09 septembre 2011
Chaque fois l'éternité
Roland Tixier, Chaque fois l’éternité, éditions Le Pont du Change, (préface de Geneviève Metge), 70 p., 12 €. Port gratuit. Juillet 2011.
Un mystère Tixier ? Je finirais par le croire. Depuis le temps, comment fait-il pour ne jamais me lasser de l’instant, de la sensation, des cinq lignes par page (je n’ose même pas écrire des cinq vers par page parce qu’il ne prend aucune posture de poète). Il faut pourtant compter Roland Tixier au registre de la poésie, même s’il ne presse pas la langue française comme un citron, même s’il ne la « déconstruit » pas, même s’il ne la tortille pas dans tous les sens. Se contente-t-il d’un sujet, d’un verbe et d’un complément ? Pas forcément. Souvent, l’énumération suffit. Moins de vingt mots et voici réunis le clair et l’obscur, l’espace et le confinement, le mouvement et l’immobilité :
La nuit
la veilleuse mauve
les vitres froides
la lumière des gares
où l’on ne s’arrête pas
Poète voyageur Roland Tixier ? Dans le temps un peu, dans l’espace pas beaucoup plus. Le temps d’un voyage d’enfance entre le bitume et le talus, le temps de glisser entre des pages un fragment d’été à la campagne au milieu du vingtième siècle, le temps d’un battement de paupières pendant lequel un monde a succédé à un autre. Comment dire ? « Chaque fois l’éternité » , évidemment.
Éditions Le Pont du Change, 161 rue paul Bert, 69003 Lyon,
Photo : Roland Tixier avant une lecture en public à la Scène Poétique à Lyon.
BON DE COMMANDE :
TIXIERBONDECOMMANDE_chaquefois.pdf
Rappel : du même auteur, chez le même éditeur : Simples choses. Article ici.
00:46 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : chaque fois l'éternité, roland tixier, éditions le pont du change, lyon, simples choses, poésie, recueil, rhône-alpes, limousin, villeurbanne, blog littéraire de christian cottet-emard, geneviève metge
04 septembre 2011
Paysage de petite montagne avec homme invisible
La route de campagne loin de la ronde des frênes autour de toi on la devine mais personne depuis le talus ne peut soupçonner ta présence assis dans ce fauteuil en résine au milieu de la dalle de ciment coulée par ton père derrière la maison
Une charpente en bois devait s’élever au-dessus de cette dalle mais ton père n’a pas eu le temps de la construire et te voilà assis sous le grand ciel d’été à l’affût de quelques bribes d’un poème ou d’un récit qui aurait peut-être un sens qui serait peut-être lu par quelqu’un et qui pourrait peut-être s’élever dans les airs comme la charpente en bois
À la pelouse plein sud avec ses éclosions de parasols rouge cerise et bleu campanule tu préfères cette dalle de ciment qui s’avance sur le grand pré au nord côté chambre parce que tu as l’illusion que personne n’aurait l’idée de venir te débusquer ici au milieu des fleurs des foins mais ce n’est pas tout à fait une illusion
Qui en effet viendrait te chercher ici où l’on ne peut soupçonner ta présence depuis le talus mais où tu peux en revanche entendre chaque mot prononcé par les promeneurs du sommet du crêt jusqu’à la route comme dans un rêve le rêve de l’homme invisible
Ah mais cela ne colle pas tu ne peux vouloir être invisible et vouloir être lu oh pourquoi pas finalement c’est comme la charpente elle est là sans être là massive et pourtant invisible elle aussi
Dire qu’il suffisait d'écrire quelques poèmes qu’il suffisait de quelques frênes finalement ce n’était pas si compliqué de devenir l’homme invisible comme tu le croyais quand tu étais petit
© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.
Photo : le crêt, derrière chez moi.
16:27 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit des lisières, éditions orage-lagune-express, christian cottet-emard, poésie, homme invisible, campagne, montagne, frêne, bois
25 août 2011
Immaturité
Qu’est-ce que le vent de l’air qui se sauve lisais-tu en ces années soixante du vingtième siècle peut-être dans ton livre Pourquoi comment
De l’air qui se sauve qui se sauve de quoi qui se sauve où pourquoi comment où va le vent
Le vent tombe meurt dans quoi tombe-t-il où meurt-il pourquoi comment te soucier du vent encore aujourd’hui quelle idée
Vidéo : la brise dans les frênes, chez moi, ces derniers jours.
14:54 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vent, air, vingtième siècle, poésie, éditions orage-lagune-express, christian cottet-emard, pourquoi comment, immaturité, frêne, arbre, feuillage