17 mars 2014
Carnet / Du lever de lune, des arbustes à papillons et d’un reflet rouge
Dimanche soir chez moi, quand j’ai vu la lune se lever à travers mes haies de frênes, j’avais l’appareil à portée de main. La photo sans réglages est le plaisir des appareils numériques. Techniquement, cela ne vaut rien mais le principal, c’est l’émotion. Qu’ai-je à faire de la technique ?
Lundi matin, j’étais obligé de descendre en ville (à une dizaine de kilomètres de mon village) pour laisser ma voiture au contrôle technique. Plutôt que d’attendre une heure à côté de l’atelier qui n’est pas loin de mon ancien quartier de résidence lorsque j’habitais cette bourgade, j’ai marché le long d’une rue parallèle à la voie ferrée, un quartier qui s’effiloche en vieilles bâtisses et en parcelles de terrain plus ou moins en friche. Une des parcelles minuscules est recouverte d’arbustes à papillons aux branchages si denses qu’ils forment des voûtes sous lesquelles le vent accroche des sachets en plastique et toutes sortes de déchets d’emballages.
C’est dans des cartons assemblés en une tanière qu’on ne peut même pas appeler une cabane (ni une tanière puisque même une véritable tanière est plus confortable) qu’un homme est mort de froid il y a au moins une dizaine d’année.
Juste avant de rester là quelques instants, interdit, face à ce non lieu où une vie humaine s’est terminée dans une absolue désolation, je venais de passer devant les panneaux d’affichage des listes pour les élections municipales. Tous ces gens nous parlent d’emploi, d’aménagement, d’équipement, d’économie, de finance, de développement, de tourisme, de « vivre ensemble ». Tout cela est bien gentil mais j’attends la liste qui parlera du type mort de froid dans les nœuds de branchages des arbres à papillons.
Rentré dans ma campagne inondée de lumière, j’ai sorti la table de jardin et déjeuné dehors. Sandwiches, un verre de vin et un cigare. Le soleil reflétait le rouge du vin sur la table de métal blanc. J’ai fait une photo sans trop savoir pourquoi. Une photo qui n’a aucun sens bien sûr, comme presque tout le reste.
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03 avril 2012
Interlude
02 décembre 2011
Grands et petits désordres sous la comète Hale-Bopp
Pendant que la comète Hale-Bopp grossit dans le soir d’avril ton jour de congé rétrécit
Ils sont tous là à s’extasier devant cette boule de neige sale en cette année 1997 de grands et petits désordres
Année semblable aux autres si ce n’est le passage de la comète Hale-Bopp dénomination officielle C/1995 O1 qui paraît-il vaporise six cents tonnes de glace par seconde produit trois cents tonnes d’eau par seconde ça te fait une belle jambe
Et alors six cents ou trois cents tonnes d’eau ou de lisier par seconde qu’est-ce que ça peut te faire
Grand désordre habituel sur la planète Terre le temps qui manque
Petit désordre exceptionnel devant ta porte d’entrée le président d’un club sportif qui donne de sa personne en participant à la tournée des membres honoraires il te demande d’adhérer tu lui réponds d’une voix douce parce qu’il ne sert à rien d’être impoli et agressif
Que c’est l’année de la comète année pour toi encore moins favorable que les autres à l’adhésion à un club sportif car année spéciale durant laquelle tu craches à toi tout seul six cents tonnes d’exécration du sport par seconde
Et que si le président sportif persiste à te fourguer à défaut de sa satanée carte de membre honoraire un de ses satanés prospectus tu en feras un petit tas de confettis auquel tu mettras le feu non sans avoir par la suite pris soin de pisser sur les cendres
Les mictions cosmiques de la comète C/1995 O1 la carte de membre honoraire les prospectus du président du club sportif et puis quoi encore
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Photo : ciel nocturne (sans comète !)
01:17 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comète hale-bopp, comète, eau, glace, poésie, espace, ciel, 1997, avril, périhélie, orbite, soleil, lune, astre, lumière, blog littéraire de christian cottet-emard, récit des lisières, droits réservés, copyright