29 mai 2024
Retour de mon personnage, l'enseigne de vaisseau Mhorn, dans un de mes romans en cours d'écriture.
Photo Christian Cottet-Emard, Lisbonne, 2024.
Dans leur trentaine, Mhorn et le Bernois avaient aimé la même femme, une mésaventure banale qui avait failli tout aussi banalement détruire leur amitié. Lasse de cette rivalité qu’elle jugeait archaïque, machiste et petite bourgeoise, Elina avait résolu le problème en partant avec quelqu’un d’autre. L’amitié s’en était ainsi trouvée préservée mais avaient-ils gagné au change ?
Ils avaient pris leurs distances au gré de leurs activités professionnelles, le Bernois dans la brocante et Mhorn dans la marine marchande pendant quelques années durant lesquelles son caractère rugueux et son maintien un peu rigide lui avait valu le surnom ironique d’enseigne de vaisseau. Il avait beau s’être ingénié à échapper au service militaire, ce surnom l’avait poursuivi au point que la plupart de ses anciens collègues et compagnons de boisson l’appelaient toujours l’enseigne de vaisseau Mhorn quand ils parlaient de lui, et plus familièrement l’enseigne quand ils le rencontraient.
Maintenant, Mhorn repensait aux souffrances endurées à cause de cet amour raté. Ces tourments avaient atteint leur paroxysme le jour où quelques affaires douteuses lui avaient amené dans les mains son Makarov en parfait état de fonctionnement pour une arme aussi ancienne. Après l’avoir démonté, nettoyé et entretenu, il l’avait essayé en tirant sur des plaques de tôles dans une décharge sauvage. Les impacts donnaient une idée du résultat sur un corps humain et il s’était dit qu’il pourrait toujours s’en servir pour se brûler la cervelle s’il venait à souffrir encore plus mais au même instant, il eut honte de cette idée ridicule.
Curieusement, le fait de porter en permanence cette arme sur lui avait émoussé son chagrin, même si la blessure n’était pas cicatrisée, comme si au milieu d’une partie de carte lugubre où il perdait tout le temps, il avait un peu repris la main.
Photo Christian Cottet-Emard, Lisbonne, 2024.
La première apparition de l'enseigne de vaisseau Mhorn se trouve dans mon livre Le grand variable publié en feuilleton dans les n°9, 10 et 11 de la revue Salmigondis et en volume chez Éditinter en 2002 puis en réédition sous le label Orage-Lagune-Express en 2021. Il fait aussi une entrée furtive dans ma nouvelle intitulée L'auteur intégrée à mon recueil Trois figures du Malin paru en 2004 sous le même label.
Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, la nouvelle édition illustrée, revue et commentée du Grand variable est en vente au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax. Elle peut aussi être demandée à la librairie Buffet d'Oyonnax qui sera approvisionnée dans un délai de deux jours. Cette édition est en outre disponible au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax, centre culturel Aragon.
18:41 Publié dans Atelier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, chantier, écriture, fiction, enseigne de vaisseau mhorn, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard, lune de citron, preben mhorn, marius le bernois, elina, makarov, l'auteur, trois figures du malin, le grand variable, éditinter, orage-lagune-express, revue salmigondis
16 décembre 2023
Toujours disponible (et d'actualité !) : Poèmes du bois de chauffage
00:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christian cottet-emard, poèmes du bois de chauffage, orage-lagune-express, blog littéraire de christian cottet-emard, littérature, poésie, récit, poésie narrative, nature, forêt, campagne, recueil, anthologie personnelle, édition reliée, couverture rigide
22 novembre 2023
Des crocs et des ailes
Avant la Toussaint, les arbres, en particulier les frênes, restaient verts alors que ceux-là sont habituellement les premiers à entrer tout en or dans la ronde automnale. Le grand vent ne faisait danser que quelques feuilles desséchées lors de l'été caniculaire.
On peut maintenant recommencer à marcher dans la campagne en savourant l'air vif qui donne faim. L'appétit, j'en manque rarement mais je suis à chaque fois étonné de constater que pour moi, il augmente dès le début de l'automne. Les oiseaux, que je vois s'envoler à mon passage dans les sentiers forestiers, du moins ceux que l'on chasse, m'inspirent autant d'émotions poétiques que culinaires. Je les imagine alors bien rôtis dans mon assiette. Heureusement, je ne suis pas chasseur. Les poissons que je vois sauter au-dessus de la surface paisible des lacs de chez moi me rappellent de subtiles accordailles entre eux et les vins. Heureusement, je ne suis pas pêcheur. La nature qui me donne les crocs autant qu'elle donne des ailes à mon imagination, voilà qui fera un peu plus douter de mon « âme de poète » dans les divers écosystèmes où l'on en trouve. Ce n'est pas grave, j'en doute aussi.
L'art ne saurait concurrencer la perspective de notre prochain repas, a écrit Jim Harrison dans Un Sacré Gueuleton (Éd. J'ai lu). Je le vérifie chaque fois que je savoure les petits burgers entièrement cuisinés par mon neveu Valentin. La dernière fois, j'ai dû prendre garde d'en laisser sur le plateau pourtant bien garni afin que chacun de ses invités puisse constater que ce sont les meilleurs.
Extrait du deuxième tome de mes carnets (2016-2023) qui vient de paraître.
Photo : derrière ma maison. (Photo © MCCE)
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