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13 octobre 2023

Carnet / Relectures (Calvino, Lampedusa, Harrison, Tabucchi)

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J’ai vu tout récemment sur la chaîne Arte un documentaire sur Italo Calvino en espérant que ce serait pour moi l’occasion de trouver une clef pour entrer dans son œuvre car jusqu’à maintenant, je n’ai rien compris à ses livres, qu’il s’agisse du Baron perché, du Vicomte pourfendu, des Villes invisibles et de Si par une nuit d’hiver un voyageur. Le plus étrange est qu’un seul de ses ouvrages, Marcovaldo, a pourtant joué un rôle très important dans l’élaboration de certains de mes propres livres à l’époque où je n’avais pas encore résolu l’épineuse question de l’équilibre entre le fond et la forme. En cela, Marcovaldo fut pour moi un révélateur. Je l’ai donc lu plusieurs fois. 
Dans les domaines de la fiction romanesque et de l’autobiographie, les écrivains que je relis sont rares : Giuseppe Tomasi di Lampedusa (Le Guépard et les nouvelles Le Professeur et la sirène), Jim Harrison (sa poésie et ses ouvrages autobiographiques, notamment ses mémoires En marge) et Antonio Tabucchi (toute son œuvre notamment Requiem, La tête perdue de Damasceno Monteiro, Pereira prétend, y compris les essais). 
Harrison et Tabucchi ont beau ne pas vivre dans le même monde, leurs thématiques et leurs styles respectifs radicalement éloignés me sont pourtant une véritable nourriture. Je ne m’intéresse ni à la pêche ni à la chasse (Harrison) et ne partage pas les idées politiques de Tabucchi. C'est ainsi.

05 octobre 2023

Carnet / Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre *

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Plaire est agréable mais déplaire est amusant. Voilà pourquoi j’aime déclarer au milieu d’une assemblée d’adeptes du mouvement et du changement à tout prix, autrement dit de la gesticulation stérile, le mantra de notre époque, que lorsque les choses changent, c’est rarement en bien. 

Divertissez-vous en sortant ça en pleine réunion au travail (de préférence à un mois de la retraite, c’est plus prudent) et vous pourrez savourer votre effet sur tout représentant de n’importe quelle élite dirigeante qui pratique probablement le « gattopardisme » (il faut que tout change pour que rien ne change) comme monsieur Jourdain dit de la prose, sans le savoir. De toute façon, le niveau culturel de nos chefs actuels, petits ou grands, nous incite  à douter qu’ils aient lu attentivement Le Guépard (Il Gattopardo) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa et Le Bourgeois gentilhomme de Molière. 

On s’accrochait hier aussi désespérément à l’idéal de permanence qu’à celui d’impermanence aujourd’hui mais bien sûr, notre fragile condition humaine oscille entre les deux. 

Je me suis agrippé une grande partie de ma vie comme un naufragé à cette planche de salut qu’est l’obsession de la permanence, celle des propriétés, des maisons, des paysages, des êtres et que sais-je encore mais tout en acceptant de douter des certitudes qui l’accompagnent, je n’ai pas pour autant lâché prise pour me laisser emporter dans le courant de l’illusion de l’impermanence. 

Pour mon confort personnel, je m’en veux d’avoir mis très longtemps à découvrir qu’il existait une troisième voie. La lecture de Paul Verlaine en mon adolescence aurait pourtant dû m’y aider plus tôt : « Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. » Mais oui ! Comme l’eau de la source, la vague sur le sable, la rumeur de la forêt, l’aube après la nuit, la grappe de raisin, la goutte de rosée, le flocon de neige, l’aiguille du mélèze, la feuille et la fleur de l’arbre…

(Extrait de Prairie Journal 2, deuxième tome de mes carnets, coédition Club / Orage-Lagune-Express. En parution programmée sur Amazon, c'est-à-dire enregistré mais non encore disponible au public.)           

* Ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre (extrait de Mon rêve familier, Poèmes saturniens de Paul Verlaine) est aussi le titre d’un roman de Flora Groult.

Photo / Chaque goutte d’eau de la fontaine n’est ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. (Détail de la fontaine du Rossio à Lisbonne. Photo Christian Cottet-Emard).
                                              

03 octobre 2023

Carnet / À La Pesse

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Je rouspète souvent contre le Jura, en particulier quand je range mon bois, mais en réalité, je m’y sens plutôt mieux qu’ailleurs et très bien chez moi. C’est ce que je me disais encore dimanche en montant à La Pesse pour aller faire un tour au marché qui se tient en même temps que le festival Azimut. Je n’y vais évidemment pas pour la musique qu’on y entend (surtout après avoir écouté une cantate de Bach en prenant mon petit déjeuner grâce à l’émission Le Bach du dimanche sur France Musique) mais plutôt pour acheter des bouteilles de l’excellent Macvin du domaine Christophe Richard (très bon accord à mon avis avec un cigare Rey del Mundo Demi Tasse). Après la dégustation qui ouvre l’appétit, je file tout droit chez le boucher traiteur Grenard qui mérite vraiment le détour. En descendant vers mon village, peu après midi, j’ai vu une lumière inhabituelle qui enveloppait les montagnes, comme un voile très fin de brume orange. J’ai appris qu’il s’agissait des particules fines des fumées des incendies du Canada arrivées jusque dans le ciel du Haut-Jura après un passage sur le Groenland, ce qui me change des épisodes de Sirocco mais me rappelle de la même manière que je ne vis hélas pas dans un coin aussi déconnecté des problèmes du monde que je le souhaiterais. Je me souviens toutefois qu’au temps de la pandémie, je n’ai jamais été confiné puisque je peux me promener dans la campagne sans sortir de chez moi. Pour quelqu’un qui a complètement raté sa vie professionnelle, ce n’est pas si mal !