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06 juillet 2012

En relisant ce livre,

jorge luis borges,ernesto sabato,écrivains,orlando barone,conversations à buenos aires,éditions 10/18,éditions du rocher,anatolia,molière,collège,lycée,enseignement,culture,littérature,quichotte,cervantès,divine comédie,dante,blog littéraire,christian cottet-emardje tombe sur ce passage qui me rappelle mes années de collège et de lycée au cours desquelles j’ai été dégoûté de Molière qu’on nous faisait lamentablement ânonner en cours ou apprendre par cœur. Comme il m’aurait été agréable, à l’époque, de connaître ces conversations entre les deux écrivains enregistrées par Orlando Barone et d'en opposer cet extrait à l’exercice stupide et destructeur qu’on nous imposait :

« Pendant un moment, tous deux (Borges et Sabato) évoquent avec ferveur des aspects de cette œuvre unique (Quichotte) et je pense — je le dis tout à coup à voix haute — qu’il est dommage qu’on nous ait obligés à la lire au collège, quand nous étions incapables de l’apprécier. Borges reconnaît que c’est une erreur, la même que celle qu’on commet avec La Divine Comédie en Italie. Et Sabato affirme qu’il faudrait enseigner la littérature en sens inverse, en commençant par les contemporains, qui sont plus proches du langage, des problèmes des jeunes, pour terminer par les classiques. »


(Extrait de : Jorge Luis Borges, Ernesto Sabato, Conversations à Buenos Aires, animées par Orlando Barone, éditions 10/18.)

02 juillet 2012

Carnet : de la vraisemblance et de la vérité

carnet,vérité,vraisemblance,roman,littérature,fiction,le grand variable,christian cottet-emard,narration,invisible,paul auster,romancier,écritureLe romancier navigue entre vérité et vraisemblance mais bien sûr, très souvent, la vérité est au-delà de la vraisemblance. Quant à vouloir rendre vraisemblable la vérité, c’est prendre un gros risque de s’en éloigner.

Telle est en substance la réponse que je donne aux personnes qui me demandent pourquoi, dans mes ouvrages de fiction, je privilégie fréquemment la narration en fragments peu voire pas du tout reliés les uns aux autres et par le fait, suspectés d’enlever de la vraisemblance à l’ensemble. Mais lorsque nous considérons notre vie, nous constatons qu’elle se structure plus volontiers en une accumulation d’épisodes fragmentés avec accélérations et ralentissements, sans véritable début ni fin, plutôt qu’en un développement progressif et logique en attente d’un épilogue amenant la résolution de tout ce qui s’est mis en place depuis le début. Toute la littérature fondée sur ce deuxième postulat m’apparaît comme le comble de l’artifice alors que la construction en fragments est vécue comme plus artificielle encore par les lecteurs. Cette question m’en rappelle une autre, récurrente, qui n’est finalement qu’une variation de la première et qui porte sur ma réticence à me lancer dans un bon gros roman avec intrigue bien ficelée plaquée sur fond de fresque sociale ou historique : toujours ce problème de vérité et de vraisemblance.

En écrivant mon Grand Variable, j’ai pu laisser croire que j’avais sacrifié toute vraisemblance au profit d’une forme de vérité. Comme je m’attendais à ce reproche qui m’a été formulé de diverses manières, j’avais pris soin d’indiquer en quatrième de couverture que le livre mêlait fiction romanesque et narration onirique, ce qui n’a pas suffi à faire comprendre mon point de vue aux inconditionnels des genres littéraires dûment étiquetés Roman, Nouvelle, Récit, Poésie, autant d’ingrédients qui composent, à mon avis, le Grand Variable. Cela ne m’a guère surpris, excepté de la part d’un lecteur aussi avisé que l’éditeur Maurice Nadeau qui, dans la lettre argumentée de refus de publication qu’il m’a adressée après étude du manuscrit, déplorait « le manque d’épaisseur » de mes personnages. Heureusement pour moi, j’ai trouvé un éditeur qui n’était pas du même avis !  Il n’empêche que cet épisode nourrit encore mes réflexions sur la vérité et la vraisemblance dans le roman. Par exemple, comment définir « l’épaisseur » d’un personnage ? Cette épaisseur est-elle souhaitable, obligatoire ? En quoi se manifeste-t-elle ? Par des descriptions détaillées, minutieuses, de son physique, de ses vêtements, de ses mouvements ? Je ne trouve quant à moi utile de donner ces informations que lorsqu’elles font vraiment sens. Dans le cas contraire, je pense qu’elles ne servent qu’à étirer le texte et à perpétuer le cliché selon lequel la narration doit se vautrer pour donner un vrai roman. Trois lignes pour décomposer le mouvement de la main qui saisit la tasse de café avant de la porter à la bouche, deux autres pour renseigner sur la force du café et une pour décrire le retour de la tasse sur la soucoupe avec, tant qu’on y est, une précision sur l’intensité du choc entre la tasse et la soucoupe, franchement, je préfère laisser ça, aussi bien en tant qu’auteur qu’en tant que lecteur, au Nouveau Roman, à Donna Leon ou à Paul Auster.

L’exemple de Paul Auster, romancier bavard par excellence, je voulais justement y venir à propos de ma réflexion sur la vérité et la vraisemblance dans le roman. Il se trouve que pour la première fois après de nombreuses tentatives, je viens de réussir à lire en entier un roman de Paul Auster. Il s’agit d’Invisible qui compte dans l’édition de poche Babel chez Acte Sud 290 pages bien tassées en petits caractères, probablement du corps 10, un tour de force car une nouvelle suffirait au déploiement de l’intrigue. Mais ce serait oublier le métier de Paul Auster qui multiplie les angles, les points de vue, les variations et les récits gigognes dont il use et souvent abuse dans son œuvre romanesque et en particulier dans Invisible. Dans ce roman, l’exploitation extrême d’une intrigue rudimentaire (un personnage fait une mauvaise rencontre, vit une péripétie consécutive à cette mauvaise rencontre et se retrouve trente ans après ayant construit sa vie sur ces deux épisodes) confine à l’exercice de style, ce qui ruine toute vraisemblance mais n’en permet pas moins au lecteur d’accéder à certaines vérités.

01 juillet 2012

L’organiste argentin Diego Innocenzi à Nantua

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ABBATIALE SAINT-MICHEL, NANTUA
Dimanche 8 Juillet 2012 – 17h30

Les Amis de l’orgue et la paroisse Saint-Michel de Nantua vous convient à un concert exceptionnel qui sera donné le dimanche 8 juillet 2012 à 17h30 en l’abbatiale Saint Michel de Nantua par l’organiste argentin Diego INNOCENZI établi à Genève où il est titulaire des orgues des paroisses protestantes de Cologny Vandoeuvres-Choulex, du temple de Saint-Gervais et de l’orgue Van den Heuvel du Victoria-Hall de Genève. Il a commencé ses études musicales en Argentine pour les poursuivre à Genève avec Lionel Rogg et à Paris où il obtient un premier prix de virtuosité auprès de Marie-Claire Alain. Il entre ensuite dans la classe de direction chorale de Michel Corboz au Conservatoire de Musique de Genève où il obtient le diplôme de chef de choeur.
Son répertoire de prédilection est celui des 19ème et 20ème siècle, notamment César Franck dont il a enregistré l’oeuvre d’orgue et des motets avec les solistes de Lyon dirigés par Bernard Tétu. Il est par ailleurs organisateur de concerts notamment à Genève.
Sur l’orgue Lété de 1845 de l’abbatiale Saint-Michel de Nantua spécialement adapté au répertoire du 19ème siècle, Diego Innocenzi a choisi de nous jouer des compositions ou transcriptions d’Ambroise Thomas, Renaud de Vilbac, Frédéric Chopin (Marche funèbre), Jacques-Louis Battmann, Edouard Batiste et Ludwig van Beethoven (Symphonies).
Nul doute qu’un tel programme devrait attirer un public nombreux intéressé par un répertoire sorti des sentiers battus et tout à fait adapté à l’acoustique et à la dignité de l’église abbatiale Saint-Michel, un fief clunisien parmi les plus réputés de la région.

Tarif: 12€, 10€ pour les adhérents à l’association des Amis de l’orgue de Nantua, gratuit pour les moins de 16 ans.

Photo : Diego Innocenzi (photo © C. Renaud)