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10 septembre 2014

Carnet / Du verre à moitié plein ou à moitié vide

Après le deuxième concerto pour piano de Brahms, couché très tard dans la nuit de lundi soir pour profiter du clair de lune exceptionnel.

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Lundi soir chez moi sous les frênes qui perdent déjà leurs feuilles

Les murets de pierres sèches et les grands frênes  qui entourent la propriété sont visibles comme en plein jour. Les moins robustes de ces arbres qui n’ont bourgeonné que fin mai cette année ont déjà perdu leurs feuilles en cette étrange fin d’un été sans soleil. 

Les autres qui portent bien leur nom de frênes élevés s’en délestent en frôlements qui inquiètent la chatte Linette tout étonnée de me voir dehors avec elle dans son royaume de la nuit d’habitude épaisse et noire mais baignée ces temps-ci d’une clarté laiteuse. 

Cette opalescence inhabituelle est due aux lambeaux d’un immense nuage d’orage avorté qui s’effiloche dans le ciel tel un tissu élimé. Le rayonnement de la pleine lune rebondit sur le nuage qui s’éclaire alors comme la corolle d’une fleur géante ou comme une lampe de verre englobant tout le paysage en son halo. 

Plus haut et plus loin sur le flanc de la montagne dont on distingue chaque épicéa, quelques éclairs suivis de grondements assourdis envoient encore de faibles flashes dans le ciel mouvant. L’air sent la mousse et la pluie, « un régal d’herbes mouillées » dirais-je par emprunt du beau titre d’un recueil de poèmes d’Anna de Sandre (éditions Les Carnets du Dessert de Lune).  

En d’autres temps, je ne songeais qu’à savourer ces moments. Maintenant, je ne pense qu’à les écrire. 

L’éternelle histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide...

09 septembre 2014

Extrait de mon prochain livre

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Antoine se perdait souvent dans la contemplation d’une tache contre le mur de son bureau, la trace d’une grosse araignée qu’il avait écrasée quelques années auparavant et qui était restée là, tel le morne trophée d’une demi-décennie d’assemblées générales et de collisions au carrefour. Le jour où la Rolls verte se gara devant l’agence du quotidien local où Antoine végétait dans un emploi de rédacteur photographe, un rayon de soleil estival éclairait crûment la tache. La secrétaire indiqua le bureau d’Antoine à un jeune couple puis se déplaça en direction de la vitrine pour admirer la Rolls verte au volant de laquelle patientait un chauffeur. Sans chauffeur, une Rolls n’est pas tout à fait une Rolls, pensa Antoine à ce moment-là. Le jeune couple qui avait trouvé porte close à l’Office de tourisme voisin de l’agence cherchait à rejoindre une direction qu’il était impossible d’indiquer clairement en raison du plan de circulation complexe récemment inauguré. Pendant qu’Antoine réfléchissait au moyen de renseigner les visiteurs, ils se chamaillèrent un peu à propos de l’heure à laquelle ils devaient se présenter là où ils étaient attendus. Antoine apprit ainsi qu’ils s’appelaient Ricardo et Rozana. Ricardo était un jeune homme brun au teint mat et Rozana une jolie rousse aux yeux verts. Sa beauté espiègle fut sans doute pour quelque chose dans la décision d’Antoine de les accompagner pour les emmener sur la bonne route. Au volant de son Ami 6 exténuée, Antoine avait du mal à quitter des yeux le rétroviseur qui encadrait l’image de la Rolls verte glissant dans les rues désertes du centre ville. À l’embranchement, Antoine fit demi-tour et indiqua d’un geste la nouvelle direction. Ricardo et Rozana le remercièrent par de grands signes de la main. De retour à l’agence, songeur, Antoine passa le reste de l’après-midi à bavarder avec la secrétaire sur le thème de la Rolls verte. Antoine n’y entendait rien en voitures mais un pigiste qui collectait des résultats sportifs assura qu’il s’agissait d’une Rolls Corniche, probablement un modèle datant de 1971.

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04 août 2014

Ma voiture préférée (dans les années 60 du vingtième siècle...)

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