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17 novembre 2008

Salut la lune

À pas de loup

Je déambule
Sous la lanterne
Et te reluque
Ludiquement
Toi tu luis
Comme un Louis d’or
Pâle luciole
De l’infini
Et tu lambines
Dans l’air laiteux
Luminescent
Belle allumeuse
Des noctambules
Des vers luisants
Des noctuelles
guenot3.gif
Rêveur lunaire
Sous ta tutelle
J’ai des lubies
De funambule
L’âme lointaine
Comme un vélo
Vélo véloce
Qui virevolte
Et évolue
Par les étoiles
De lunaisons
En lunaisons
Au loin hulule
Une hulotte
Qui roule un œil
Qui en dit long
La nuit se lovent
Des somnambules
Qui dissimulent
Dans les lucarnes
De la grand-ville
Les lupercales
Crépusculaires

Que voit la lune
Les soirs où flânent
Les lunatiques
Qui hallucinent
En oubliant
L’aube nubile ?

(Écrit vers 1977 ou 1978, publié en 1979 dans mon premier recueil intitulé Demi-songes. À cette époque, je m’amusais à griffonner ce genre de bluettes en écoutant les gnossiennes d’Érik Satie dans la version pour moi indépassable du pianiste Aldo Ciccolini. Allez, ce n’était qu’une minute de nostalgie...)

Dessin de Frédéric Guénot
paru dans la revue Salmigondis n°9 en illustration d’un épisode de mon Grand variable où il est aussi question de la lune. On ne se refait pas...

08 octobre 2008

Le fleuve ses berges désertes herbues une péniche qui va passer une écluse plus loin

péniche.JPG

Elle a déjà traversé bien des villes mais son vrai voyage est dans la campagne

Le fleuve est calme puisqu’il peut accueillir les péniches

Quand il devient dangereux et qu’on ne peut dompter ses colères le fleuve est abandonné à son chaos

Les péniches glissent alors sur des canaux faussent ainsi compagnie à l’ire des eaux

Que tu regardes la péniche du bord du fleuve ou du canal cela n’a pas d’importance elle glisse elle crée le paysage qu’elle frôle de sa lourde silhouette

Sans elle pas de chemin de halage pas d’écluse pas de plan incliné pas de pont tournant ou basculant pas de passerelle d’eau

Le fleuve lui-même se transforme avant son sillage

Pour mieux dire le lent cheminement de la péniche tu devrais employer des termes moins vagues te documenter sur le jargon des mariniers cela ferait plus vrai

Mais tu n’as rien à voir avec cette sorte de vérité car tu n’es qu’un passant sans autre qualité que celle de ton regard

Tes yeux se contentent de cette seule réalité qu’est la péniche sur le fleuve ou sur le canal et ton rêve en fait déjà toute une histoire

Tu étais là au moment de la péniche c’est tout et tu peux en nourrir ta pensée jusqu’à la fin de ta vie

Un jour quelque chose en rapport avec la vie quotidienne déborde

L’histoire la petite l’intime va s’écrire dans les marges le regard s’attarde sur des changements de perspective

Tout ce qui arrive reste vrai mais dans le désordre

C’est à ce moment qu’on a le plus de chance de consacrer du temps au passage de la péniche

Beaucoup plus lent un nouveau rythme s’instaure avec grâce

Devant cette angoissante et merveilleuse beauté de l’instant reconstruit il faut passer lentement si l’on veut mais sans s’arrêter trop longtemps

Ce temps étrange de la péniche tu ne sais pourquoi s’impose à toi

Il ne te serait sans doute guère utile de le savoir seule t’importe la conscience de cet étonnement

Que vient faire cet horizon fluvial dans ton rêve ?


© Éditions Orage-Lagune-Express pour la version 2008 de cet extrait.
Dessin de Frédéric Guenot.

03 octobre 2008

Le Pétrin de la foudre

guypétrin.JPGAu hasard de ma navigation sur internet, je vois parfois circuler certains de mes livres depuis longtemps épuisés. Il s'agit le plus souvent d'ouvrages à tirages limités remis en vente par des particuliers et des libraires. C'est le cas en ce moment pour mon recueil Le Pétrin de la foudre paru en 1992 dont un exemplaire de l'édition courante comportant cinq gravures originales en noir et une en quadrichromie du peintre Gabriel Guy est disponible sur la toile.
Pour les collectionneurs, je précise que les exemplaires de tête étaient au nombre de quarante comportant en plus un graphisme en couleur encarté dans chaque volume et signé Gabriel Guy.
Voici un court extrait de la deuxième section du recueil intitulée Le Congé du buveur (interludes narratifs) :

La sortie du cancre
Les menaces de la craie se précisaient sur le tableau. On écrivait en rouge dans les marges.
Le temps venait d’apprendre à dormir les yeux ouverts et à marcher dans le sommeil.
« Je t’attendrai à la sortie » promettait le premier de la classe.
Mais il ne trouvait sur son chemin que les grands platanes muets, déjà bien avant d’y perdre son latin.

Image : une des oeuvres encartées dans les exemplaires de tête. Aucune ne comporte les mêmes couleurs. Il s’agit ici de celle encartée dans mon exemplaire personnel.