflit algérien ont réussi à me transmettre le dégoût de la guerre mais, paradoxalement, pas celui des armes individuelles, en particulier les armes à feu.