01 septembre 2005
Saleté de livre
Chers lectrices et lecteurs, sachez que “le best-seller de la rentrée n’est pas un livre.”
Ainsi semble en avoir décidé le très “libriophobe” jury d’un obscur “Prix du public 2005”. Alors, si le best-seller de la rentrée n’est pas un livre, qu’est-ce donc ?
Une bagnole.
Telle est la récente publicité affichée par une marque de voiture dont je tairai le nom puisqu’en choisissant un visuel rappelant les couvertures crème d’un grand éditeur surmontées des habituels bandeaux promotionnels rouges, le constructeur automobile en question apporte sa caution à la véritable entreprise de dénégation et de mépris que le monde industriel affiche désormais sans complexe pour toute culture qui n’est pas d’entreprise et en particulier pour le livre.
Car c’est bien de mépris qu’il s’agit dans ce message publicitaire à la signification à mon sens tout à fait claire : rassurez-vous bons petits consommateurs tous membres émérites du jury du “Prix du public 2005”, “le best-seller de la rentrée n’est pas un livre” et vous ne serez donc plus astreints à cette corvée qu’est la lecture (pour ceux d’entre vous qui savent encore lire, qui seraient encore tentés de s’abandonner à cette perversion ou de s’imaginer qu’il puisse exister au monde autre chose que la bagnole).
Et, comble de la dérision, cette morve de fils de pub macule la quatrième de couverture de la dernière édition de Télérama...
00:35 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (0)
31 août 2005
Ivre de poche
Demi-sommeil devant une émission littéraire télévisée. Le Cohiba s’est éteint, le ballon de Cognac, vide, heureusement, a roulé sous la table basse et l’on s’escrime encore sur Houellebecq dans la lucarne.
Je l’ai déjà écrit, je trouve Houellebecq intéressant mais je voudrais tout de même nuancer : intéressant en édition de poche. Je ne me souviens pas d’avoir lu de ma vie un best-seller autrement qu’en édition de poche (exception faite d’Éloge des femmes mûres de Stephen Vizinczey), c’est-à-dire avec un raisonnable décalage qui permet, outre de notables économies, une lecture normale. Extension du domaine de la lutte, Les Particules élémentaires et Plateforme, merci “J’ai lu”. La Poursuite du bonheur : merci “Librio”.
Entre le jour où j’ai appris en 2001 la nouvelle de la publication en France d’Éloge des femmes mûres de Stephen Vizinczey, ouvrage publié, je crois, pour la première fois en 1965) et l’heure où une publicité de l’éditeur (Anatolia / éditions du Rocher) s’est imprimée dans ma rétine, le livre en était déjà chez cet éditeur à sa quatorzième ou quinzième édition. À cette époque, en 2002, je me suis dit “tiens, je vais peut-être lire Éloge des femmes mûres”. En 2003, le livre en est arrivé à sa trente-neuvième édition et j’ai pensé : “ah oui, il faut que je lise Éloge des femmes mûres”. Finalement, lorsque je me suis décidé ce mois d’août, j’en ai trouvé un exemplaire imprimé en février 2005. Quarante-et-unième édition à la couverture barrée d’un bandeau arborant fièrement “plus de 3 millions de lecteurs dans le monde”... Et moi, et moi, et moi...
Éloge des femmes mûres ? Agréable, sans plus. Bien écrit. Un bon petit divertissement mais deux regrets cependant : pas d’édition de poche. Et pour cause. Deuxième regret : m’être décidé trop tôt et trop vite au lieu d’attendre la sortie en poche d’Éloge des femmes mûres qui finira bien par venir un jour.
Et Houellebecq dans tout ça ? Je lirai sûrement La Possibilité d’une île, mais en édition de poche, quitte à attendre que 3 millions de lecteurs en eussent épuisé les 41 éditions successives. C’est tout le mal que je lui souhaite mais cette fois-ci, je ne dérogerai pas.
01:50 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (1)
Tu écris toujours ? (25)
Nous autres, auteurs, petits ou grands, bons ou mauvais, stylés ou non, ignares ou cultivés, prestigieux ou minables, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, “à compte d’auteur ou à compte d’éditeur”, gauche-caviar ou droite-tête de veau, le pire du ridicule nous guette tous : l’esprit de sérieux.
Notre espérance de vie, nous en connaissons la moyenne, d’où nous venons et où nous allons, nous nous en doutons.
Que le soleil enflera comme une baudruche pour digérer la Terre dans une soupe rouge et que l'un des derniers organismes vivants encore capables de boire les ultimes gouttes de rosée avant la fin finale sera l’antédiluvien et modeste nostoc (appelé aussi "crachat de la lune" ou "crachat du diable"), les savants nous l’ont dit.
Alors, (désolé) mais nos petits bouquins...
P.S : pour en savoir plus sur le nostoc et autres curiosités, un livre de Pierre Gascar, Le Règne végétal (éditions Gallimard).
(À suivre)
01:35 Publié dans FEUILLETON : tu écris toujours ? | Lien permanent | Commentaires (0)