Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24 août 2015

Carnet / De la soutenable inutilité de l'être

carnet,note,autobiographie,écriture de soi,journal,blog littéraire de christian cottet-emard,prairie journal,rachmaninov,musique,littérature,poésie,arts plastiques,utilité,inutilité,écriture,christian cottet-emard,réussite,échec,bonheur,finalité,but

 À l’heure de regarder de plus en plus souvent et longuement dans le rétroviseur, on peut éprouver un indéniable vertige à constater qu’on a consacré sa vie à tenter de cultiver un seul talent dont la société n’a aujourd’hui nul besoin, un talent, l’écriture, en outre détenu et exercé avec profit ou en pure perte par un nombre incalculable d’individus.

Cela pose en plus la question de l’utilité d’une telle existence sans que, personnellement, je ne m’en tourmente outre mesure puisque je crois que la vie n’a pas pour finalité d’être utile et d’ailleurs pas de finalité du tout. Nous n’avons pas demandé à venir au monde, ce qui nous dispense à mon avis de toute obligation d’utilité, notamment dans la vie sociale. Quant à être utile au moins à nos proches et éventuellement à nos amis, le meilleur moyen d’y parvenir est de s’exercer à être à peu près heureux dans notre vie individuelle. Rien n’est en effet plus lourd à porter que le fardeau d’un parent ou d’une personne aimée amère et malheureuse. Dès l’enfance, j’ai eu cette intuition par la suite confirmée et jamais démentie.

Un jour, quelqu’un m’a demandé entre la poire et le fromage si « je ne regrettais pas de n’avoir rien fait de ma vie » (!) c’est-à-dire, dans son esprit, de n’avoir eu aucun engagement professionnel, social, politique, humanitaire ou que sais-je encore, ce qui revenait tout simplement à me déclarer les yeux dans les yeux que j’étais inutile, ce que je revendique tout à fait tranquillement. J’ai aussi ajouté, en répondant ainsi à cette personne, que ce qui me différenciait un peu d’elle et de nombreux autres individus de son espèce, c’est que j’en étais pour ma part parfaitement conscient, surtout dans mon activité littéraire.

Dans ce domaine, à mon âge et compte tenu de ma vie plutôt confortable, quitte à me rendre improbablement utile, je n’ai pas d’autre ambition que de procurer à quelques lectrices et lecteurs un agréable moment de lecture. Tout le reste n’est que (vaine) littérature.

De nos jours, il est très en vogue chez les artistes, les écrivains, les poètes, les musiciens, d’afficher une volonté de déranger le public, de le pousser dans ses limites, de l’arracher à son confort, ce que je trouve très pompeux et prétentieux. C’est au public de décider de ce qui le dérangera ou non, de s’extraire ou non de son confort, et pas aux « créateurs » (qui d’ailleurs ne créent rien du tout mais se contentent d’associer des formes et des contenus). « J’écris sur le papier la musique que j’entends en moi, et aussi naturellement que possible » disait Rachmaninov. Sur le plan littéraire, je n’ai pas d’autre but que d’essayer de procéder exactement de la même manière en espérant parfois, sans trop d’illusions, y réussir.

 

19 août 2015

Carnet / De la poésie qui va se nicher dans des petits films de rien du tout, de l’envie de changer de pays et d’un cauchemar

En rêvassant dans l’air tiède, assis devant la maison sous les nuages de la nuit, ces mots ont remonté je ne sais pourquoi de ma conscience : « Histoires vraies qui ressemblent à des contes, contes qui ont l’air d’histoires vraies, charriées par le grand fleuve... » J’ai passé plusieurs jours à me demander quelle pouvait bien être l’origine de cette réminiscence et j’ai même feuilleté des recueils de poèmes à la recherche de ces bribes. J’ai fini par trouver qu’il s’agissait de la fin du film de Carmine Gallone, Don Camillo Monseigneur

carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,Carmine Gallone,Don Camillo Monseigneur,étoile filante,nuit des étoiles,perséides,météores,suisse,italie,portugal,france,nantua,haut-bugey,rhône-alpes,abbatiale saint miche,concert,guy dangain,shoko gamo,piano,chopin,sylvain rolland,violoncelle,musique,culture,blog littéraire de christian cottet-emard,11 septembre 2001,soumission,michel houellebecq,éditions flammarion,écrivainJ’ai vu cette comédie de 1961 plusieurs fois, notamment dans mon enfance. Où ne va pas se nicher la poésie ! La cloche de l’église toute proche qui venait de sonner 23h avait peut-être libéré ce souvenir enfoui pendant que je guettais en vain, dans les trouées de nuages, les étoiles filantes.

Le souffle d’un orage lointain a dégagé une partie du ciel et j’en ai vu une en même temps qu’un faible éclair. J’ai donc fait un vœu tout en me disant que j’avais déjà le principal de ce qu’il faut pour être heureux, notamment la chance de vivre bien accompagné dans une nature tranquille où la brise d’été apporte la musique familière des cloches et des clarines, comme en Suisse toute proche de l’autre côté de la montagne. La Suisse, un des pays où je me verrais bien vivre, mais aussi en Italie et au Portugal. Évidemment, dans l’espace privé, je me sens bien en France mais c’est de moins en moins le cas dans l’espace public.

Dimanche 9 août, j’étais au deuxième concert de la seizième Académie Internationale de Musique de Nantua Pays du Haut-Bugey, le beau festival porté à bout de bras par le vaillant Guy Dangain. Comme d’habitude, la foule à l’abbatiale Saint-Michel pour écouter des musiciens de grande classe (la pianiste Shoko Gamo, le violoncelliste Sylvain Rolland dans un programme Chopin) et Guy Dangain qui appelle pourtant à l’aide parce que ce temps fort de la vie musicale est menacé. 

J’en reviens à ce que j’écrivais plus haut : comment ne pas être tenté de prendre de la distance avec un pays qui ne soutient plus ses artistes, qui n’établit plus de hiérarchie entre ce qui relève de la culture et de l’animation sous prétexte de je ne sais quel élitisme ? Oui, la vraie culture est élitiste, et c’est ce qui fait son intérêt. Qu’avons-nous à gagner au nivellement par le bas ? Rien. Dans le domaine de la culture, c’est en visant haut qu’on a le plus de chance de faire du social. Oui, la culture c’est l’élite, mais c’est une élite ouverte où chacun est bienvenu dès l’instant qu’il en ressent le désir.

Contrairement à ce qu’on persiste à croire depuis trop longtemps, ce n’est pas à la culture d’aller vers les gens, c’est à l’individu d’aller  vers elle s’il en ressent le besoin. Et qu’on ne me dise plus qu’il s’agit d’un problème financier pour le public car aujourd’hui, ce n’est plus vrai. Un exemple parmi tant d’autres : les trois grands concerts d’été à Nantua animés par Guy Dangain sont gratuits, déplacent les foules et perdent pourtant des subventions. Cherchez l’erreur...

carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,Carmine Gallone,Don Camillo Monseigneur,étoile filante,nuit des étoiles,perséides,météores,suisse,italie,portugal,france,nantua,haut-bugey,rhône-alpes,abbatiale saint miche,concert,guy dangain,shoko gamo,piano,chopin,sylvain rolland,violoncelle,musique,culture,blog littéraire de christian cottet-emard,11 septembre 2001,soumission,michel houellebecq,éditions flammarion,écrivainJe viens de terminer la lecture de Soumission de Michel Houellebecq (éd. Flammarion). Je pensais attendre la sortie de ce livre en édition de poche mais une amie me l’a offert. Je craignais aussi de me saper un moral tout juste renaissant après deux ans de grisaille intérieure en plongeant dans l’insidieux cauchemar qu’illustre cette fable politique diablement habile et cynique de l’écrivain le plus malin de sa génération. 

En plus de la morne épouvante que suscite l’évolution politico-religieuse décrite dans cette fiction, j’ai trouvé dans ce roman une illustration de plus de ce que j’ai toujours pensé : si le fascisme revenait en force, ce serait sous une forme molle, mais ce serait le fascisme quand même. Le tout est d’en être suffisamment conscient pour empêcher que cela ne se produise. 

À cet égard, je suis d’une génération qui doit revoir tous ses modes de pensée et rompre avec toute une batterie de bons sentiments certes utiles en leur temps révolu mais désormais totalement inadaptés au monde de l’après 11 septembre 2001.

 

04 août 2015

Carnet / Réac

Au rayon livres de l’Uniprix du coin, un titre qui retient mon regard : Du bonheur d’être réac de Denis Tillinac. Envie de lire ce petit livre. Je le trouverai facilement en occasion. Je n’achète les essais et les témoignages (vite périmés) qu’en occasion ou en poche mais je suis bien de l’avis de Tillinac même si je suis loin de ses amitiés politiques, être réac, quel bonheur !

réac,du bonheur d'être réac,denis tillinac,carnet,note,christian cottet-emard,prairie journal,autobiographie,écriture de soi,journal,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,essai,cigare,vin bio,tapette à mouches,ruban à glueAh les mines déconfites à l’apéritif ou pendant le dîner quand vous lâchez d’une voix calme et l’air distrait deux ou trois saillies bien réacs en plein milieu des embrasseurs d’arbres, des dormeurs en yourte, des écolos décathlon, des retraités quechua, des quinquas en crise d’ado, des islamo-gauchistes, des voisins en fête, des engagés dans la vie locale, des adorateurs du Che, des citoyens du monde, des pierrerabiens planant sur colibri, des mâchouilleurs de pain noir, des opposants au ruban à glue et à la tapette à mouches, de ceux qui ont de l’empathie pour tout le monde mais pour personne en particulier et toute l’armée des militants qui feront votre bonheur de gré ou de force...

Le nec plus ultra : leur siffler sous le nez toute la bouteille de vin bio et les finir avec un cigare bien brutal !