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26 novembre 2019

Carnet vénitien

Je voulais parler ce soir de Peggy Guggenheim après avoir vu à la télévision un documentaire consacré à cette femme que j'admire. En effectuant sur internet quelques recherches complémentaires à son sujet, je suis tombé sur un très ancien billet de mon blog que je remets donc en ligne avant de donner dans les prochains jours un texte récent évoquant cette personnalité d'exception.  

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Pages d'un de mes anciens carnets


Je vais encore m'attirer des ennemis parmi les connaisseurs. Mais c'est chez moi une seconde nature et, il me faut l'avouer, un plaisir délicat.

Eh bien oui, dans la débauche des palais qui, au temps de leur splendeur, se disputèrent le luxe et la hauteur le long du grand canal, deux ont ma préférence : l'Aldramin et le Venier dei Leoni. (J'entends déjà grincer quelques dentiers).

Ma première visite au palazzo Venier dei Leoni qui abrite depuis 1949 au 701 Dorsoduro la collection de Peggy Guggenheim, fut dédiée, n'en déplaise aux empêcheurs d'admirer en rond, au peintre Giorgio de Chirico. Mon cœur battait un peu plus vite en franchissant le délirant portail d'entrée signé en 1961 par Claire Falkenstein car j'allais m'approcher « pour de vrai » de trois tableaux où quelques-uns de mes songes d'adolescent les plus tenaces ont élu domicile depuis ma rencontre avec l'oeuvre de Chirico : Le rêve du poète nommé aussi La nostalgie du poète sur certaines reproductions (huile et fusain sur toile, 89,5 x 40,5 cm), La tour rouge (huile sur toile, 73,5 x 100,5 cm) et L'après-midi délicat (huile sur toile, 65 x 58 cm).

Ce que quelqu'un ressent devant un tableau reste un secret. Je ne parle pas des études critiques très pertinentes et très sérieuses qui sont publiées ici et là mais de cet instant qui naît, qui s'évanouit ou qui se perpétue par la seule grâce de la rencontre entre la toile et le regard. Cet instant est pour moi l'or du temps (Je cherche l’or du temps, écrivait André Breton) et j'en dois bien quelques pépites à ce palais inachevé que les vénitiens appellent il palazzo non compiuto. Ces connaisseurs, dont je me plais ici à défier le bon goût, estiment que l'inachèvement des travaux du palais Venier (commencé en 1749) est une chance si l'on se réfère à l'unique réalisation vénitienne de son architecte, Lorenzo Boschetti, l'église San Barnaba à la façade jugée « lourdement classique » . Querelles de puristes, sans doute les mêmes qui se considèrent comme suffisamment compétents pour décider à votre place de ce que vous devez aimer ou dédaigner...

« Et en plus vous aimez Chirico ! » Certes, et je me souviens non sans délectation d'une interview retransmise à la télévision dans le cadre d'un programme intitulé Archives du vingtième siècle. Le vieux peintre, un rien distant et pince-sans-rire, s'ingéniait avec malice à répondre à côté des questions qui tombaient en rafales pour tenter de pallier son laconisme. De temps en temps, son regard ébauchait un sourire à la fois confus et goguenard qui cherchait à se dérober au malaise mêlé d'enfantine vanité que suscitent presque toujours caméras et projecteurs. Peut-on sérieusement penser que de tels appareillages puissent prétendre débusquer, dans leur aveuglante lumière, l'obscurité du geste créateur ? En revanche, plus que la qualité et la précision des questions, plus que l'image du peintre sur le qui-vive, c'était bien le décalage entre lui et son interlocuteur qui révélait en filigrane l'intérêt du documentaire : les tentatives de fuite de l'artiste.

Et le mystérieux palazzo Aldramin dans tout cela ? Le plan de Venise le plus précis ne vous sera d'aucun secours pour le trouver. Ouvrez plutôt La vie vénitienne du cher vieil Henri de Régnier (Mercure de France) qui avoue avoir inventé cette demeure tout entière dédiée à la cause romanesque dans un livre au titre redoutable : La peur de l'amour !

Un palais vénitien inachevé, un autre qui n'existe pas, un peintre et un écrivain passés de mode, serais-je perdu pour l'art et le bon goût ? Si l'on me pose ainsi la question, je l'espère bien.

© Orage-Lagune-Express, 2006. Tous droits réservés.

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À Venise, en juin 2003.

22 novembre 2019

Alliés substantiels

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Le vieux Leos Janacek fait ses yeux d’enfant.

Sir Edward Elgar n’a fermé que le premier bouton de sa veste pour éviter les faux plis.

André Breton a su s’attirer les bonnes grâces des ombres.

Nicolaï Rimski-Korsakov se barbe devant l’objectif.

Aaron Copland esquisse un sourire penché.

Igor Stravinsky et Benny Goodman éclatent de rire.

Heitor Villa-Lobos fume comme « le petit train du paysan brésilien ».

Michel Simon avec la perruche Lolita sur son épaule se fait remonter les bretelles par « la très jalouse Léontine » (mainate).

Federico Fellini crie « moteur ! » sous son chapeau de paille.

Le vieux treillis de René Char fait de la résistance.

Gustav Mahler a un pétard dans le cheveux.

 

 

21 novembre 2019

Poésie / Deuxième festival Bâton de parole à Malakoff

« La poésie comme résistance intérieure »

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Le second festival de poésie Bâton de parole aura lieu à la salle polyvalente de la Maison de la Vie Associative (MVA) 26 rue Victor Hugo 922410 Malakoff dans le centre-ville.
Ligne 13 Station Malakoff-Plateau de Vanves

Le festival sera sous le signe de :

« La poésie comme résistance intérieure »

  • Vendredi 22 novembre 2019 (19h00-22h00)
    Coup de chapeau à Marina Tsvetaeva avec un documentaire inédit de témoignages et un tour de chant de Lessya Lessya Tyshkovska sur des poèmes de cette grande poète russe.
  • Samedi 23 novembre 2019 (14h00-22h00)
    Coup de chapeau à Marina Tsvetaeva avec documents biographiques et mise en musique de ses poèmes avec Lessya Lessya Tyshkovska et Florent Delporte + des interventions autour des poètes Arséni Tarkovski, Guillevic, Hermann Hesse et René Char + d’autres surprises et artistes exposants.

À noter : la soirée du vendredi 22 novembre sera entièrement consacrée à l’œuvre de Marina Tsvetaeva, le coup de chapeau se prolonge le samedi 23 novembre.
Cette grande poète russe a en effet résidé à Vanves, Meudon et Paris, elle y a trouvé certaines joies et réconfort avant son retour en Union Soviétique en 1941.

Programme :

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