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17 juin 2020

Carnet / À propos de Aux grands jours (à paraître)

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Empressé ou patient, fragile et lumineux comme un coquelicot, chaque poème avec audace se dédie aux grands jours

(Poème de 4ème de couverture) 

Photo © Marie-Christine Caredda


Aux grands jours regroupe cinq recueils parus entre 1992 et 2004 en éditions limitées. Quatre sont des plaquettes : Le passant du grand large (1995), L'alerte joyeuse (1997), La jeune fille (édition bilingue français / portugais, 2001) et Le monde lisible (2004). Le plus ancien des cinq recueils, Le pétrin de la foudre, date de 1992 et provient d'un livre collectif illustré par le peintre Gabriel Guy.

J'ai hésité à réunir ces ouvrages en un volume aussi longtemps après leur première publication. Le principal problème d'une telle entreprise est de savoir s'il faut corriger voire réécrire ou tout laisser en l'état d'origine. J'ai choisi la première option, notamment pour l'ensemble intitulé Le pétrin de la foudre écrit dans une période de ma vie marquée par une exaltation parfois préjudiciable à la précision de la forme. Je ne pense pas que les modifications apportées nuiront à l'expression de l'élan vital qui s'exprime dans ce cycle. On trouvera en conclusion de ce volume l'extrait d'un entretien avec mon ami Jean-Jacques Nuel, éditeur de deux de mes livres.

 

Le pétrin de la foudre parut quelques semaines avant une rupture dans ma vie professionnelle. Il fallait à cet ensemble un titre en mesure d'exprimer les forces contradictoires qui me tenaillaient à cette époque où l'inquiétude du lendemain et l'élan de renaissance me consumaient. C'est en visitant une exposition consacrée à l'environnement naturel de ma région que ce titre me fut révélé, je n'ose dire par hasard. Arrivé à la section spéléologie, mon attention fut attirée par une grande carte du relief jurassien affichée sur un panneau. Au milieu des noms de massifs forestiers, de monts et de rivières, la mention Pétrin de la foudre me sauta aux yeux. Il s'agit d'un gouffre situé à proximité de la commune de Choux très proche de mon village dans ces montagnes parfois frappées par de violents orages où j'ai pour le meilleur et pour le pire mes racines.

 

Le congé du buveur est une suite de miniatures qui portait dans l'édition de 1992 le sous-titre d'interludes narratifs. J'ai renoncé à cette mention que je juge aujourd'hui trop pompeuse pour qualifier ces instantanés comportant parfois quelques références surréalistes parodiques et quelques traits d'humour. Dans le titre, le mot congé est à lire non seulement dans sa signification habituelle de vacances mais encore dans le sens qu'il revêt dans la législation du commerce et de la circulation de l'alcool soumise à des droits de douane. Cela nous amène au personnage du buveur livré aux humeurs changeantes de sa fatigue et de son demi-songe.

 

Le Passant du grand large est le recueil que j'ai le plus modifié pour la présente édition parce que les différents thèmes abordés s'y côtoient dans un désordre que je juge aujourd'hui excessif. J'ai donc élagué et raboté cet ensemble qui méritait plus de cohérence.

 

J'ai écrit L'alerte joyeuse dans le sillage du Passant du grand large, c'est-à-dire dans un état d'esprit assez proche mais moins aventureux.

Il s'agissait de retrouver un équilibre, de renouer avec des sensations simples, de tenter d'habiter poétiquement le monde (Hölderlin).

 

La jeune fille. L'opportunité d'une traduction en portugais, à mon goût la langue idéale de la poésie, me conduisit à écrire cette évocation du personnage quasi mythologique de la jeune fille. On trouvera en annexe de ce volume le texte traduit.

 

Le monde lisible. Malgré son titre pouvant évoquer une certaine sérénité, Le monde lisible marque une rupture avec l'univers poétique de mes débuts. Cet ensemble annonce le ton et les choix narratifs adoptés par la suite dans mes Poèmes du bois de chauffage publiés quatorze ans plus tard en 2018.

 

Poèmes rescapés. Il s'agit de quelques textes issus de différents recueils et revues introuvables, des écrits de mes débuts. Des rescapés, évidemment, parce que je n'ai pas éprouvé le besoin de les retoucher.

 

La jeune fille aux sandales de sable et L'île des libellules transparentes. La publication de textes revus et corrigés laisse à l'auteur une légère frustration. J'ai donc décidé d'intégrer en conclusion de ce volume deux inédits déjà anciens qui partagent une particularité. Ils n'ont jamais voulu se stabiliser en prose ou en vers. Le problème n'est pas rare mais il trouve d'habitude une solution en quelques mois. Il n'en va pas de même pour La jeune fille aux sandales de sable et pour L'île des libellules transparentes qui refusent tous deux depuis des années de se couler dans le moule du poème ou de la nouvelle. Je pense donc qu'ils ont leur place dans cet ensemble dominé par le thème récurrent de l'été, notamment avec la figure poétique de la jeune fille qui symbolise à mes yeux beaucoup plus cette saison que le printemps, tout comme le voyageur stupéfait de découvrir que son île, rêvée dans une chambre d'hôtel, existe.

 

© Club, 2020.

© Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959.

 

 

 

13 juin 2020

Aux grands jours : préface

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J’ai aussitôt remarqué que le pommier devenait un monde à lui seul, que le lézard des murailles, chef-d’œuvre de la bijouterie préhistorique pour citer Francis Ponge que j’étais encore loin de découvrir, avait quelque chose d’une créature mythologique. Je testais des histoires sur moi et après, je les racontais aux autres. Certaines produisaient un effet, d’autres non. J’essayais d’écrire celles qui avaient réussi. Je n’y arrivais pas. Première prise de conscience : un jour, j’écrirai pour de bon. J’ai déjà eu un peu moins peur. Il a ensuite fallu que tout cela mûrisse et des années sans écriture ont passé jusqu’au début de l’adolescence durant laquelle j’ai de nouveau tenté d’écrire des poèmes romantiques imités de mon idole du moment, Victor Hugo. Échec total. L’ennui revenait. Je suis tombé malade (sérieusement) et de nouvelles années se sont écoulées sans écriture, sans tentatives abouties. Après, j’ai quitté le lycée. C’est une fois dehors, libéré des programmes et de certains enseignants, que quelque chose a commencé à frémir. J’ai produit des textes en vers et en prose que je n’ai pas tous détruits. J’en ai même publié quelques uns dans de petites revues. Ensuite, tout a évolué autrement. Je suis sorti peu à peu du cycle  écriture-non-écriture. Ne pas écrire ou écrire peu, voire presque rien, ne m’apparaissait plus comme une incompétence. J’avais fini par comprendre que le véritable et principal travail d’écriture n’était pas uniquement celui de la rédaction et qu’il survenait parfois à mon insu dans ces périodes inactives que je considérais à tort comme infertiles, pas négatives, mais disons improductives. Le plus aguerri des écrivains a toujours, je crois, beaucoup de mal à accepter l’idée selon laquelle ne pas noircir des pages et des pages ne signifie pas que la source est tarie. J’ai compris cela en observant mon jardin. La terre doit se reposer. En surface, c’est le calme plat. Dessous, cela continue.

Mes pires périodes de véritable infécondité ont coïncidé avec les époques au cours desquelles j’ai été avalé par mon travail. Il faut dire que j’avais choisi le plus dangereux des boulots pour quelqu’un qui prétend se lancer dans l’écriture (je parle de l’écriture littéraire, le reste, c’est autre chose).  Choisi n’est d’ailleurs pas le mot juste. Un poste de journaliste professionnel dans l’agence d’un quotidien régional s’était présenté. Après un ou deux ans de cette servitude que j’ai subie durant une décennie, je me suis aperçu que l’écriture me quittait. Devoir écrire tous les jours sur tout et n’importe quoi à toute vitesse m’obligeait à utiliser des stéréotypes d’écriture, autant de clichés qui reflétaient la vacuité des sujets que j’avais à traiter. Je vous en épargne la liste. Ouvrez un quotidien régional et vous vous ferez vite une idée de ce qui me vidait de toute créativité. Écrire, c’est traquer le sens. Écrire sans cesse sur ce qui n’en a aucun, c’est nier l’écriture. Pour quelqu’un qui aspire à devenir écrivain, c’est très dangereux. Cela équivaut presque à un suicide intellectuel. Je soupçonne quelques journalistes rencontrés durant ma brève  carrière d’avoir suivi ce chemin avant d’aboutir à un cul de sac en forme de cul de bouteille. (Je parle ici des plus intelligents). J’avais d’autres projets que la cure de désintoxication, alors j’ai organisé la résistance. Puisque je n’arrivais plus à écrire à cause de toutes les assemblées générales et les réunions ineptes auxquelles je consacrais mes journées et mes soirées, il me fallait d’abord maintenir le lien avec l’écriture, la vraie, la seule, par tous les moyens. Au point où j’en étais, tout était bon, y compris de me balader toute la journée où que j’aille et quoi que je fasse avec un livre, un livre dans la main. La nuit, je n’avais qu’à tendre le bras pour le toucher, le sentir là, sous la lampe. Au bureau, dans le salon de coiffure, dans la salle d’attente du dentiste, un livre, partout me protégeait. Je me servais de ce fétiche pour conjurer les forces maléfiques qui m’encerclaient. Lire ces livres m’importait autant que de les transporter, de les manipuler, de les soupeser et de les tourner en tous sens. Montale, Brodsky, Pessoa, Mandiargues, Calaferte, Nabokov, Duras, Luzi, Sereni, Jaccottet, Char, Carver, Ungaretti, Cernuda, Cossery, Pavese, Tardieu, Giono, Kavvadias, Landolfi, Saba, Bowles, Beckett, Ramuz, Hamsun, Kundera, Penna..., mes fringales littéraires de l’époque faisaient désordre sur le bureau d’un localier. Petits lampions têtus dans le brouillard d’une vie de journaleux, ces piles de livres en équilibre précaire ont un beau jour enseveli la note de frais d’un pigiste sportif qui n’avait déjà pas grande estime pour la littérature. Belle victoire des Lettres sur les chiffres ! Que ces grands écrivains me pardonnent de m’être servi de leurs noms pour dire le mot de Cambronne aux collègues malveillants, aux amis menaçants, aux petits chefs rancis, et à toute l’armée de ceux qui sont payés pour vous mitonner des aurores à gueules de tenailles pour reprendre une image de René Char.

À cette époque, je pouvais dire ne me secouez pas car je suis plein de colère. Celle-ci était bien sûr destinée à celles et ceux qui me rendaient la vie impossible au travail mais je la dirigeais aussi contre moi-même, incapable que j’étais de me soustraire aux travaux ridicules qui plombaient mon existence. La colère est l’un des bons terreaux de l’écriture, à condition de savoir la détourner du particulier qui l’a suscitée pour l’orienter contre l’universel de l’ennui et de la malveillance. Le grand chic, le talent, c’est d’exprimer cette colère en termes choisis, dans un style qui vous est propre, calmement, extraire et produire du sens en fourrageant à pleines mains dans la boue individuelle. Le plus délicat des sonnets, la plus suave des mélodies, tous les chefs-d’œuvre de l’art et de la littérature sont aussi de sauvages colères contre tous les buveurs de sang qui nous transforment le monde en caserne et à qui la beauté provoque des œdèmes de Quinque, des descentes d’organes, des occlusions, des coliques, des furoncles et des gangrènes gazeuses. Le jour où j’ai compris cela, j’ai voulu mettre mon grain de sel. Voilà comment cela m’est venu, en fait, la littérature. Et je n'ai plus jamais connu l'ennui.

On dit aujourd’hui que la poésie connaît une crise majeure. Un mur de lamentation tient lieu d’analyse du phénomène. On dit que tout le monde en écrit, que personne n’en lit, que les éditeurs la fuient et que ceux qui persistent à en publier font faillite ou ne tiennent qu’en recourant aux subventions et aux tirages confidentiels rendus possibles par l’impression numérique. On dit que pour le profane, un poète est un rimailleur du dimanche aussi ridicule que le mot, en vérité fort laid, qui le désigne. À l’opposé, ont dit que les poètes sont distants, lointains, qu’ils écrivent des livres dont on ne comprend pas le sens, que leurs vers sont hermétiques. On dit que la poésie est une langue étrangère. J’hésite pour ma part à risquer une explication de cette crise que traverserait la poésie. Sans doute la poésie est-elle toujours en crise et c’est peut-être bien ainsi.

Ce que j’observe relève plutôt d’un retour de la poésie vers le privé, après, quoiqu’on dise, une très grande diffusion dans le public grâce au progrès technique. Tous ces livres de poésie qui sont brutalement sortis du secret des bibliothèques aristocratiques pour se divulguer, littéralement se diffuser dans les librairies géantes sous forme d’éditions courantes et bon marché auraient-ils souffert d’une surexposition, d’une surexploitation commerciale en direction de foules de consommateurs de moins en moins initiés au rythme et aux exigences de la lecture poétique qui est déjà en elle-même pratique de la poésie ? La poésie est-elle comme ces fresques anciennes et souterraines que la brutale mise au jour fait pâlir et finit par effacer ? Que de questions qui me semblent avoir au moins le mérite d’ouvrir beaucoup plus la réflexion que des affirmations doctes et tapageuses.

Si j’essaie d’observer avec le peu de recul dont je suis capable ma pratique de la poésie, pratique qui comprend 90% de lecture et 10% d’écriture, je crois voir se profiler ce retour au privé dont je parlais précédemment. Je suis de moins en moins tenté de soumettre un cycle de poèmes aux éditeurs de poésie même si publier à certaines enseignes me serait évidemment agréable. Quant à la satisfaction très compréhensible de voir enfin exister le ou les poèmes en un livre imprimé, je n’ai pas besoin de déranger un éditeur pour y accéder car les récents et fulgurants progrès dans l’art d’imprimer à tirage limité la rendent immédiatement possible et pour le plus modique des coûts. En raison des tirages restreints et de la faible diffusion de la poésie, un poète peut aujourd’hui raisonnablement se poser la question de savoir si un éditeur de poésie est capable de lui assurer un lectorat plus nombreux que celui qu’il pourrait toucher en s’éditant lui-même, toute considération de prestige et d’image de marque liée à une enseigne évidemment mise à part. Lorsque je me pose cette question qui ne concerne bien sûr que ma production poétique, je dois reconnaître que ma motivation à publier chez un petit éditeur de poésie, même prestigieux, s’émousse. En revanche, la possibilité de réserver dans une édition de ma fabrication quelques exemplaires numérotés d’un livre de poèmes à un cercle de lecteurs amicaux, qu’ils soient lecteurs avertis de poésie ou collectionneurs d’ouvrages rares, ne m’apparaît plus comme une perspective à négliger.

Henri Michaux, qui refusa de paraître en édition de poche de son vivant, ne disait-il pas, en substance, préférer quelques centaines de lecteurs attentifs à quelques milliers de lecteurs distraits ?

Ce qu’on appelle la crise supposée de la poésie, n’est-ce pas plutôt la difficulté à définir ce qui peut, dans la production contemporaine, être qualifié de poésie ? Tout jugement de valeur mis à part, peut-on continuer à nommer poésie la grande diversité de ce qui paraît aujourd’hui sous cette appellation ? Je lis et je produis moi-même certains textes qu’il me paraît problématique de qualifier de poésie. Ceci est délibéré et pour moi lié à une défiance croissante envers le vers français avec sa besogneuse comptabilité de syllabes. Même à travers des traductions de qualité inévitablement variable et peut-être bien à cause de ces traductions, je peux mesurer ce que la poésie écrite dans des langues dans lesquelles le vers se construit sur l’accentuation peut offrir de souplesse, de fluidité et de musicalité, par opposition au vers français qui contraint souvent à des choix entre métrique régulière et musicalité. Est-ce dans la métrique du vers français qu’il faut chercher l’origine de la prédominance de la forme sur le fond dans quelques courants de la poésie française ou est-ce au contraire le refus des règles qui aboutit à des formes vides? Il me faudrait plus que cette préface pour tenter de répondre à ces questions. Ai-je écrit de la poésie ? Je laisse volontiers qui veux bien feuilleter mes recueils en décider car personnellement, cela ne m'intéresse guère de le savoir.

 

© Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959

© Club, 2020

 

11 juin 2020

Carnet / Dans le seul but de bien rêver

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Photo © Ch. Cottet-Emard

Moi qui suis accroché pour le meilleur et pour le pire à ces vallons et à ces forêts où j’habite aux confins de l’Ain et du Jura, je me demande toujours, piètre voyageur, touriste des plus ordinaires, ce qui me rend si familier de mes villes étrangères préférées parmi lesquelles, évidemment, Lisbonne où je me rendis pour la première fois en octobre 2013.

Cette photo date de cette époque. Sept ans déjà, et le souvenir intact, comme neuf, de cet instant privilégié, de ce moment à poème où un changement d’angle et de perspective transformait en quelques pas ma vision de ce coin de place.

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Cette question m’est pourtant venue à l’esprit au moment de prendre la photo, peut-être à cause de quelques couleurs aux nuances sombres malgré la lumière qui se joue des courbes et des plis de la ville et qui entre partout. Rien de suffisant pour penser à Borges et Buenos Aires.

Chaque regard invente sa propre géographie dans le seul but de bien rêver.