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07 novembre 2018

Carnet / Dernière page de mon carnet vert. Je commence le rouge et jaune, tout neuf !

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En train de lire Portnoy et son complexe de Philip Roth. Je m’inflige ce pensum parce que je me demande pourquoi ce livre me tombe des mains alors que des millions de gens y comprennent quelque chose. Il est vrai que la lecture de Philip Roth m’est recommandée depuis des décennies par des personnes qui ont toujours le même profil vaguement intello urbain de gauche branchouille et de sexe féminin, sans parler de la presse littéraire.

Qu’est-ce qui ne va pas chez moi pour que je peine ainsi à terminer la lecture d’un roman qui s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires dans le monde ? J’en suis à la page 197 de l’édition Folio qui en compte 373 et je fournis un effort considérable pour que le marché du poche d’occasion ne s’enrichisse pas de mon exemplaire avant la fin de ma lecture. C’est grave, docteur ?

 

06 novembre 2018

Carnet / D’une danseuse

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Il m’arrive de plus en plus souvent de considérer la littérature comme une danseuse, une personne qu’on peut aimer regarder, avec qui on peut parfois faire quelques folies mais qu’il vaut mieux ne pas trop prendre au sérieux parce qu’on sait bien, au fond, qu’elle n’a pas tant que cela à donner et que de toute façon on n’est rien pour elle.

Photo CC-E

 

01 novembre 2018

Mes trois poèmes de la Toussaint et du jour des Défunts

(Extrait de mon ouvrage Encens, marbre et bruyère)

 

Troisième poème de la Toussaint et du jour des Défunts (2018)

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Vêpres

 

Quand vient aux vêpres la Toussaint dans cette joie où sont admis tous ceux qui furent Saints en secret ou en gloire à leur mesure

 

Comme il serait triste et vain de ne pas être heureux d'être triste

 

Cela pourrait signifier que nous n'avons souci ni de nous-mêmes ni de nos défunts ainsi livrés au cours obscur d'un fleuve qui n'a nulle part sa source et ne va nulle part

 

Esquif infortuné qui voguerait sur un tel fleuve !

 

Même le lendemain le jour des morts nous bercera d'un rassurant chagrin 

 

Deuxième poème de la Toussaint et du jour des Défunts (2017)

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Encens

I

Au son de l’orgue dans l’encens je vois monter la maison d’enfance

 

Elle s’élève avec les miens que j’ai connus et les autres qui m’ont parlé à travers eux

 

La maison en pierres et en mots avec son coffre-fort qui s’ouvrit à la fin sur quelques emprunts russes

 

Le jardin la voie ferrée la marquise de la gare l’autorail l’encens les soulève

 

Il prend aussi le petit square avec son lampadaire

 

Tout ce qui veut peser compter durer l’encens m’aide à le voir encore un peu puis il l’emporte dans les airs

 

II

En moi cette âme grise et tiède attirée par le reflet d’un vitrail ou le halo d’un cierge

 

Aussi je veux l’encens pour elle qui s’en ira

 

Dans l’adieu je veux l’encens léger au lourd parfum qui monte vers les voûtes immobiles de la dernière forêt

 

Quand frémissent à peine ses volutes après qu’aient battu très loin les ailes de l’Ange accompagnateur en des régions dont nul vivant ne peut avoir idée

 

Et qu’une voix dira comme à Géronte en son dernier songe Adieu, mais pas pour toujours

 

Marbre

Comme une feuille de carnet par terre où l’on a écrit des noms et des dates

 

Cette page ne prend ni le vent ni la pluie c’est ce que j’attends d’elle

 

Moi sous le ciel

 

Qui ne suis pas dans le secret des cieux

 

Bruyère

Quand les mots ont cédé à l’encens et au marbre il reste un geste

 

La bruyère trouvée sur le marché d’automne où l’on vend aussi aux vivants distraits des bouquets d’immortelles

 

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I

Toussaint

 

À la veillée des anciens mondes les feux d’humbles talus parfument les champs d’astres

 

La rivière est souvent déjà sombre et rapide mais la lumière en ses méandres y trouve un chemin dans les saules

 

Dans le courant chaque seconde et chaque vague reçoivent nos séjours

L’herbe chante à la flamme veilleuse des rivages des refrains de vergers loin derrière les fumées de berges incertaines

 

La voile accueille un vent fossile et conduit des paroles en forme de légendes et de mystères enchantés

 

II

Défunts

 

Les arbres bruissent du fond des terres où vous vous effacez

 

Défunts désormais loin des berges de l’aube et du soir où l’on allume des feux d’herbe pour croire encore en un retour en gloire

 

Qu’importe au fleuve ténébreux l’esquif de braconniers en loques tous ils retournent sur le flot

 

Toutes saisons ne furent qu’escales où l’on offrit et déroba le pain farci de clefs des champs la gourmandise du veilleur la provision du matinal

 

III

Élégie des beaux jours d’automne

 

Beaux jours d’automne sans vous toutes et tous absents pour toujours

 

Partout des prodiges sur Terre elle-même prodige vue depuis la Mer de la Tranquillité

 

Chaque seconde des miracles la lune dans les frênes la campanule à fleur de roche le mauve de la colchique le marron d’Inde qui brille sur la petite route forestière

 

On n’a rien vu de tel ailleurs dans l’univers pourtant si extravagant jusque dans ses plus profonds enfers alors pourquoi

 

Pourquoi pas juste une fois encore même une seule ce si petit miracle comparé aux autres si prodigieusement absurdes si majestueusement et sidéralement stupides

 

Pourquoi pas ce minuscule miracle un peu de temps encore avec vous toutes et tous dans les beaux jours d’automne

 

Car en comparaison de vous toutes et tous qui êtes tout et qui avez existé Science Foi Philosophie et Destin pèsent moins qu’un caillou de la Mer de la Tranquillité

 

IV

Deuil

 

L’heure vient à l’hiver en son office de ténèbres pour naviguer sur l’estuaire inconnu

 

La prière se mesure à l’absence à l’énigme éternelle au récit d’un été

 

Les voûtes n’ont pu tenir le retour d’une joie ancienne

 

La nuit alourdit de pétales et d’encens la veillée des faux morts ceux dont l’oubli ne veut

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 1992, 2016, 2017 et 2018 pour la version modifiée et augmentée

Photos cathédrale et Croix © Christian Cottet-Emard