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10 septembre 2014

Carnet / Du verre à moitié plein ou à moitié vide

Après le deuxième concerto pour piano de Brahms, couché très tard dans la nuit de lundi soir pour profiter du clair de lune exceptionnel.

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Lundi soir chez moi sous les frênes qui perdent déjà leurs feuilles

Les murets de pierres sèches et les grands frênes  qui entourent la propriété sont visibles comme en plein jour. Les moins robustes de ces arbres qui n’ont bourgeonné que fin mai cette année ont déjà perdu leurs feuilles en cette étrange fin d’un été sans soleil. 

Les autres qui portent bien leur nom de frênes élevés s’en délestent en frôlements qui inquiètent la chatte Linette tout étonnée de me voir dehors avec elle dans son royaume de la nuit d’habitude épaisse et noire mais baignée ces temps-ci d’une clarté laiteuse. 

Cette opalescence inhabituelle est due aux lambeaux d’un immense nuage d’orage avorté qui s’effiloche dans le ciel tel un tissu élimé. Le rayonnement de la pleine lune rebondit sur le nuage qui s’éclaire alors comme la corolle d’une fleur géante ou comme une lampe de verre englobant tout le paysage en son halo. 

Plus haut et plus loin sur le flanc de la montagne dont on distingue chaque épicéa, quelques éclairs suivis de grondements assourdis envoient encore de faibles flashes dans le ciel mouvant. L’air sent la mousse et la pluie, « un régal d’herbes mouillées » dirais-je par emprunt du beau titre d’un recueil de poèmes d’Anna de Sandre (éditions Les Carnets du Dessert de Lune).  

En d’autres temps, je ne songeais qu’à savourer ces moments. Maintenant, je ne pense qu’à les écrire. 

L’éternelle histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide...

20 avril 2013

Journée sous contrôle

 

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Si ce n’est lire des poèmes de John Ashbery Frank O’Hara Ron Padgett Geoffrey Young Elaine Equi Jim Harrison et Paul Auster

Si ce n’est écouter des œuvres de Michael Tippett Benjamin Britten Aaron Copland et William Walton

Si ce n’est photographier l’ombre des ustensiles de cuisine

Si ce n’est remonter trois grosses pierres calées avec des plus petites pour colmater une brèche dans ton muret jurassien


Si ce n’est comprendre l’hésitation du forsythia

Si ce n’est conclure qu’il vaut mieux entendre un critique affirmer que les tableaux d’Edward Hopper sont mal peints plutôt que d’être sourd

Si ce n’est boire un verre de Sauvignon d’Ardèche accompagné d’un sandwich à 13h30 ainsi que le font souvent les vieux ados de cinquante ans en recherche de consolation


© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013. Droits réservés pour texte et photo.