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15 octobre 2008

L’apothéose du potiron

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Citrouilles, courges, courgettes, giraumonts, potirons et coloquintes ne nous fascinent pas seulement parce que nous les utilisons pour apostropher nos semblables. Leur rôle d’acteur vedette dans notre langage usuel comme dans nos contes de fées confirme ces cucurbitacées dans l’attrait mythique que nous leur vouons. Ainsi l’automne voit-il se disputer, dans l’ocre des villages, de fastueux concours de courges où l’on peut même se classer champion hors catégories en se contentant d’arriver les mains vides. Blague à part, il faut pourtant se rendre à l’évidence : la contemplation de ces chefs-d’œuvre du règne végétal, un matin de soleil dans le jardin, n’est plus à la portée de tous. Comment ne pas s’écœurer d’injustice en sachant que certains gosses, nés au milieu du béton, accèdent parfois à « l’âge de raison » sans avoir assisté au triomphe, à l’apothéose d’un potiron au milieu d’un carré de choux ? La fée n’a pourtant pas choisi ce fruit par hasard pour dépanner Cendrillon qui avait besoin d’un carrosse !

(Texte paru il y a longtemps dans la revue Germes de barbarie n°7 dirigée par Bernard Deson)

12 octobre 2008

Crise financière...

... À force de vendre du vent, on finit par récolter la tempête.

08 octobre 2008

Le fleuve ses berges désertes herbues une péniche qui va passer une écluse plus loin

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Elle a déjà traversé bien des villes mais son vrai voyage est dans la campagne

Le fleuve est calme puisqu’il peut accueillir les péniches

Quand il devient dangereux et qu’on ne peut dompter ses colères le fleuve est abandonné à son chaos

Les péniches glissent alors sur des canaux faussent ainsi compagnie à l’ire des eaux

Que tu regardes la péniche du bord du fleuve ou du canal cela n’a pas d’importance elle glisse elle crée le paysage qu’elle frôle de sa lourde silhouette

Sans elle pas de chemin de halage pas d’écluse pas de plan incliné pas de pont tournant ou basculant pas de passerelle d’eau

Le fleuve lui-même se transforme avant son sillage

Pour mieux dire le lent cheminement de la péniche tu devrais employer des termes moins vagues te documenter sur le jargon des mariniers cela ferait plus vrai

Mais tu n’as rien à voir avec cette sorte de vérité car tu n’es qu’un passant sans autre qualité que celle de ton regard

Tes yeux se contentent de cette seule réalité qu’est la péniche sur le fleuve ou sur le canal et ton rêve en fait déjà toute une histoire

Tu étais là au moment de la péniche c’est tout et tu peux en nourrir ta pensée jusqu’à la fin de ta vie

Un jour quelque chose en rapport avec la vie quotidienne déborde

L’histoire la petite l’intime va s’écrire dans les marges le regard s’attarde sur des changements de perspective

Tout ce qui arrive reste vrai mais dans le désordre

C’est à ce moment qu’on a le plus de chance de consacrer du temps au passage de la péniche

Beaucoup plus lent un nouveau rythme s’instaure avec grâce

Devant cette angoissante et merveilleuse beauté de l’instant reconstruit il faut passer lentement si l’on veut mais sans s’arrêter trop longtemps

Ce temps étrange de la péniche tu ne sais pourquoi s’impose à toi

Il ne te serait sans doute guère utile de le savoir seule t’importe la conscience de cet étonnement

Que vient faire cet horizon fluvial dans ton rêve ?


© Éditions Orage-Lagune-Express pour la version 2008 de cet extrait.
Dessin de Frédéric Guenot.