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13 novembre 2006

Aaron et Lenny

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Ils ont l’air de bonne humeur sur cette photo les deux géants de la musique américaine du vingtième siècle

Quand le photographe Walther H. Scott appuie sur le déclencheur on ne sait si Lenny parle direction d’orchestre à Aaron ou s’il ôte délicatement un cheveu du revers de la veste d’Aaron

Cela tient souvent à un cheveu la composition la direction d’orchestre l’amitié

On fait le même geste quand on tient un cheveu ou une baguette ou quand on essaie de parler de ce qui échappe aux mots notamment la musique et l’amitié

Cette photo parle elle parle bien d’Aaron et Lenny de leur amitié et de leur génie

Le photographe Walther H. Scott a tout compris de ce chef-d’oeuvre d’amitié

Tu as souvent cette image sous les yeux depuis 1991 ou 1992 lorsque tu achetas ce disque avec Aaron et Lenny en photo de couverture

Et depuis tu veux écrire quelque chose sur cette amitié et sur cette musique qui rayonnent d’Aaron et de Lenny même si tu sais que c’est impossible car aucun mot ne peut exprimer directement l’amitié et la musique

Telle est la réussite de Walther H. Scott un portrait des cinquante-trois ans d’amitié d’Aaron (1900-1990) et Lenny (1918-1990)

Photo : de gauche à droite, Aaron Copland et Leonard Bernstein (Photo Walther H. Scott)

08 novembre 2006

Pamphyle à Lyon

Lorsque le peintre Jacki Maréchal m'a présenté Pamphyle à la galerie Ex-libris à Oyonnax, j'étais déjà sous le charme évident et discret de cette oeuvre puisque Jacki m'avait montré les tableaux avant le vernissage. Toujours à la demande de Jacki, j'avais écrit un texte pour le catalogue.

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Je trouve en l'exposition que la galerie lyonnaise Le Soleil sur la place consacre en ce moment à Pamphyle une bonne occasion de donner de nouveau ce texte en lecture.

J'envie l'amateur que le destin aura choyé en lui ménageant pour la première fois une halte devant une oeuvre de Pamphyle.
À ce chanceux qui ne connaît pas encore son bonheur, je n'imposerai pas mon interprétation. Ce que j'ai pu ou cru voir dans d'étonnantes teintes de métal ou de bois patinés, dans des grains et des trames où l'écriture et la peinture ne cessent de se faire signe, est un cadeau qui m'appartient. Je lui dirai simplement de ne pas manquer l'occasion de cette nouvelle rencontre avec une beauté dont il a l'instinct et l'idée mais que seul l'artiste sait matérialiser.
Cette beauté, Pamphyle la fixe un moment qui devient un tableau. Il agit dans l'interrogation de la matière où s'animent des empreintes, des graffiti et des rayures. J'oserais dire des nervures. Toutes ces marques s'organisent parmi des lignes et des strates où le regard cheminera sans contrainte.
À ce visiteur qui a encore toute sa découverte devant lui, je ne chercherai même pas à décrire, encore moins à expliquer. Tout au plus veillerai-je à lui indiquer en Pamphyle un allié sûr dans l'obscur et lent combat de toute nature poétique décidée à garder les yeux ouverts sur le meilleur de la vie.
Ce passant spontané qui va frôler le monde de Pamphyle, je me contenterai de lui suggérer : entre et regarde. Regarde comment la réminiscence d'une vieille couleur sur une coque rouillée peut se décliner en une marine, comment murmure un mur et comment crie une écorce ou peut-être même comment crisse le temps sur les surfaces de son passage.
Mais ce sera déjà une autre histoire qui se colportera entre des regards accueillants comme des jardins au geste fertile du peintre. Ce sera l'histoire personnelle de tous les attentifs qui franchiront le seuil de Pamphyle.

- Exposition Pamphyle, galerie Le Soleil sur la place, 4 rue Antoine de Saint-Exupéry (ex rue Alphonse Fochier) 69002 Lyon. www.lesoleilsurlaplace.com
Du mercredi 8 novembre au jeudi 7 décembre 2006.

29 octobre 2006

Avec les arbres

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La flaque d’eau toujours à la même place sur la route forestière où la vieille voiture attend n’est ni le miroir ni le contraire du monde juste une facette de ce diamant qu’on appelle la Terre

L’image condamnée à refléter ce qui n’est pas se dissipe dans l’évidence des feuilles rendues à l’air blond

Le grand vent patientera le temps de la colchique et de la campanule et tout ce qui s’alourdissait de peurs et de chagrins indéchiffrables s’unifie dans les instants d’accord entre la route et la rivière

L’épicéa qui rafraîchit les pas de mes aïeux les moins connus penche encore ses secrets sur les miens

Autour de nous se courbe une apparente éternité un infini à nos mesures à celle des brins d’herbe

Où est cachée l’horloge ? Et qui a décidé dans l’espiègle automne qu’aujourd’hui nous nous sentirions libres ?

Le fruit du jardin s’approche de la terre inconnue comme tout ce qui semblait se tourner vers le ciel

Des temps s’éloignent à la vitesse des astres et le mystère sous chacun de mes pas ne me fait plus sourire

Les seuls à me désaltérer encore de mes premiers regards sont les arbres penchés sur mes sorties d’école tilleuls d’automne où passe la main du vent hêtres et marronniers vieux maîtres indulgents qui dessinent un cercle autour de mes erreurs

En eux se concilient envol et pesanteur et je n’étais pas né qu’ils me savaient déjà promis à l’énigme de leur premier bourgeon

La profonde étrangeté du ciel où tombent les dernières corolles

L’inexplicable joie qu’on prête au vol de l’éphèmère dans l’ordre imprévisible des vents d’octobre

Au fond de la forêt la stupeur des naissances

La lumière en cascades qui ne révèlent rien que les couleurs des chiffres sur le tableau noir

Mais toujours la fenêtre qui rend à l’écolier le monde lisible


(Extrait de : LE MONDE LISIBLE, éditions Orage-Lagune-Express. Copyright Orage-Lagune-Express, 2004)