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23 janvier 2006

Sommeils


Les saisons engendrent ce dont elles se nourrissent.
Pollens du printemps, miel de l’été et baies de l’automne s’acheminent vers la principale naissance de l’hiver, celle du sommeil.
De tous les êtres qu’il arrondit en sa lenteur, comme ce lézard dans le soleil, nous seuls restons dehors à nous user dans l’attente et la veille, sous le tranchant du givre.
Dans nos villes, nous avons perdu le sommeil en aveuglant de néon ses hiboux et ses noctuelles affolées auxquelles nous finissons par ressembler.
Dormir n’est pas mourir.
Ceux qui le croient n’existent plus qu’extrêmement.
Hors ce repos, n’est qu’une errance le long de routes où l’on voit clair comme en plein jour.
Ne cherchons là rien de vivant, pas même ce lézard aujourd’hui enroulé au creux du ventre de l’hiver.

19 janvier 2006

Habiter

Les habitants de cette oisive demeure ne cultivent plus leur jardin.
La campagne qui s’impatiente autour de la maison s’enhardit de plus en plus et commence à marauder dans le potager rendu à sa paresse.
Les animaux domestiques ont délaissé depuis longtemps ce lieu de quiète débauche à part un chat ou deux qui nous ressemblent quand nous dormons.
Les roses et les pivoines reprennent leur couleur d’aube.
Chaque jour de contemplation habitue notre pas à plus d’indolence.
Pour habiter la maison vide, il suffit de longer ses murs une ou deux fois, de temps à autres.
Dans le petit soleil, nous y croquons le pain du jour sous l’influence de l’enfant vagabond qui se souvient de nos cabanes du temps jadis.
Les nuits d’orage et de neige, il regagne les forêts du sommeil, comme une bête aux yeux tragiques.
Le passant qu’il redevient le lendemain prend le chemin le plus court alors que sa pensée emprunte le plus nécessaire.
Voilà pourquoi on rechigne à démolir cette vieille baraque.

13 janvier 2006

Deux journaleux de "Petite nuit"

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J’évoque parfois dans ces pages, essentiellement par souci documentaire et non par nostalgie, quelques épisodes de mes dix ans de journalisme encarté dans un quotidien régional.
Il se trouve que mes lectures m’ont porté récemment vers deux polars de la collection “Petite nuit” aux éditions Nykta qui m’ont rappelé des souvenirs. Parmi les quinze titres de la collection que j’ai lus, en attendant de dévorer les autres, deux d’entre eux restituent avec saveur la vie du localier, ce tout terrain de l’information (et souvent de la non-information !). Il s’agit de Sacs d’embrouille de Joëlle Brière et de La Nécrologie du rempailleur de Philippe Thuru, écrits au cordeau et brossant allégrement le tableau de “la vie locale” sur fond de province torve et cafardeuse. Chacun dans leur style, Joëlle Brière et Philippe Thuru m’ont replongé sans ménagement dans l’atmosphère rance de cette “locale” si cruellement révélatrice de l’état de la société. Le “journaleux” de Joëlle Brière y couvre “la pétition des riverains contre les crottes de chiens dans la rue piétonne” tandis que celui de Philippe Thuru doit se résigner au “lot quotidien des localiers qui voient, impuissants, leur vie se perdre dans le récit de celle des autres”.
Mais le plaisir pris à la lecture de ces deux romans n’est en rien masochiste car leurs auteurs savent à merveille déchirer d’éclairs d’humour féroce la chape de plomb des bourgades qui mijotent comme les chaudrons d’enfers miteux.
Pour cinq euros le volume, ne vous privez pas d’un bonheur de lecture avec ces concentrés de polars locaux. On peut même soutenir la collection en s’abonnant à une série complète de dix titres de la collection Petite nuit pour 46 euros.
Après les dix romans consacrés à l’Ain, série dans laquelle ont oeuvré mes amis Marie-Ella Stellfeld (“L’homme aux oreilles de jazz”, polar à Oyonnax) et Roland Fuentès (“La Bresse dans les pédales”, polar à Polliat), la collection du Rhône a débuté avec Max Levrat (“Distribution gratuite”, polar à Perrache).
En résumé :
- Marie-Ella Stellfeld, “L’homme aux oreilles de jazz” : lourde ambiance à Saint-Léger, paroisse d’Oyonnax...
- Philippe Thuru, “La Nécrologie du rempailleur”, polar à Toucy : pour le stagiaire d’été, le week-end est chargé, l’haleine des clients du bistrot aussi. Le seul à garder la tête froide, c’est le cadavre...
- Joëlle Brière, “Sacs d’embrouilles”, polar à Véron : où l’on apprend qu’un chien qui n’a d’yeux que pour les taupes peut avoir du nez pour flairer des oreilles à terre...
- Roland Fuentès, “La Bresse dans les pédales”, polar à Polliat : boyaux en roues libres et poulets de Bresse perplexes...
- Max Levrat, “Distribution gratuite” : mais sexe payant. Post 69, animal triste !
- Claude-Jean Poignant, “Le gang avait de la morgue”, polar à Auxerre : où l’on s’active entre tiroirs frig(hor)rifiques et tiroirs-caisses... Avec une pointe d’ironie bien glacée.
- Jean Mauclaire, “Ras-le-bol à Magny-Cours” : où les bruiteux (traduisez les motards) en prennent plein les mirettes au prix fort... Somptueusement déjanté.
* Éditions Nykta, polars locaux de la collection Petite nuit (Le Haut de Tallant Cidex 505, 71240 Etrigny.

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