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20 août 2006

Poésie suspecte

Impression désagréable, ces derniers temps. Toute poésie me semble suspecte, en particulier la mienne. Je suis d’autant plus heureux d’avoir principalement publié de la prose depuis quelques mois.
Dans mes plus récentes tentatives “poétiques”, j’essaie de trouver un compromis entre vers et prose. Le vers me paraît vide de sens. Le résultat est plutôt bizarre, brouillon, du point de vue de la forme mais j’ai au moins la satisfaction d’avoir écrit au plus près de ce que je voulais dire.
Ces textes qui me viennent juste avant le sommeil, dans un état d’alanguissement, je les qualifierais de “coffrages”, comme les coffrages en planches de la maçonnerie. Je me demande ce qui va bien pouvoir en sortir. Peut-être devrais-je relire les écrivains-maçons (Thierry Metz, Erri de Luca ?...)

01:29 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2)

17 août 2006

Mauvaise orientation

Chez Cécile

le carnet scolaire de Christine Angot



14 août 2006

feuilles mortes et pages décollées

Journée pluvieuse et sombre ainsi que l’approche du 15 août en réserve souvent dans le Haut-Bugey. La poésie se refuse. Cela peut arriver. Elle semble vouloir se dérober plus encore à la lecture de quelques pages trouvées au hasard de recueils récemment reçus, qu’il s’agisse d’éditions ou de manuscrits. Est-ce moi qui m’engourdis dans cette grisaille et dans cette nuit précoce ou bien ces textes se ressemblent-ils réellement tous ? Ennui, colère devant ces pages.
Depuis les années 70 du siècle dernier, la poésie dite contemporaine, dans ses avant-gardes proclamées, me fait penser à quelqu’un qui n’arrive pas à se suicider proprement. Car c’est bien de suicide qu’il s’agit, avec le seul message intelligible que les “poètes” se réclamant de cette modernité déjà rance adressent au public à travers les commentaires abscons de leurs propres oeuvres : “lecteurs, dehors !” Et ce message-là, les lecteurs, à défaut de comprendre le reste, l’ont reçu cinq sur cinq. Ils ont pris congé.
Depuis, les tentatives de suicide se succèdent sans relâche. À chaque course en direction du mur, le corps tuméfié, sanguinolent, obscène à force de mutilations volontaires, se relève pour de nouvelles imprécations, d’autres borborygmes, jusqu’à ce que nous connaissons maintenant : variétés de rap radoteur, éructations, vociférations, en somme régressions atteignant le stade excrémentiel d’un vieux corps si épuisé par les violences qu’il s’est infligé qu’il n’en restera bientôt plus qu’une flaque, pas même un cadavre.
Des noms pour illustrer ce consentement, cet abandon à l’ivresse du putride ? Mais qu’importe de citer des noms (ce qui sous-entend des individualités) alors que ces graphomanes parmi lesquels beaucoup avouent noircir des pages par pure compulsion “écrivent” tous le même “livre”.
Allons, demain il fera jour et en attendant, Brahms et son premier trio en si opus 8 et puis Jules Laforgue dans ma vieille édition de poche (des années 70 justement) avec les pages qui se décollent :

"Quand reviendra l'automne,
Cette saison si triste,
Je vais m' la passer bonne,
Au point de vue artiste."

Et ça va déjà mieux...