Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17 janvier 2019

Carnet / Lectures croisées à propos du livre LA TOLÉRANCE ET L’AVERSION de Claude Habib et d’un échange entre Kamel Daoud et Boualem Sansal

claude habib,kamel daoud,boualem sansal,liberté,tolérance,blog littéraire de christian cottet-emard,carnet,lecture,lectures croisées,presse,le figaro,littérature,essai,Lecture hier après-midi de deux passionnants articles du Figaro : Claude Habib : « La tolérance doit-elle nous interdire de protéger nos mœurs ? » qui donne les bonnes feuilles du livre La Tolérance et l’aversion publié par l’essayiste et romancière chez Desclée de Brouwer et Kamel Daoud - Boualem Sansal : les compagnons de la liberté, un échange entre les deux écrivains qui ne cessent de nous alerter sur le déni du danger qui menace les démocraties occidentales.

 

Pour présenter l’ouvrage de Claude Habib, la journaliste Eugénie Bastié en a choisi des extraits classés en rubriques : Repenser la tolérance, L’Amérique a tort de nous faire la leçon, Tolérer l’intolérance ? La vertu minimale, Les raisons de l’opposition au voile, L’aptitude à se décentrer, Le besoin vital de frontières, Des limites à la liberté religieuse ?

 

Dans l’échange entre Kamel Daoud et Boualem Sansal mis en forme par Alexandre Devecchio, on peut lire que les deux écrivains menacés en Algérie hésitent cependant à s’exiler en France : « C’est aussi parce que la France leur apparaît aujourd’hui de moins en moins comme la nation de Voltaire et de plus en plus comme le pays de Soumission de Houellebecq. » En France, Daoud déclare craindre l’attaque d’un fanatique agissant en électron libre, quant à Sansal, il a fait l’objet d’une tentative d’agression à Nice par un franco-algérien. Ciblés dans leur pays, les deux écrivains sont aussi dénigrés (le mot est faible) dans certaines franges des milieux universitaires et de l’intelligentsia occidental.

 

Pendant qu’un président trop jeune, narcissique, versatile et manipulateur égare le pays dans l’insignifiance de son débat national et pendant que notre société s’enlise dans des confrontations à propos de sujets d’un autre âge liés à l’obscurantisme religieux, les rares intellectuels qui nous alertent sur les thèmes les plus brûlants de notre actualité ne sont pas écoutés. C’est très inquiétant.

 

Pour conclure ce résumé de mes lectures croisées, je reviens à l’essayiste et romancière Claude Habib qui écrit : « ... la tolérance ne doit pas se dilater inconsidérément : au-delà d’un certain point, elle ne peut s’accroître sans se réduire à l’impuissance. Tolérer l’intolérance impliquerait de supporter la cruauté ou la violence des ennemis - si ce n’est approuver, au moins laisser faire. Ce n’est donc pas augmenter la tolérance, mais la désarmer. Il est un point où l’accroissement apparent est une autodestruction réelle. »

 

 

27 mars 2017

De la paix civile en France (lectures croisées de la presse)

Le 8 mars, dans un entretien à l’AFP, Emmanuel Macron a déclaré : « La vraie rupture, ce que je propose pour les quartiers, c’est une vraie politique de discrimination positive et de mobilité » .

Dans un excellent article du Figaro du jeudi 16 mars (pages débats), Anne-Marie Le Pourhiet, vice-présidente de l’Association française de droit constitutionnel et professeur à l’université de Rennes-I, écrit tout le mal qu’elle pense de la discrimination positive qu’Emmanuel Macron veut promouvoir et qui constitue un danger pour la paix civile en France :

« Inutile de jouer les tartuffes devant la " montée des extrêmes " lorsque, à longueur d’actes et de discours démagogiques et clientélistes, certaines élites dirigeantes ne font que semer les ferments de l’amertume sociale » conclut-elle très justement.

Je ne peux m’empêcher de croiser cette lecture avec celle du dossier de l’ineffable et bien pensant Télérama n° 3506 (semaine du 25 au 31 mars) comiquement intitulé « Pourquoi tant de haines ? » dans lequel Richard Rechtman, psychiatre, anthropologue et directeur d’études à l’EHESS déclare :

« La haine n’est pas encore au pouvoir. Pour qu’elle l’imprègne vraiment, il faudrait que des lois discriminantes soient votées, qu’un corps de magistrats les applique et que la police veille. » CQFD !

En ce qui me concerne, la première fois que j’ai entendu l’expression « discrimination positive » , je n’en ai pas cru mes oreilles. Je savais certes que les politiques ont l’art de faire dire n’importe quoi aux chiffres et aux lettres mais, désolé, pour un esprit rustique comme le mien qui s’appuie sur la clarté de la langue française, « discrimination positive » signifie tout simplement « passe-droit » ainsi que l’explique Anne-Marie Pourhiet dans le Figaro.