20 avril 2013
Journée sous contrôle
Aujourd’hui d’un point de vue économique et social tu ne fais rien de ta journée
Si ce n’est lire des poèmes de John Ashbery Frank O’Hara Ron Padgett Geoffrey Young Elaine Equi Jim Harrison et Paul Auster
Si ce n’est écouter des œuvres de Michael Tippett Benjamin Britten Aaron Copland et William Walton
Si ce n’est photographier l’ombre des ustensiles de cuisine
Si ce n’est remonter trois grosses pierres calées avec des plus petites pour colmater une brèche dans ton muret jurassien
Si ce n’est comprendre l’hésitation du forsythia
Si ce n’est conclure qu’il vaut mieux entendre un critique affirmer que les tableaux d’Edward Hopper sont mal peints plutôt que d’être sourd
Si ce n’est boire un verre de Sauvignon d’Ardèche accompagné d’un sandwich à 13h30 ainsi que le font souvent les vieux ados de cinquante ans en recherche de consolation
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013. Droits réservés pour texte et photo.
01:55 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : journal, note, poésie, journée, quotidien, trivialité, ustensile, cuisine, john ashbery, frank o’hara, ron padgett, geoffrey young, elaine equi, jim harrison, paul auster, michael tippett, benjamin britten, aaron copland, william walton, forsythia, muret, mur, muret jurassien, pierres sèches, edward hopper, peinture, tableau, toile, sauvignon, ardèche, blog littéraire de christian cottet-emard
22 février 2013
Passage de l’élégie
Dans ces cités au sud des femmes le petit monde des rocailles insinuait de rues en places tous ses chuchotements à portée d’hirondelles
Vasques et platanes à la clé de ce chant
Enfin les temples les arènes avaient fini par en mourir tandis que brasillaient dans les collines les buissons noirs de souvenirs
Puis après des années d’épines une parole en flamme en l’arbre sombre de mémoire
Les derniers ciels de ce pays accompagnaient au nord l’absent
Un orage dormant par les ifs et les vignes l’avait brouillé avec son ombre en lui léguant le goût des asperges sauvages dont les saveurs ouvrent la faim
Note : toujours en hommage au peintre Gabriel Guy récemment disparu, ce texte datant de la fin des années 80 (légèrement remanié aujourd'hui) paru dans mon recueil Le Pétrin de la foudre (éditions Orage-Lagune-Express, 1992). Pour cette édition, Gabriel Guy avait encarté le tournesol reproduit ici avec un assemblage différent de deux couleurs pour chaque exemplaire de tête. Il s'agit ici de l'encartage de mon exemplaire personnel avec la dédicace de l'artiste : « Premier livre ensemble et le deuxième ? Amitiés - G. Guy » .
23:49 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, nuit, lune, croissant, café, aube, perce-neige, peinture, tableau, toile, gabriel guy, viennoiserie, arts plastiques, veyziat, oyonnax, ain, rhône-alpes, bresse, couleur, cartonnier d'aubusson, aubusson, verrier, orage-lagune-express, blog littéraire de christian cottet-emard, le grand variable, le pétrin de la foudre, interludes narratifs, le congé du buveur, tournesol
21 février 2013
Petit déjeuner au croissant de lune (avec un salut à Gabriel Guy)
L’insomniaque horloge bâilla péniblement, rêvant un jour de s’arrêter. Effleurée par la fuite de l’ombre, elle fit tressaillir un noctambule que le silence empêchait de dormir. Pressé d’être au diapason, le noctambule bouscula un hibou renfrogné auquel on sabotait quotidiennement le coucher. Son aile muette dispersa les dernières voiles du vaisseau nocturne et la lune, dépouillée du scapulaire moucheté qu’elle affectionnait, en voulut au soleil qui la rendit scarieuse comme une corolle de Perce-neige éblouie.
Saisissant l’opportunité d’un tel spectacle, le noctambule qui se trouvait être un poète trempa cérémonieusement le croissant de la lune dans son café au lait, l’aube naissante.
(Extrait de Demi-songes, 1979, épuisé.)
Vignette : Petit déjeuner avec croissant de Gabriel Guy.
Ce texte intitulé Petite scène dans son édition première, datant de 1977 ou 1978, a été publié dans mon premier recueil de poèmes, Demi-songes, sorti en 1979. Le fond est aussi léger que la forme alourdie d’adverbes mais il fut écrit voici trente-cinq ans ! À moins de vingt ans, je n'avais pas encore été présenté au peintre Gabriel Guy que je connaissais pourtant de nom. Bien plus tard, dans son atelier, j'eus plusieurs fois l'occasion de m'arrêter devant un de ses tableaux, le petit déjeuner avec croissant que je ne résiste pas au plaisir de faire cohabiter avec ce texte de jeunesse, en souvenir des moments amicaux passés avec Gabriel Guy qui vient de nous quitter. (J'ai aussi un goût prononcé « alimentairement incorrect » pour les croissants et autres viennoiseries, surtout les croissants !)
22:41 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, nuit, lune, croissant, café, aube, perce-neige, peinture, tableau, toile, gabriel guy, viennoiserie, arts plastiques, veyziat, oyonnax, ain, rhône-alpes, bresse, couleur, cartonnier d'aubusson, aubusson, verrier, orage-lagune-express, blog littéraire de christian cottet-emard, le grand variable, le pétrin de la foudre, interludes narratifs, le congé du buveur