22 avril 2008
Œil de cyclone
Ta mère a écouté les informations du bout du monde un ouragan a arraché les toits des maisons elle a peur en ces jours de grand vent dans son village tranquille de voir s’envoler son toit
Elle a peur de la nature en ce joyeux jour de vent qui fait danser les frênes
Et toi non tu ne t’inquiètes pas trop des vents d’ici car ils se contentent au pire de quelques tuiles
La nature ne t’effraie pas mais tu la tiens toujours à l’œil car il est inquiétant qu’elle puisse craindre l’homme
Tu as surtout peur de l’homme que la nature peut craindre
Un jour de promenade tu cherchais un vieux chemin et une clairière de ton adolescence mais le temps les avait perdus
Le chemin n’existait plus et un bois remplaçait la clairière
Alors que tu rampais dans les fourrés pour accéder à tes autres coins tu arrivas contre le vent et tu surpris une laie avec ses petits
C’est ainsi que la nature se signala à toi ce jour-là mais puisque tu la tiens toujours à l’œil rien de fâcheux ne survint
La laie et ses marcassins foncèrent tout droit bien loin de toi mais cela ne rassurerait pas ta mère pour autant si tu lui racontais cette histoire car les informations du bout du monde finissent par la persuader que sa maison et son village tranquilles sont dans l’œil d’un cyclone
© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.
17:08 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : oeil, cyclone, vent, nature, laie, marcassin, frêne
24 décembre 2007
Joseph est bien marié
Le fœhn a soufflé le dernier pétale de cerisier comme une bougie d’anniversaire
La bise a volé l’ultime feuille d’érable
Tu vois une étoile en cette feuille un signe et peut-être un message
Car ton étonnement grandit avec les années
C’est un soir obscur empli de silencieuse joie
Et plus ton pas bat le trottoir luisant de lune plus te revient cette histoire de toujours à laquelle tu voudrais croire même une seule nuit
Soulagé d’un ténébreux sommeil tu t’es levé par un matinet
Le monde était si vieux si jeune a-t-il recommencé dans une lente et douce flamme au fond d’une chapelle
Et à minuit fut un réveil glorieux de roses de Noël
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2007.
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Joyeux Noël à tous !
15:11 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Noël, poésie, campagne, neige, nature, promenade, rêve
19 octobre 2007
Sous la cascade au nom qui fait rire
(À Michel Cornaton)
Tu voudrais disparaître
Pour toujours disparaître
Disparaître
de la circulation
automobile
Mais réapparaître
à jamais perdu
pour l’auto
Réapparaître sur le chemin départemental où sèchent toujours tranquillement les feuilles de foyard et de tilleul comme au premier jour le premier jour où tu marchas dans ces feuilles sèches
Réapparaître au bord du gouffre Le Pétrin de la foudre ou dans la marmite de la cascade au nom qui fait rire
« Comme par enchantement » disparaître et réapparaître dans cette cascade et pas une autre même si cette autre s’appelle Le Saut de l’âne ou La Queue de cheval
Tu voudrais réapparaître
À jamais perdu
pour la circulation
automobile
Et rire éperdu dans la marmite de la cascade au nom qui fait rire où cerné d’arcs-en-ciel tu peux te tenir debout avec de l’eau jusqu’au menton et ressortir tout bleu dans l’été rire parce que tu aurais réussi à disparaître et à réapparaître quand ça te chantait et sourire soûl rire vivre ivre
Apparaître disparaître réapparaître comme ça te chante dans la cascade « comme par enchantement » t’enchante la cascade au nom qui fait rire
Un peu gamin sur les bords pourquoi pas si ça te chante « Colchiques dans les prés » « Vent frais vent du matin sous le vent le sommet des grands pins »
Renaître non
Juste réapparaître
dans les colchiques dans les prés sous le vent dans les grands pins noirs d’Autriche qui retiennent la falaise et ses campanules de la tentation du gouffre
Seule la cascade connaît le gouffre et en revient et s’en enchante au grand jour or et bleu et s’en enchante dans l’envol des feuilles de foyard d’érable de charme de sycomore d’alisier de sorbier seule la cascade sait apparaître disparaître réapparaître seule la cascade sait chanter au fond du gouffre comme dans la folle joie de l’automne où pour toujours tu voudrais réapparaître à jamais enchanté
© Éditions Orage-Lagune-Express 2007
20:15 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Cascade, Vulvoz, Jura, poème, eau, gouffre, nature