Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09 février 2015

Carnet / Du voyage nocturne

Je me suis toujours considéré comme quelqu’un qui n’a aucun sens de l’orientation.

carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,voyage,nocturne,lisbonne,portugal,tramway,electrico,principe real,restauradores,blog littéraire de christian cottet-emard,venise,italie,europe,direction,sens de l'orientation,gnossiennes,satie,aldo ciccolini,pianiste,piano,fernando pessoa,poète,poésie,littérature,rêve,sommeil,neige,jura,banc

Entre dix-sept et trente ans, les années où j’ai été le plus contraint de me déplacer pour des raisons professionnelles, j’en étais même arrivé à la conclusion que je souffrais de débilité spatiale. En réalité, je me perdais partout où j’allais parce que je n’avais pas envie d’y aller ! J’ai commencé à m’en rendre compte lors de mes séjours à Venise, ville où je me repère assez bien parce que je n’ai aucune urgence à le faire lorsque je m’y promène. Mais s’il est une ville dont l’organisation spatiale s’est très rapidement installée dans mon esprit, c’est bien Lisbonne. Pour oublier la neige, j’y flâne ce soir en rêve éveillé puisque j’ai l’impression de ne plus rêver en dormant. Je dors d’un sommeil léger et fatigant déserté par les grands rêves baroques desquels il m’arrivait d’émerger tout ébloui il y a très longtemps. Ce soir, j’essaie de me conditionner pour une balade en songe à Lisbonne, pourquoi pas dans le grand parc du Principe Real que j’affectionne tout particulièrement ? J’y trouverai bien un banc pour rêvasser au son d’une Gnossienne de Satie (en hommage au grand Aldo Ciccolini tout récemment disparu) extraite de ma discothèque portative, celle que j’ai dans la tête et qui me rend distrait de tout ce qui me fatigue en ce moment d’être français. Sur le soir, je pourrais descendre direction Restauradores puis remonter vers mon magasin de cigares, juste derrière la statue de Pessoa attablé au très touristique café A Brasileira.

carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,voyage,nocturne,lisbonne,portugal,tramway,electrico,principe real,restauradores,blog littéraire de christian cottet-emard,venise,italie,europe,direction,sens de l'orientation,gnossiennes,satie,aldo ciccolini,pianiste,piano,fernando pessoa,poète,poésie,littérature,rêve,sommeil,neige,jura,banc

J’aurais d’ailleurs croisé le poète quelques mètres plus bas au milieu des passants car à Lisbonne, il est partout. La dernière ville littéraire d’Europe, j’ai désormais la chance d’y aller quand je veux. Que mon sommeil lent comme un vieil electrico m’y conduise cette nuit !

carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,voyage,nocturne,lisbonne,portugal,tramway,electrico,principe real,restauradores,blog littéraire de christian cottet-emard,venise,italie,europe,direction,sens de l'orientation,gnossiennes,satie,aldo ciccolini,pianiste,piano,fernando pessoa,poète,poésie,littérature,rêve,sommeil,neige,jura,banc

Photos © Christian Cottet-Emard, 2014

 

03 février 2015

Carnet / En déneigeant

L’hiver, ses paysages, ses dentelles de givre, ses cascades de glace, ses neiges qui scintillent et ses activités stupides comme le ski et le déneigement. L’hiver, saison stupide.

déneigement,jura,neige,intempérie,météo,climat,hiver,carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,blog littéraire de christian cottet-emard,bresse,ain,bourg-en-bresse,france,europe,courses,chez la jeanne,café le français,venise,italie,verrerie,figurines de verre,mimosa,éleveur de mimosa,francesco biamonti,artisanat,écriture,résultat

Plus de problème avec le ski dont j’ai refusé dès l’enfance tout enseignement après une seule séance qu’on m’a imposée je me demande pourquoi dans les années soixante du vingtième siècle. Mais le déneigement, ça, impossible d’y couper. Toute la fin de matinée et le début d’après-midi pour pouvoir sortir la voiture du garage.

déneigement,jura,neige,intempérie,météo,climat,hiver,carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,blog littéraire de christian cottet-emard,bresse,ain,bourg-en-bresse,france,europe,courses,chez la jeanne,café le français,venise,italie,verrerie,figurines de verre,mimosa,éleveur de mimosa,francesco biamonti,artisanat,écriture,résultat

Sortir la voiture du garage : ça se mérite. 

D’habitude, je passe en force sans déneiger beaucoup, surtout quand le vent tourne et que ça fond sous la pluie mais ces derniers jours, on approche d’un mètre d’épaisseur. Pas question de passer en force sans y laisser le pot d’échappement et d’autres accessoires, quant à la fonte, ce n’est manifestement pas pour demain. 

Dans ces moments-là, je pense à la Bresse où la neige est rare et fugace mais j’ai trop de mauvais souvenirs professionnels là-bas pour m’y installer. Bourg-en-Bresse, c’est bien pour quelques courses, un verre au Français et un déjeuner chez La Jeanne, mais pour des cieux plus cléments, c’est encore un peu juste. 

L’hiver, je me sens vieux et stupide moi aussi, au point d’avoir la tête remplie d’un fatras de cartes postales dégoulinantes de fleurs et de parasols en bords de mer. Je pense à Francesco Biamonti qui écrivait d’âpres romans mais qui était « éleveur de mimosa » . Quel effet cela peut-il bien faire « d’élever du mimosa » ? , je me demande en déneigeant. 

L’hiver est la saison où je m’imagine ailleurs en train de faire autre chose que de déneiger, charrier des bûches de bois et vider les cendres de la cheminée sur cette saleté de neige immaculée. 

Comme Juppé, la tentation de Venise me prend. Vivoter d’un obscur commerce de figurines comme ces artisans qui tricotent des baguettes de verre coloré sous la flamme d’un petit chalumeau pour les transformer en minuscules cochons translucides, escargots bicolores, diablotins priapiques et autres bestioles pour les touristes. 

Mais n’ayant ni main verte ni habileté manuelle, adieu mimosa, verrerie, et bonjour déneigement, bénévole de surcroît. Tout ce temps-là est pris sur l’écriture, une activité dont l’avantage est au moins que personne n’attend un résultat, ce qui est bien réconfortant.

12 janvier 2015

Anita

anita ekberg,marcello mastroianni,dolce vita,fontaine de trevi,rome,italie,blog littéraire de christian cottet-emard,cinéma,film,chef-d'œuvre

Je me promenais à Lisbonne en septembre dernier lorsque je suis tombé sur une affiche géante de la Dolce vita de Federico Fellini. L'affiche recouvrait une grande vitrine vide et, depuis le pont où je me trouvais, il m'était difficile de photographier au milieu des passants et des autos. J'étais tellement capté par le rayonnement de ce couple fabuleux que je n'ai pas pensé un seul instant à situer l'affiche dans son contexte, un clin d'œil de la romaine Dolce vita en plein Lisbonne ! Résultat, la photo aurait pu être prise n'importe où ! J'étais sous le charme, c'est tout. Le charme fou, hypnotique...