15 septembre 2017
Journées des écritures à Cluny
Je serai présent aux Journées des écritures de Cluny ce samedi 16 septembre sur le stand des éditions Le Pont du change pour signer mes livres publiés chez cet éditeur, Tu écris toujours ? (chroniques humoristiques), Dragon, ange et pou (nouvelles humoristiques) et mes deux derniers ouvrages Prairie journal (carnets) et Mariage d'automne (nouvelles).
15:24 Publié dans Agenda/Rendez-vous | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journées des écritures de cluny, salon du livre de cluny, site clunisien, christian cottet-emard, éditions le pont du change, tu écris toujours ?, dragon ange et pou, prairie journal, orage-lagune-express, mariage d'automne, éditions germes de barbarie, blog littéraire de christian cottet-emard, carnets, nouvelles, littérature
02 septembre 2017
Carnet / Des rentrées à dormir debout, de la Tour rouge, des micro-sommeils et de la tentation de Venise
Je ne suis personnellement plus concerné par toute forme de rentrée mais je dois dire que ce mot me rappelle de très mauvais moments de ma vie.
J’ai un souvenir cuisant de ma première rentrée qui sentait le pipi du hall et du couloir de l’école maternelle, ce qui m’a tout de suite, et pour le restant de mes jours, conduit à associer toute forme de vie en collectivité à l’odeur des latrines.
Le cauchemar de la rentrée, c’est aussi le travail. Les dernières années de mon passage dans la presse, mes retours de vacances me jetaient en pilote automatique dans l’agence du quotidien où je travaillais. De mon appartement de l’époque à ce bureau de radotage, je n’avais qu’un grand parc à traverser. Sa large allée centrale bien droite et bien bordée des deux côtés me permettait de marcher les yeux fermés, ce qui me donnait l’impression de gagner encore quelques minutes d’un ersatz de sommeil.
La Tour rouge, Giorgio de Chirico
La nuit, je rêvais que j’arpentais d’étranges paysages déserts, hiératiques, et je découvris un jour que l’un d’eux n’était autre, à quelques variantes près, que la Tour rouge du peintre Giorgio de Chirico.
Durant cette période, il m’arrivait à n’importe quel moment de la journée d’être saisi de micro-sommeils qui passaient la plupart du temps inaperçus à l’exception de ce jour où l’un de ces évanouissements d’à peine deux ou trois secondes se produisit face à un notable que j’interviewais. Ma tête s’abaissa lourdement, pas loin de ma tasse de café et de mon petit magnétophone Sony qui était le seul encore en état d’écouter le monsieur.
Venise, juin 2003
Le plus étonnant de ces micro-sommeils était que des fragments des rêves de la nuit parvenaient parfois à s’y faufiler, notamment des images de mes voyages à Venise où je me promenais souvent à cette époque et où la tentation de retourner sans cesse me hantait.
Les micro-sommeils traversés de peintures métaphysiques et de paysages vénitiens survenant bientôt au contact de personnes un peu plus nombreuses, j’en parlai à mon médecin, une jeune femme au diagnostic réputé excellent. Vous êtes en parfaite santé, me dit-elle, mais votre problème est que vous voyez trop d’emmerdeurs et de fâcheux.
01:48 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rentrée scolaire, rentrée professionnelle, classe de maternelle, école maternelle, travail, emploi, job, boulot, turbin, parc, tour rouge, giorgio de chirico, peinture métaphysique, blog littéraire de christian cottet-emard, sommeil, micro-sommeil, évanouissement, magnétophone sony, médecin, diagnostic, venise, italie, fâcheux, emmerdeurs, bonne santé, christian cottet-emard, note, souvenir, billets d'humeur, chroniques, voyage, rêves, rêves diurnes, rêves nocturnes
26 août 2017
Carnet / De l’inconvénient de mourir pour un écrivain
Pour beaucoup de gens mourir est ennuyeux mais pour les écrivains, l’un des inconvénients supplémentaires est la récupération. Rien de plus facile que de sortir de son contexte une phrase, une affirmation ou une idée d’autant que l’écrivain n’est plus là pour apporter contradiction ou démenti. Seule demeure son œuvre pour le défendre, à condition qu’elle soit bien lue par un lectorat honnête. Tout récemment sur le réseau social, en conversation privée, quelqu’un m’a fait part de son étonnement à la lecture de mes éloges à propos d’Antonio Tabucchi. Cette personne se place évidemment sur le terrain politique et je comprends sa perplexité.
Antonio Tabucchi, hélas décédé en 2012 à soixante-neuf ans, est un intellectuel de gauche très représentatif des années soixante-dix et quatre-vingt du vingtième siècle. Je ne partage pas beaucoup de ses opinions politiques, surtout dans les temps que nous connaissons, mais cela ne m’empêche pas de le considérer comme un très grand écrivain d’un point de vue strictement littéraire et cela suffit à mon bonheur de le lire.
Je crois que c’est Borges qui disait que les opinions politiques individuelles d’un écrivain n’avaient guère d’intérêt, ce que je pense moi aussi. Par exemple, s’il m’est arrivé de citer Tabucchi à propos des Lusiades de Camões, ce n’est pas du tout pour étayer ma lecture personnelle de l’épopée nationale portugaise, ce à quoi je me garderais bien de me hasarder.
J’ai lu une grande partie de l’œuvre publié de Tabucchi et, dans les années quatre-vingt-dix, j’ai été très impressionné par son livre Pereira prétend, roman éminemment politique mais surtout, à mes yeux, ouvrage d’une rare virtuosité narrative. Le message politique ne m’a certes pas échappé mais il est pour moi resté au second plan. Ce qui m’a retenu est essentiellement l’atmosphère du roman, le cadre, Lisbonne, le style, la composition, la narration, l’intégration des dialogues dans le corps du récit sans guillemets ni tirets.
Quant au personnage principal, ce Pereira qui prétend, ce n’est pas son évolution politique qui m’a le plus intéressé mais sa nature, ses habitudes, son cadre de vie, ses sentiments, sa mélancolie, sa manière d’être au monde, de se déplacer, de bouger, de se nourrir, de vivoter.
Comment un écrivain est-il compris ou espère-t-il l’être par le lecteur ? Vaste question. Peut-être Antonio Tabucchi serait-il très mécontent de ma lecture apolitique de son Pereira prétend, c’est même fort probable...
01:17 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, billet, journal, opinion, autobiographie, littérature, blog littéraire de christian cottet-emard, tabucchi, pereira prétend, camões, lusiades, borges, politique, lecture, apolitique, christian cottet-emard, réception de l'œuvre littéraire