30 octobre 2021
Le premier jour du premier été
Je sortis du Palais des eaux comme tout le monde.
La différence était le vieux balcon où les petits lézards pouvaient offrir leurs gorges flamboyantes au soleil.
Il surplombait des massifs de roses anciennes aux teintes et aux parfums aujourd’hui perdus qu’une très vieille fée aspergeait de marc de café. La famille s'en offusquait.
Bien plus tard on pouvait croire que j’avais quitté le balcon comme je pouvais aussi moi-même le croire
mais cette illusion, le mirage de la prochaine porte, n’est qu’une des croyances fréquentes en ces contrées incompréhensibles mais pleines de promesses.
Qu’elles ne fussent pas toutes tenues n’importait guère au milieu des roses, sous les regards attentifs de la vieille fée et des lézards.
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux. © Éd. Orage-Lagune-Express.
Une rose de chez moi (Photo MCC)
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24 août 2019
À la fenêtre
Sommes-nous encore les plus nombreux à être riches d'une fenêtre ? Je ne parle pas de ces hublots avares et myopes où l’on ne peut même pas s’accouder mais d’une vraie fenêtre avec une croisée, des volets et un rebord ou un balcon.
Derrière la fenêtre, il faut aussi quelque chose, une rue avec des passants, des toits avec leurs cheminées, des champs qui font le gros dos ou un arbre beau parleur sous la brise.
Je me souviens d’une fenêtre ouvrant sur un jardin où s’est épanouie mon enfance. Un gros poirier approchait tout près ses branches. Derrière, on distinguait des morceaux d’une petite gare. Depuis le balcon, rien à craindre des wagons pressés et du fracas de leurs tôles. Tout ce qui se passe à la fenêtre est une histoire aux limites bien définies.
L’oiseau mort de l’hiver, les pas dans la nuit, le souffle des forêts et le lever de lune restent des contes d’inquiétude et de contemplation dont la fenêtre est le théâtre. Si on laisse déborder le spectacle de la scène, on prend le risque d’en devenir l’un des acteurs et de ne plus rien voir.
Extrait de mon recueil L'inventaire des fétiches, © Éditions Orage-Lagune-Express, 1988.
Photo Christian Cottet-Emard
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