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25 avril 2019

Jean-Jacques Nuel, Une saison avec Dieu, éditions Le Pont du Change, 2019. 130 p. 14 €.

Une formidable évocation de l'univers citadin des années 70 à travers le prisme d'un étudiant en lettres qui voit arriver dans son humble et précaire logement le plus improbable des colocataires.

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Lyon, hiver 1973, trois mois à priori peu propices aux miracles pour un étudiant en lettres évoluant entre la faculté, sa piaule rue de l’Épée, les cinémas sans confort et les cafés embrumés au tabac brun.

C’est au dernier étage de l’immeuble que se présente sur le palier un colocataire certes humble d’apparence mais bienvenu pour le partage du loyer. Débute une harmonieuse cohabitation. Ce serait bien le minimum car, je vous le donne en mille, ce colocataire c’est... Oui, c’est bien Lui ! Et n’allons pas dire que le narrateur a fumé la moquette car on n’en trouve pas souvent dans une cambuse d’étudiant en 1973.     

Qui est Dieu ? Personne ne peut le savoir, donc pas la peine de se poser la question estiment les agnostiques. Mais l’auteur n’entre pas dans ces considérations, il écrit cette drôle d’histoire sur un registre bien plus surprenant. Où l’on aurait pu s’attendre à un énième Dieu existe, je l’ai rencontré, un écrivain tel que Jean-Jacques Nuel ne pouvait que frapper beaucoup plus fort : Dieu existe, j’ai été son colocataire ! Un sens de la formule qu’on retrouve évidemment concentré dans son recueil d’aphorismes Journal d’un mégalo paru aux éditions Cactus inébranlable.

Aucune trace de mégalomanie dans Une saison avec Dieu. Dosant subtilement un humour léger, une touche d’autobiographie et une spiritualité plus profonde qu’il n’y paraît, Jean-Jacques Nuel préfère évoquer non pas la nature du divin mais sa manière de se manifester avec indulgence, bienveillance et, il faut bien le dire, un certain détachement contemplatif dans le quotidien pâlot ou tourmenté d’un humain comme vous et moi. 

Et le narrateur de constater à propos de son colocataire en principe Tout Puissant mais surtout amical et toujours prompt à rendre service : Je pouvais compter sur Dieu. Franchement, si tout le monde était comme lui, la vie sur terre deviendrait un vrai paradis. (!)   

Ne fuyez pas, lecteurs et lectrices rétifs à la dévotion ! Ce n’est pas du tout le sujet de ce récit parfois mélancolique, parfois ironique et cinglant, souvent poétique, mais où chaque mot est toujours pesé, notamment lorsqu’il s’agit de décocher quelques belles flèches à l’enseignement des lettres à l’université sous l’emprise des théories à la mode de l’époque.   

Lu sur manuscrit et relu dès sa parution, Une saison avec Dieu est à mon avis le meilleur récit paru cette année. Un vrai tour de force d’équilibriste consistant à faire tenir debout une histoire énorme avec une économie de moyens qui est la marque de fabrique de Jean-Jacques Nuel à propos de qui je ne peux résister au plaisir de préciser qu'il est né à l'Hôtel-Dieu !

Ce livre est aussi une pépite pour les lyonnais qui aiment leur ville et pour ceux qui l'ont connue à l’aube de ses grandes transformations pour le meilleur et pour le pire car on y lit en filigrane une méditation poétique sur le temps : Entre le présent et le passé s’intercale une sorte de vitre trouble et couverte de poussière.

Et Dieu dans tout ça ? Serge Gainsbourg le chantait en fumeur de havanes, Jean-Jacques Nuel l'évoque en fumeur de Gitanes. Pour vous faire votre idée, lisez Une saison avec Dieu !

 

14 mars 2019

De l'efficacité des couvertures « papier cadeau » !

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16 novembre 2018

La postface de mon recueil Poèmes du bois de chauffage

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Les titres de ces quatre suites et de ce grand poème étrangement réunis en un volume témoignent d’une faible confiance en la poésie et, d’ailleurs, en quoi que ce soit. J’en veux pour preuve la notule dans laquelle il prend le contrepied d’André Breton, un poète qu’il admire mais qu’il n’aurait pas forcément aimé rencontrer : Il y a un message au lieu d’un lézard sous chaque pierre (extrait d’Épervier incassable dans Clair de terre). On trouvera donc plus le lézard que le message sous les pierres dans cette poésie qui n’en est pas vraiment une si l’on en croit l’homme décalé, ni campagnard ni citadin, certes disponible aux signes du monde parfois lisibles dans les lignes du bois mais distant vis-à-vis de toute idéalisation de la nature. Ainsi, le narrateur des Poèmes du bois de chauffage n’est-il pas en quête d’une expérience spirituelle de la nature qui constitue pourtant le cadre intime de sa vie quotidienne.
 
Il en va de même dans l’environnement souvent moins rustique et plus urbain de La vie au bord, un ensemble qui devait à l’origine s’intituler Flash code, titre auquel l’auteur a renoncé pour le réserver à une autre série en voie de publication. La ligne narrative de La vie au bord diffère peu de celle des Poèmes du bois de chauffage. Thématique restreinte, expression volontairement relâchée voire revendication d’une certaine trivialité mais nul excès de noirceur dans ces paysages à peine ébauchés tels des croquis dans un carnet virtuel où glissent parfois des silhouettes furtives et silencieuses. Bien qu’en marge de tout groupement et de toute chapelle, C C-E se reconnaît tout de même en matière d’écriture apparentée à la poésie dans la tendance au retour à la narration en ce début du 21ème siècle. Il est donc logique de trouver des personnages dans ses poèmes.
 
Paysage / Évasion se veut autant narratif que les deux ensembles précédents mais s’en éloigne par son ton plus grave et son rythme plus ample accordé à celui de la marche du narrateur. L’emploi de la deuxième personne du singulier n’est pas une figure de style mais plutôt une allusion ironique à l’habitude de parler tout seul lorsqu’on est isolé et mélancolique.
 
On retrouve ce mode de narration à la deuxième personne dans La lune du matin. Le sous-titre et autres récits de l'homme invisible exprime le paradoxe de l'individu occidental tiraillé entre le désir de reconnaissance et l'aspiration à l'anonymat.
 
Au moment de conclure, je m’aperçois que j’ai adopté un ton un peu trop sérieux pour évoquer ces quatre ouvrages alors que leur auteur est le premier à les considérer comme des fantaisies mineures en raison, de son propre aveu, de leur composition aléatoire et paresseuse.
 
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Preben Mhorn