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31 janvier 2012

Estime-toi heureux

Estime-toi heureux

De ne pas manger des limaces et des insectes

D’être

D’être ailleurs

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De n’être pas idiot

De n’être pas génial

D’avoir

D’avoir eu

D’avoir été

De ne pas avoir la chair de poule

De ne pas avoir l’air d’avoir l’air

De vivre

De ne pas vivre trois jours

De ne pas vivre trois millions d’années

De voir

De voir ton ombre

De n’être pas vu par ton ombre

D’aimer

D’aimer les crocus

De ne pas aimer tout aimer

De t’estimer

De ne pas t’estimer à combien

De ne pas en être arrivé là

D’en être arrivé là

De pouvoir

De pouvoir t’estimer

De t’estimer pouvoir

De pouvoir t’estimer heureux

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.

12 novembre 2011

La lune du matin

lune,matin,poésie,récit,frêne,éditions orage-lagune-express,droits réservés,blog littéraire de christian cottet-emard,récits des lisières,lune dans les frênesCe matin tu rentres chez toi hagard tu vois la lune dans les frênes

La lune du matin couleur de pamplemousse un peu fait

Tu entres dans la maison chercher le petit appareil photo et tu ressors photographier cette lune dans les branches

Rien n’y fait ni la fatigue ni l’idée fixe du sommeil ni ta caractéristique déprime des petites heures il te faut photographier cette lune d’aube qui fait peut-être signe pourquoi pas

Après tu files te coucher comme une brute et tu dors comme une brute jusqu’à midi

Il n’existe aucune raison sérieuse de se priver de cette expérience rentrer chez soi hagard le matin photographier la lune dans les frênes se jeter sur le lit et dormir comme une brute

© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.

La lune dans les frênes à l'aube, près de la maison (photo Christian Cottet-Emard).

25 octobre 2011

Les ennemis du poète

poète,ennemi,corps,ville,récitLa plupart des ennemis du poète sont de passage

Ils font carrière et sont contraints de subsister un certain temps dans cette petite ville qu’ils veulent faire changer comme ils veulent te faire changer toi aussi

Naturellement ils se cassent vite les dents à cette tâche et repartent un beau jour un très beau jour lassés et furieux non sans avoir cependant provoqué quelques dégâts ce qui est la définition même de l’ennemi

De leur défaite et des dégâts qu’ils ont causés ils conçoivent une nostalgie et les voici sans cesse revenant dans cette ville qu’ils ont voulu changer mais qui les a changés

Et toi toujours pareil à toi-même comme cette ville est toujours pareille à elle-même il t’arrive parfois de les apercevoir au détour d’une rue ombreuse et déserte du dimanche soir

Et tu t’arrêtes un instant pour les voir passer comme on s’assoit au bord du fleuve à regarder glisser bercés par l’onde les corps des ennemis du poète

© Éditions Orage-Lagune-Express 2011. Droits réservés.

Image : Jacki Maréchal