24 décembre 2007
Joseph est bien marié
Le fœhn a soufflé le dernier pétale de cerisier comme une bougie d’anniversaire
La bise a volé l’ultime feuille d’érable
Tu vois une étoile en cette feuille un signe et peut-être un message
Car ton étonnement grandit avec les années
C’est un soir obscur empli de silencieuse joie
Et plus ton pas bat le trottoir luisant de lune plus te revient cette histoire de toujours à laquelle tu voudrais croire même une seule nuit
Soulagé d’un ténébreux sommeil tu t’es levé par un matinet
Le monde était si vieux si jeune a-t-il recommencé dans une lente et douce flamme au fond d’une chapelle
Et à minuit fut un réveil glorieux de roses de Noël
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2007.
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Joyeux Noël à tous !
15:11 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Noël, poésie, campagne, neige, nature, promenade, rêve
19 octobre 2007
Sous la cascade au nom qui fait rire
(À Michel Cornaton)
Tu voudrais disparaître
Pour toujours disparaître
Disparaître
de la circulation
automobile
Mais réapparaître
à jamais perdu
pour l’auto
Réapparaître sur le chemin départemental où sèchent toujours tranquillement les feuilles de foyard et de tilleul comme au premier jour le premier jour où tu marchas dans ces feuilles sèches
Réapparaître au bord du gouffre Le Pétrin de la foudre ou dans la marmite de la cascade au nom qui fait rire
« Comme par enchantement » disparaître et réapparaître dans cette cascade et pas une autre même si cette autre s’appelle Le Saut de l’âne ou La Queue de cheval
Tu voudrais réapparaître

À jamais perdu
pour la circulation
automobile
Et rire éperdu dans la marmite de la cascade au nom qui fait rire où cerné d’arcs-en-ciel tu peux te tenir debout avec de l’eau jusqu’au menton et ressortir tout bleu dans l’été rire parce que tu aurais réussi à disparaître et à réapparaître quand ça te chantait et sourire soûl rire vivre ivre
Apparaître disparaître réapparaître comme ça te chante dans la cascade « comme par enchantement » t’enchante la cascade au nom qui fait rire
Un peu gamin sur les bords pourquoi pas si ça te chante « Colchiques dans les prés » « Vent frais vent du matin sous le vent le sommet des grands pins »
Renaître non
Juste réapparaître
dans les colchiques dans les prés sous le vent dans les grands pins noirs d’Autriche qui retiennent la falaise et ses campanules de la tentation du gouffre
Seule la cascade connaît le gouffre et en revient et s’en enchante au grand jour or et bleu et s’en enchante dans l’envol des feuilles de foyard d’érable de charme de sycomore d’alisier de sorbier seule la cascade sait apparaître disparaître réapparaître seule la cascade sait chanter au fond du gouffre comme dans la folle joie de l’automne où pour toujours tu voudrais réapparaître à jamais enchanté
© Éditions Orage-Lagune-Express 2007
20:15 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Cascade, Vulvoz, Jura, poème, eau, gouffre, nature
29 octobre 2006
Avec les arbres
La flaque d’eau toujours à la même place sur la route forestière où la vieille voiture attend n’est ni le miroir ni le contraire du monde juste une facette de ce diamant qu’on appelle la Terre
L’image condamnée à refléter ce qui n’est pas se dissipe dans l’évidence des feuilles rendues à l’air blond
Le grand vent patientera le temps de la colchique et de la campanule et tout ce qui s’alourdissait de peurs et de chagrins indéchiffrables s’unifie dans les instants d’accord entre la route et la rivière
L’épicéa qui rafraîchit les pas de mes aïeux les moins connus penche encore ses secrets sur les miens
Autour de nous se courbe une apparente éternité un infini à nos mesures à celle des brins d’herbe
Où est cachée l’horloge ? Et qui a décidé dans l’espiègle automne qu’aujourd’hui nous nous sentirions libres ?
Le fruit du jardin s’approche de la terre inconnue comme tout ce qui semblait se tourner vers le ciel
Des temps s’éloignent à la vitesse des astres et le mystère sous chacun de mes pas ne me fait plus sourire
Les seuls à me désaltérer encore de mes premiers regards sont les arbres penchés sur mes sorties d’école tilleuls d’automne où passe la main du vent hêtres et marronniers vieux maîtres indulgents qui dessinent un cercle autour de mes erreurs
En eux se concilient envol et pesanteur et je n’étais pas né qu’ils me savaient déjà promis à l’énigme de leur premier bourgeon
La profonde étrangeté du ciel où tombent les dernières corolles
L’inexplicable joie qu’on prête au vol de l’éphèmère dans l’ordre imprévisible des vents d’octobre
Au fond de la forêt la stupeur des naissances
La lumière en cascades qui ne révèlent rien que les couleurs des chiffres sur le tableau noir
Mais toujours la fenêtre qui rend à l’écolier le monde lisible
(Extrait de : LE MONDE LISIBLE, éditions Orage-Lagune-Express. Copyright Orage-Lagune-Express, 2004)
00:30 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, arbres, nature, automne, promenade