08 mars 2007
Un week-end peu pantouflard
Je signerai « Le Club des pantouflards » (éditions Nykta) au salon du livre organisé à Valexpo à Oyonnax (01) par le club Kiwanis samedi 17 mars 2007.
Je serai le lendemain dimanche 18 mars 2007 au salon du livre de Villefranche-sur-Saône (69).
PS : quelqu'un aurait-il une idée de ce que sont devenues mes pantoufles (oubliées au salon Place aux livres, place Bellecour à Lyon cet automne) ?
00:05 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Le Club des pantouflards, polar, éditions Nykta, collection Petite nuit, Christian Cottet-Emard
27 février 2007
Des pas dans la nuit
Photo : de l'utilité des photos ratées en général et des mauvais chargements de pellicule en particulier, (à Venise dans les années 80).
Un jour de bora bianca, ce vent redouté des vénitiens, je longeais la façade Renaissance de la Scuola di san Rocco avant d'entrer dans la basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari. Je m'accordais quelques instants de compagnie avec Titien, Canova et Giovani Bellini lorsque j'entendis quelques craquements dans l'obscurité où stagnaient de lourdes nappes d'encens. Des notes d’orgue s'y mêlèrent bientôt, qui me reposèrent un peu de la splendeur de l'Assomption du Titien. La musique, plus encore que la peinture, peut encourager les poèmes qui renoncent en moi.
En émergeant de l'ombre de la basilique, je retrouvai les ocres du quartier des Frari réconciliés avec le dernier soleil du jour. Le vent avait capitulé et abandonné dans sa déroute des souffles d'algues. L'air se radoucissait et invitait quelques touristes réfugiés dans des bars minuscules et délicieusement enfumés à retrouver le jeu de piste des itinéraires de visite balisés de flèches noires sur fond jaune idéales pour se perdre mieux encore qu'on ne l'eût espéré.
Une nuit, j'avais déambulé dans ce quartier souvent désert, où, enfilant une rue au hasard, j'avais entendu monter de la pénombre une voix : « Aqua ! » Une silhouette venait de m'avertir que la rue débouchait directement sur le canal et qu'entre les deux, on n'avait pas jugé utile d'installer une barrière.
Je vis alors l'ombre s'approcher. Elle appartenait à une jeune femme en imperméable qui me jaugea d'un air amusé : « Attention au canal ! » Elle me parlait en français. Je devais avoir une tête de français. Elle m'accompagna le temps de m'indiquer un chemin plus sûr. Je l'observai furtivement. Elle était dans son élément. Ses fines chaussures surmontées d'un nœud papillon s'assuraient avec une grâce appliquée sur les dallages de pierre. Le rythme de son pas dans le silence nocturne m'habitait de la même harmonie, du même équilibre ténu qu'un ricercare des Gabrieli ou une canzon des Cavazzoni sur l'orgue Callido et sur l'orgue Piaggia de la basilique. Ce pas, je l'entends encore s'éloigner, des années après, aussi nettement que ce soir-là où je dînais, dans une trattoria déserte, de lasagnes aux orties et de quelques poissons grillés agrémentés de polenta et de vin blanc.
23:30 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Italie, Venise, Frari, Titien, Canova, Giovani Bellini, Gabrieli
22 février 2007
Un temps où les ondes furent confiées à des poètes
Robert Prot : Jean Tardieu et la nouvelle radio, L’Harmattan éditeur, collection Logiques historiques. 2006. 298 pages. 27 euros.
Francis Ponge, ami de Jean Tardieu, n’était pas tendre pour la radio, « la bourdonnante, la radieuse seconde petite boîte à ordures ! », persiflait-il dans un texte daté de 1946 : « Ah, comme il est ingénieux de s’être amélioré l’oreille à ce point ! Pourquoi ? Pour s’y verser incessamment l’outrage des pires grossièretés. » (“Pièces”, Poésie / Gallimard). On croirait que Ponge parle de la radio d’aujourd’hui, surtout quand il évoque dans le même texte «Tout le flot de purin de la mélodie mondiale ! »
Pourtant, en cette époque déjà lointaine, quand le pays s’extirpait de la guerre et de l’Occupation, « la boîte vernie » contenait bien les promesses d’un âge d’or, « un temps où les ondes furent confiées à des poètes » , disait Émile Noël dans Les chemins de la connaissance, sur France Culture. Un de ces poètes était Jean Tardieu, « bien connu du grand public pour son oeuvre poétique et théâtrale », souligne Robert Prot en quatrième de couverture de son livre en précisant : « On sait moins l’importance du travail qu’il a accompli à la Radio et à la Télévision. Son Club d’Essai a été à l’origine d’un nouveau programme (France Musique), mais aussi de nouveaux talents. »
Robert Prot se souvient aussi de l’esprit d’ouverture qui animait Jean Tardieu : « De Gaston Bachelard à Etienne Souriau, il a su faire venir les plus grands chercheurs et universitaires dans son Centre d’Études de Radio Télévision , qui est aujourd’hui devenu l’Institut National de l’Audiovisuel. »
C’est toute la période d’élaboration et d’évolution de la radio, de l’après-guerre à nos jours, que Robert Prot nous convie à découvrir en détails dans son livre. Riche de témoignages et d’anecdotes pour le plaisir de lecture, l’ouvrage offre aussi, dans son foisonnement d’informations, les qualités d’un précieux outil de recherche. La figure bienveillante et lumineuse de Jean Tardieu accompagne le lecteur dans ce cheminement complexe, dans cette véritable floraison de talents artistiques et de compétences techniques qui construisit, parfois avec des moyens limités et des budgets serrés mais avec la créativité et l’enthousiasme humaniste des débuts, la nouvelle radio.
Christian Cottet-Emard
00:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Jean Tardieu, Robert Prot, radio, Club d'Essai, France Musique, Institut National de l'Audiovisuel