12 janvier 2018
Oyo maso
Après le rappeur en résidence et ses propos scandaleux tenus au centre Aragon, voici « l'humoriste » pas drôle au sketch cracra à la cérémonie des vœux. Décidément, c'est une manie à Oyonnax de payer pour se faire provoquer à domicile ! Il serait temps de remettre un peu d'ordre dans tout cela ! À moins que la politique de la ville n’autorise plus aucune réaction ?
La mécanique est bien rodée. Un comédien, un chanteur, un auteur, un artiste ou du moins quelqu’un qui se présente ainsi, se fait embaucher pour fournir une prestation d’animation, d’éducation ou de divertissement rétribuée par recours à des fonds publics. Une fois sur scène, notre « artiste » se livre à ce qu’on appelle aujourd’hui un dérapage verbal plus ou moins contrôlé dans le but de déclencher une polémique, un scandale et surtout une de ces bonnes grosses publicités médiatiques gratuites qu’on désigne désormais sous le nom de buzz.
La plupart du temps, il s’agit de provocations grossières et frontales visant des institutions qui hésitent à réagir fermement par crainte d’être accusées d’intolérance ou de manque d’humour, les nouveaux péchés capitaux du catéchisme bobo. Quand personne ne bronche, « l’artiste » empoche son cachet en rigolant à la perspective d’aller raconter dans les dîners en ville comment il a réussi à se faire payer pour mordre la main qui l’a nourri.
Lorsque les réactions (hélas de plus en plus en rares) se font trop véhémentes, « l’artiste » se répand dans la presse en protestant de son étonnement et de son incompréhension devant tant de violence à son égard, lui qui ne fait rien d’autre que d’exercer gentiment son métier (pardon, son « art »). Si le brave « artiste » ainsi incompris a eu dans une autre vie quelques soucis avec la justice (oh, quelques broutilles débouchant juste sur un petit séjour en prison, rien de bien grave vous voyez), il dénoncera les entraves à son exemplaire réinsertion. S’il est issu de la diversité, il déplorera le racisme dont il est évidemment victime.
S’il existe encore des rêveurs dupes de ce scénario parfaitement au point et qui ne comprennent pas pourquoi nous nous énervons vous et moi en constatant la récurrence de tels épisodes, il faut leur concéder qu’il est difficile de trouver la réponse appropriée à ce genre d’attaques (car c’est bien d’attaques qu’il s’agit, contre nos institutions donc contre nous, par des individus qui, soyons-en conscient, ne viennent pas en amis sur la scène publique où ils ont des comptes à régler ; le laxisme affiché les y encourage, alors pourquoi se priver si, en plus, ça rapporte ?).
Il est vrai que l’aspect financier de la politique de la ville peut expliquer le sang froid obligatoire des représentants des institutions ciblées de façon ordurière par les humoristes pas drôles ainsi que le flegme en apparence étonnant affiché par les élus lorsqu’on leur demande comment un insignifiant saltimbanque peut être rémunéré sur les deniers publics pour le seul plaisir narcissique de régler ses comptes personnels avec les forces de l’ordre en leur faisant injure en pleine cérémonie officielle.
Alors que faire ? Comment réagir ? Ne rien dire ? Ne pas relever ? Ne pas jeter de l’huile sur le feu ? Ne pas tomber dans le piège de la provocation ainsi que beaucoup le préconisent ? Cela sera interprété par ceux qui croient qu’ils n’auront bientôt que des droits comme un aveu de faiblesse, pour du consentement, de la soumission suscitant toujours plus de nouveaux dérapages, de nouvelles transgressions.
Dénoncer ? Protester ? Demander des comptes à ceux qui rendent possibles de telles situations ? Exiger des sanctions ? Ce sera s’assurer d’être taxé au pire de facho, au mieux de réac ou de fin de race, vous savez, celle du vieux monde où le recours à l’irrévérence humoristique spirituelle était admis mais certes pas la complaisance de se vautrer dans l’injure publique scatologique masquant ses sinistres relents de haine et de mépris sous le voile d’un humour fallacieux.
Si l’on ne veut pas que la silencieuse majorité des citoyens attachés à leurs institutions traînées dans la boue (pour ne pas dire plus) par des opportunistes hostiles et sans talents choisissent d’autres voies que celles de la démocratie pour en finir avec la répétition de spectacles aussi navrants que celui qui fut donné à la cérémonie des vœux à Oyonnax, il faut sommer les élus de reprendre le contrôle sur les intervenants extérieurs qu’ils emploient, notamment dans les secteurs du social et de la culture considérés par nos ennemis comme le ventre mou de nos sociétés chaque jour un peu plus en ligne de mire.
Illustration : détail de la Une du Progrès d'Oyonnax
00:29 Publié dans NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polémique, oyonnax, ain, haut-bugey, france, rhône-alpes auvergne, cérémonie des vœux d'oyonnax, politique, scandale, provocation, politique de la ville, humoriste, blog littéraire de christian cottet-emard
11 janvier 2018
Premier carnet de l’an nouveau
Quelque part, n’importe où...
Parmi les nouveautés littéraires, un recueil de nouvelles dont j’avais déjà lu des pages sur le site du Téléburo et sur Short édition, Quelque part, n’importe où... de Lydie Jaillon, avec pour fil conducteur le thème de la rencontre. Avant d’en reparler bientôt sur ce blog, je recommande ces douze textes (160 pages) qui plairont encore, sous la forme de cette élégante édition de poche, aux lecteurs qui en ont découvert des extraits en les retirant dans les bornes distributrices d’histoires courtes disponibles dans les lieux publics.
Le grand air de la musique
Je commence l’année avec les Danses symphoniques de Rachmaninov, composition que j’écoute souvent en cette période du mois de janvier. Mais comme ma fille s’est récemment attelée au violon après quinze ans d’orgue, je reviens aussi plus souvent au répertoire de cet instrument par le biais d’enregistrements que je possède depuis longtemps dans ma discothèque, les concertos de Tchaikovsky, Stravinsky, Britten et Prokofiev, notamment le n°1, envoûtant, fascinant, du dernier compositeur que je viens de citer. La musique est vraiment mon espace, le seul où je respire sous d’infinis horizons, où j’oublie enfin cette récurrente et maudite sensation de porter une veste qui me serre aux épaules. Plus encore que la littérature qui m’oblige à du travail, la musique est mon oxygène parce que je n’en écris pas et que je peux donc m’y abandonner.
Le malheur des Chrétiens d’Orient
Mercredi soir, j’ai vu sur la chaîne Arte une émission très claire et bien construite sur les Chrétiens d’Orient qui se trouvent dans une situation de plus en plus épouvantable. Un constat qui fait froid dans le dos quand on voit ce qui se passe chez nous. Afin que leur passé et leur présent ne soient pas notre avenir proche, il est plus que temps que l’Occident quitte ses œillères, cesse de vivre dans le déni, abandonne ses illusions et tire les leçons de leur terrible histoire.
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07 janvier 2018
Mon poème de l'Épiphanie
Gaspard Melchior et Balthazar avaient déjà rejoint le temps des merveilles
Leur étoile n’était pas de ces abominations de la désolation que les savants ravissent avec enthousiasme des ténèbres aux éperviers de leurs calculs
Sa petite sœur de papier brillant est bien rangée et le sapin reprend son souffle au jardin
Il veut absolument vivre ce gringalet d’épicéa et tout connaître encore de la terre et du ciel de l’an nouveau y compris le retour la tête dans leur étoile de ceux que leur espoir fit rois
© Éditions Orage-Lagune-Express 2007. Droits réservés.
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