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25 juillet 2019

Carnet / Objectif point final

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Vous êtes jeune et vous portez un livre. Vous vous demandez ce qui vous arrive.

Essayez de ne pas trop penser à vos lecteurs car eux ne pensent pas à vous. Quand ils vous lisent, ils pensent à eux et non à vous. C’est normal.

Ne pensez qu’à votre livre en cours, c’est pour cela que vous êtes sur Terre. Le reste vous enquiquine, l’engagement, la politique, le bénévolat, l’économie, le sport, toutes ces salades. Ne pensez qu’à votre livre.

S’il n’a pas de lecteurs ou très peu, ce n’est pas grave. S’il n’a pas d’éditeur, c’est peut-être bon signe. De toute façon, il existe des machines qui peuvent le fabriquer en petites quantités, à la demande. Même s’il n’y a que dix demandes, c’est fabuleux.

Ne pensez pas au succès et à la reconnaissance sociale, ces sucreries qui sont des poisons lents pour vous et votre livre. Méfiez-vous des sorties entre potes, votre livre en souffre. Ne cherchez pas à être aimé ou compris pour votre livre, c’est déjà bien assez compliqué en amour et en amitié, laissez votre livre en dehors de tout cela.

Votre livre est sinueux, pas vous. Votre livre c’est comme le tram, ne le laissez pas partir sans vous. Rêvassez, flemmardez et glandez tant que vous voulez mais dès qu’il s’agit de votre livre, ne soyez pas sociable c’est-à-dire distrait, partez direct en ligne droite jusqu’à la fin.

Votre but est un signe de ponctuation : le point final.

 

 

20 mai 2019

Carnet / Retour sur texte

carnet,note,journal,atelier,réécriture,poèmes,poésie,littérature,recueils,plaquettes,éditions limitées,blog littéraire de christian cottet-emard,édition,volume,christian cottet-emard,chantier,liberté,publication,retour sur texteC’est à un bien curieux travail que je me livre actuellement : regrouper en une seule édition la plupart des brefs recueils de poèmes publiés de manière confidentielle entre 1992 et 2004. J'ai longtemps hésité à réunir ces ouvrages en un volume aussi longtemps après leur première publication.

Le principal problème d'une telle entreprise est de savoir s'il faut corriger voire réécrire ou tout laisser en l'état d'origine. J'ai choisi la première option car la plupart de ces textes ont été écrits dans une période de ma vie empoisonnée par les servitudes professionnelles et marquée par des difficultés, de l’incertitude et une exaltation parfois préjudiciable à la précision de la forme. Je ne pense pas que les modifications apportées et la suppression de quelques textes nuisent à l'expression de l'élan vital qui s'exprime dans ces différents ensembles.

La reprise de chaque recueil revu et corrigé s’organise en sections dont chacune est introduite par une petite préface. Le volume comporte une annexe composée de notes succinctes, de quelques poèmes traduits et éventuellement de variantes. Il ne s’agit pas de renier ce que j’ai écrit et publié lors de cette période mais d’élaguer et d’ordonner ce qui partait parfois en herbes folles.

Le chantier est bien sûr plus compliqué que prévu mais dans les moments où je doute de son intérêt, je me rappelle la chance que j’ai de pouvoir me consacrer à une entreprise que personne n’attend et qui n’a pas d’obligation de résultat, un luxe et un privilège constitutifs de mon rapport au monde pour moi qui ne croit pas à la liberté mais seulement aux libertés.

Image : un de mes manuscrits.

 

26 avril 2019

Carnet / Édition : des sujets qui fâchent

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Si je peux facilement comprendre les griefs des libraires à l’encontre d’Amazon, j’ai un peu plus de mal avec l’hostilité affichée des éditeurs envers ce spécialiste de l’auto-édition.

J’entends toujours les éditeurs (petits et grands) se plaindre d’être ensevelis sous des piles de manuscrits non sollicités qu’ils reçoivent par la poste.

Ne devraient-ils pas plutôt se réjouir d’être progressivement délestés de tous ces textes indésirables dont une grande part peut désormais converger vers les plateformes d’auto-édition telles qu’Amazon ?

En outre, je me demande bien en quoi les relations entre écrivains et éditeurs travaillant dans le circuit classique de l’édition peuvent être compromises par la possibilité offerte à des auteurs qu’ils ne publieront jamais de s’éditer eux-mêmes.

Le patron de la librairie Ombre blanches emploie le mot autorité, certes plus noble, mais c’est en réalité de pouvoir qu’il s’agit. Ce que je lis dans cette hostilité générale envers l’auto-édition relève à mon avis de l’angoisse de la perte d’un pouvoir demeuré longtemps sans partage.

Pour qui s’intéresse à ces questions, je renvoie à un article que j’ai publié dans le troisième numéro de la revue Instinct nomade consacré à l’écrivain Joseph Delteil et sur ce blog ici et .

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