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17 mars 2021

Prochain numéro de la revue Instinct nomade : Marguerite Duras

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Essai de maquette de la couverture du n°7 de la revue Instinct nomade entièrement consacré à Marguerite Duras (plus de 250 pages). Ainsi que le précise mon ami et éditeur Bernard Deson, si cette version ne sera pas forcément la définitive elle donne déjà le ton. L'illustration est de José Correa (détail d'une fresque). À ce jour près de 30 contributeurs travaillent pour constituer un sommaire où se côtoient des spécialistes reconnus de Duras et de nouvelles voix qui ont en commun une passion pour la femme et l'œuvre. Sortie toujours prévue pour début mai.

Ma participation à ce numéro : un article (Marguerite Duras dans la vie matérielle) et dans la deuxième partie, un essai sur l'autobiographie intitulé Qui a peur de l'autobiographie ?

 

15 mars 2021

Lisbonne en octobre

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Puisque vous avez du temps, venez donc me voir à Lisbonne, cela me ferait plaisir. Nous parlerons. Je me demandais bien de quoi nous pourrions parler mais j’acceptai l’invitation. Jenkins voulait m’héberger mais j’ai toujours préféré l’hôtel où je me sens plus à l’aise. Ayant déjà séjourné à Lisbonne lors d’une ancienne escapade dans cet établissement, je réservai une chambre au VIP Executive Éden, un ancien théâtre aménagé en hôtel, place des Restauradores non loin de la place du Rossio. À l’étranger, j’aime loger dans des hôtels pas forcément somptueux mais confortables et anonymes où l’on parle français et où l’on sert des petits déjeuners copieux et standards. En voyage, je ne cherche pas le contact avec les gens du pays que je visite, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier la gentillesse et la courtoisie qu’on trouve beaucoup plus à l’étranger qu’en France. Jenkins me taquinait parfois sur ce sujet et concluait invariablement : décidément, vous me faîtes penser à moi quand j’étais jeune !

J’arrivai à Lisbonne un jour doux et gris de début octobre. J'avais une journée d’avance sur le rendez-vous avec Jenkins. Jamais je ne m’étais senti si libre et détendu. Pendant que je flânais l’après-midi vers le Tage entre le quai des Colonnes et le Rossio après un détour dans le Chiado, le temps se leva un peu. Aux terrasses des bars les plus modestes, des routards se faisaient servir un bol de soupe maison, un sandwich et une Sagres ou une Super Bock pour quelques euros. Le soir, je longeai les enfilades des terrasses à touristes où les serveurs vous alpaguent et tournai à l’angle de la petite rue où je me souvenais du restaurant Bonjardim avec son poulet frites et sa morue grillée. Je choisis la morue grillée avec ses pommes de terre vapeur et une bouteille de vin blanc que je laissai au choix du serveur, un monsieur assez âgé d’apparence bourrue qui ressemblait au chef d’orchestre Lorin Maazel mais qui me gratifia d’une petite tape cordiale sur l’épaule quand j’eus ajouté un pourboire conséquent à l’addition. Le lendemain, plutôt que de me faire servir le petit déjeuner à l’hôtel, l’envie me prit de me mêler tout de suite à l’animation quotidienne de la matinée encore grise mais pleine d’entrain. Je pris un grand plaisir à descendre directement sur la place que je traversai avant d’entrer dans un petit bar dont la vitrine était remplie d’étroites bouteilles de Ginja avec leurs étiquettes ornées de cerises. J’accompagnai mon café au lait de brioches et de croissants fourrés à la confiture puis je sortis fumer un petit Partagas Club qui me restait d’une boîte offerte par Jenkins. J’avais rendez-vous chez lui à midi, ce qui me donnait largement le temps de rejoindre à pied les grands cèdres du parc du Principe Real. Puisque j’étais très en avance, j’y trouvai un banc libre où je pus observer à loisir les clients d’une petite librairie ambulante aménagée dans une Estafette Renault bleue et blanche stationnée dans la rue. On y trouvait des livres et plaquettes d’auteurs portugais, certains traduits en anglais et en français.

(Extrait d'un roman en cours.)

Photo Christian Cottet-Emard

 

12 mars 2021

L'île des libellules transparentes

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Un soir de mai, il en a assez d'entendre crépiter la toile de son grand parapluie noir. Il décide de descendre à la mer.

 

Un autorail l'emporte loin de ses forêts, un train express l'abandonne tôt le matin dans la gare d'une ville portuaire et un autocar le dépose sur le parking d'un village aux rues sablonneuses.

 

Pendant que son parapluie finit de sécher à des centaines de kilomètres, un bon soleil l'encourage ici à acheter quelques fruits vendus par une grosse femme qui somnole sur un banc au fond d'une cahute en mauvais bois.

 

Vous êtes un des premiers vacanciers de la saison, dit-elle avant de faire rouler quelques pêches jaunes en plus dans le sachet en papier.

 

Je suis là tous les jours sauf le lundi et vous savez, c'est bien pratique si vous voulez avoir des fruits frais sur la plage ou en revenant de la baignade. 

 

Elle désigne du regard une grande dune.

 

C'est derrière, vous n'avez qu'à suivre le caillebotis. Mais peut-être cherchez-vous à vous loger ? Il y a juste en face ce petit hôtel que je vous recommande. En haute saison, il est toujours complet mais en ce moment, pas de problème. Ça vous fait deux-cinquante.

 

Il doit être onze heures et le voyage de nuit l'a privé de son petit déjeuner. L'idée d'un bon café au lait remplace toutes les autres. Pour tester un hôtel, rien de tel que de demander le petit déjeuner à onze heures.

 

Je vais voir ce que je peux faire promet une jeunette à tablier blanc et à jupe noire.

 

Depuis la terrasse fleurie de larges parasols bleus où il grille une cigarette, il la voit parlementer dans la salle, près du comptoir avec une belle femme à la cinquantaine épanouie, sans doute la patronne. Elle regarde sa montre puis disparaît de son champ de vision.

 

Une petite brise salée s'est invitée à sa table lorsque la patronne arrive avec un grand plateau. Nous n'avons plus de croissants à cette heure mais j'ai pu vous faire griller du pain. Cela vous conviendra-t-il ?

 

Un quart d'heure après, il s'allonge sur le lit d'une grande chambre claire. La porte-fenêtre du balcon ouvre sur des pins et sur des albizias odorants.

 

Un regard vers la fenêtre ouverte et sa conscience s'égare dans le gonflement des voilages.

 

Toute la chambre s'emplit d'une fraîche lumière blanche dans laquelle s'éternise son sommeil. Du moins le croit-il car à son réveil, il est à peine treize heures.

 

Il a rêvé abondamment et émerge de cette courte sieste plus fatigué qu'avant. Assis sur le bord du lit, il tente de reprendre ses esprits quand on frappe doucement à la porte.

 

Apparaît la jeunette au tablier blanc et à la jupe noire.

 

Désirez-vous déjeuner ? Moules-frites ou poisson grillé. C'est le dernier service. Il prend une douche presque froide, enfile un pantalon et une chemise propres bien qu'un peu froissés et descend sur la terrasse.

 

Il s'attable à la même place devant une assiette de sardines grillées et un pichet de vin blanc léger. Sachant que ce petit vin risque de l'endormir quand même, il commande un grand café noir.

 

Il se met en tête de se rappeler ses rêves de tout à l'heure. Il n'en reste rien. Juste quelques bribes mêlant images et mots dispersés où il était question d'une île et de libellules. Des libellules transparentes.

 

Le tablier blanc et la jupe noire le frôlent en débarrassant.

 

Connaissez-vous l'île des libellules transparentes ? demande-t-il pour plaisanter.

 

Ah oui, répond la jeunette. À vingt minutes par la navette. Mais elle n'intéresse pas grand-monde ; et tous deux se regardent, perplexes, avant qu'elle ne disparaisse avec son plateau.

 

(Extrait de mon livre Aux grands jours, paru l'été dernier.)

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