Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09 juin 2021

À propos de Charmes :

charmes, roman, éditions orage lagune express, christian cottet-emard, littérature, musique, oyonnax, nantua, lyon, venise, lisbonne, barcelone, haut bugey, rhône alpes, france, italie, espagne, portugal,paris,jean-jacques nuel,blog l'annexeUn article de Jean-Jacques Nuel.

 

16 avril 2021

HERMES BABY de Jean-Jacque Nuel

service de presse,hermes baby,jean-jacques nuel,éditions la boucherie littéraire,collection carné poétique,antoine gallardo,poésie,littérature,machine à écrire hermes baby,outil d'écriture,recueil,édition,publication,blog littéraire de christian cottet-emard,chronique,note de lecture,christian cottet-emard

Hermes Baby, ma machine à écrire de Jean-Jacques Nuel. Éditions La Boucherie littéraire. 10 €.

 

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme... » ? Dans l’œuvre littéraire de Jean-Jacques Nuel, la réponse à la question d’Alphonse est oui.

Marques de leurs époques, les petites mécaniques de notre quotidien mènent la sarabande entre les lignes des nombreux livres de l’auteur désormais retiré dans la région de Cluny. La machine à écrire portative au nom qui fait rêver ne pouvait échapper à l’hommage de son propriétaire qui lui dresse un éloge plein d’esprit et de tendresse dans cet élégant et court recueil décrit par l’éditeur comme un livre-objet hybride à mi-chemin entre le carnet blanc et le livre imprimé.

Jean-Jacques Nuel se souvient qu’il avait à peine dix-sept ans lorsqu’il avait acheté cette machine : « Je lui avais donné le diminutif affectueux de Baby comme à une petite amie » . Comme dans bien d’autres livres de Nuel, c’est du rapport souvent décalé entre les rêves et les réalités mêlées de la vie et de l’écriture qu’il s’agit dans ce texte en forme de prélude à ceux de la deuxième partie du recueil. On y retrouve les figures de l’écrivain contrarié « entre les 4 murs de la littérature » où arrivent les lettre de refus. Procédons à un bref retour chariot annoncé par « le tintement clair de la sonnette » de Baby et relisons ces pages : « J’aurais dû m’inspirer de sa solidité, sa simplicité, sa fiabilité, sa fidélité, sa patience, son endurance, sa résistance, qualités indispensables pour un écrivain » .

Jean-Jacques Nuel sait de quoi il parle et, comme sa vaillante Baby, il n’a pas démérité.

 

Note / La machine à écrire portative Hermès Baby évoquée par Sébastien Siraudeau du journal Le Parisien :

Ultraportable ! Avec sa coque au toucher granité dotée d'une poignée rétractable, l'Hermès Baby — nommée aussi Poids plume ou Rocket Hermès — est la star des machines portatives du XXe siècle. Commercialisée en 1935 par le suisse Paillard, elle supplante Underwood sous les doigts des écrivains nomades, dont Ernest Hemingway. Les modèles des années 1950 « vert tilleul »(photo) sont les plus populaires. Elle sera fabriquée à plus de 4,5 millions d'exemplaires jusqu'au rachat de l'entreprise par Olivetti dans les années 1980.

service de presse,hermes baby,jean-jacques nuel,éditions la boucherie littéraire,collection carné poétique,antoine gallardo,poésie,littérature,machine à écrire hermes baby,outil d'écriture,recueil,édition,publication,blog littéraire de christian cottet-emard,chronique,note de lecture,christian cottet-emard

 

 

12 mars 2021

L'île des libellules transparentes

aux grands jours,littérature,édition,publication,© club,blog littéraire de christian cottet-emard,club littéraire des amateurs de cigares,christian cottet-emard,empressé ou patient,fragile et lumineux,comme un coquelicot,chaque poème,avec audace,se dédie aux grands jours,droits réservés,sous presse,le pétrin de la foudre,le congé du buveur,le passant du grand large,l'alerte joyeuse,la jeune fille,le monde lisible,poèmes rescapés,la jeune fille aux sandales de sable,l'île des libellules transparentes,entretien,été,jean-jacques nuel,gabriel guy,amazon

Un soir de mai, il en a assez d'entendre crépiter la toile de son grand parapluie noir. Il décide de descendre à la mer.

 

Un autorail l'emporte loin de ses forêts, un train express l'abandonne tôt le matin dans la gare d'une ville portuaire et un autocar le dépose sur le parking d'un village aux rues sablonneuses.

 

Pendant que son parapluie finit de sécher à des centaines de kilomètres, un bon soleil l'encourage ici à acheter quelques fruits vendus par une grosse femme qui somnole sur un banc au fond d'une cahute en mauvais bois.

 

Vous êtes un des premiers vacanciers de la saison, dit-elle avant de faire rouler quelques pêches jaunes en plus dans le sachet en papier.

 

Je suis là tous les jours sauf le lundi et vous savez, c'est bien pratique si vous voulez avoir des fruits frais sur la plage ou en revenant de la baignade. 

 

Elle désigne du regard une grande dune.

 

C'est derrière, vous n'avez qu'à suivre le caillebotis. Mais peut-être cherchez-vous à vous loger ? Il y a juste en face ce petit hôtel que je vous recommande. En haute saison, il est toujours complet mais en ce moment, pas de problème. Ça vous fait deux-cinquante.

 

Il doit être onze heures et le voyage de nuit l'a privé de son petit déjeuner. L'idée d'un bon café au lait remplace toutes les autres. Pour tester un hôtel, rien de tel que de demander le petit déjeuner à onze heures.

 

Je vais voir ce que je peux faire promet une jeunette à tablier blanc et à jupe noire.

 

Depuis la terrasse fleurie de larges parasols bleus où il grille une cigarette, il la voit parlementer dans la salle, près du comptoir avec une belle femme à la cinquantaine épanouie, sans doute la patronne. Elle regarde sa montre puis disparaît de son champ de vision.

 

Une petite brise salée s'est invitée à sa table lorsque la patronne arrive avec un grand plateau. Nous n'avons plus de croissants à cette heure mais j'ai pu vous faire griller du pain. Cela vous conviendra-t-il ?

 

Un quart d'heure après, il s'allonge sur le lit d'une grande chambre claire. La porte-fenêtre du balcon ouvre sur des pins et sur des albizias odorants.

 

Un regard vers la fenêtre ouverte et sa conscience s'égare dans le gonflement des voilages.

 

Toute la chambre s'emplit d'une fraîche lumière blanche dans laquelle s'éternise son sommeil. Du moins le croit-il car à son réveil, il est à peine treize heures.

 

Il a rêvé abondamment et émerge de cette courte sieste plus fatigué qu'avant. Assis sur le bord du lit, il tente de reprendre ses esprits quand on frappe doucement à la porte.

 

Apparaît la jeunette au tablier blanc et à la jupe noire.

 

Désirez-vous déjeuner ? Moules-frites ou poisson grillé. C'est le dernier service. Il prend une douche presque froide, enfile un pantalon et une chemise propres bien qu'un peu froissés et descend sur la terrasse.

 

Il s'attable à la même place devant une assiette de sardines grillées et un pichet de vin blanc léger. Sachant que ce petit vin risque de l'endormir quand même, il commande un grand café noir.

 

Il se met en tête de se rappeler ses rêves de tout à l'heure. Il n'en reste rien. Juste quelques bribes mêlant images et mots dispersés où il était question d'une île et de libellules. Des libellules transparentes.

 

Le tablier blanc et la jupe noire le frôlent en débarrassant.

 

Connaissez-vous l'île des libellules transparentes ? demande-t-il pour plaisanter.

 

Ah oui, répond la jeunette. À vingt minutes par la navette. Mais elle n'intéresse pas grand-monde ; et tous deux se regardent, perplexes, avant qu'elle ne disparaisse avec son plateau.

 

(Extrait de mon livre Aux grands jours, paru l'été dernier.)

aux grands jours,littérature,édition,publication,© club,blog littéraire de christian cottet-emard,club littéraire des amateurs de cigares,christian cottet-emard,empressé ou patient,fragile et lumineux,comme un coquelicot,chaque poème,avec audace,se dédie aux grands jours,droits réservés,sous presse,le pétrin de la foudre,le congé du buveur,le passant du grand large,l'alerte joyeuse,la jeune fille,le monde lisible,poèmes rescapés,la jeune fille aux sandales de sable,l'île des libellules transparentes,entretien,été,jean-jacques nuel,gabriel guy,amazon