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04 décembre 2012

Retour surprise de Vent fou dans la thématique

thématique,poésie,littérature,vent fou,album du père castor,flammarion,texte,véronique,images,gerda muller,enfance,souvenir,1963,livre d'enfant,premières lectures,blog littéraire de christian cottet-emardTu repenses à d’étranges et lointaines journées quand par exemple cette étudiante en linguistique examinait ta première plaquette de poèmes éditée et disait l’important n’est pas le sens

Une autre fois cette future prof d’anglais ou de russe qui te demandait en feuilletant le recueil si tu gagnais de l’argent avec ça

 

Et cette journaliste qui t’interrogeait sur ta thématique pendant qu’un fort coup de vent désorganisait peupliers et platanes c’était Vent fou qui revenait à l’improviste

La thématique tu devrais pourtant prévoir ce genre de question depuis le temps la thématique à force eh bien peut-être Vent fou

Oui Vent fou qui secoue la poussière du village trousse le grand imper d’une jolie dame vole les cahiers d’école se fait virer par le champ de trèfle qui vient de faire sa toilette et par la rivière qui ne l’aime que propre et parfumé sortant du bois et jouant un air de flûte du coup Vent fou retourne au village pour tout remettre en place en se trompant un peu

Encore que les cahiers dans la corbeille les papiers sales sur les pupitres et la maîtresse qui n’y comprend rien ce n’est pas si mal où en étions-nous ah oui la thématique


© Éditions Orage-Lagune-Express 2012 pour ce texte. Droits réservés.

Illustration : Couverture de Vent fou, Album du Père Castor, Flammarion éditeur, 1963. Texte de l'album : Véronique. Images : Gerda Muller.

17 novembre 2012

L’ordre cosmique du vieux square (pensées du 2 novembre)

Cette photo du vieux square aux bancs et aux arbres vermoulus si tu pouvais

Ah oui l’ancien square détruit pour laisser place à la gare routière

Si tu pouvais sauter dans cette photo de 1973 comme Mary Poppins (Julie Andrews) sautait à pieds joints dans les tableaux dessinés aux craies de couleur par Bert (Dick Van Dyke) sur le trottoir

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Tu te retrouverais dans le monde de 1973 sous les lampadaires du square maigrichon entre la lune et la pendule de la gare et il y aurait tout près le Picasso de la voie ferrée qui ferait les gros yeux il y aurait

Personne ne serait mort il y aurait ce prodige les tiens tous vivants sous les toits de la petite ville chez eux derrière les haies de buis de leurs jardins

Chez eux tout près du square une arrière-grand-mère (Clotilde) deux grands-mères (Yvonne et Marie-Rose) un grand-père (Charles) un père (Jean) une marraine (Geneviève) gamin tu disais ma reine et tu attendais pendant des heures de la voir descendre de l’autorail Picasso traverser la voie et ouvrir le portillon du jardin ils seraient tous là autour du square

Une dame encore inconnue d’eux (Gisèle la mère de ta future épouse) calerait son vélo contre un banc

Dans l’ordre cosmique du square dans son monde lisible les tiens

Planètes dans ton ciel étoiles dans ta nuit comme dans les nuits de 1973 où cillait l’ampoule du lampadaire au milieu des branchesrécits des lisières,éditions orage-lagune-express,poésie,souvenir,toussaint,novembre,ancien square oyonnax,ain,rhône-alpes,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,photo,place vaillant couturier,autorail,picasso,gare,gare routière,mary poppins,julie andrews,dick van dyke,bert,film,walt disney,vélo,craie de couleur,trottoir,arbre,banc,ampoule,lampadaire,cierge

Le square jadis détruit pour laisser place à la gare routière existe plus aujourd’hui que la gare routière c’est normal et ce qui n’est pas normal c’est la gare routière où attendent tous ces gens qui ont des têtes à ne pas avoir envie d’aller où les bus les emmènent

À coup sûr le diable s’en est mêlé ou alors qui et pourquoi te demandes-tu dans l’ombre en regardant trembler la flamme des cierges


© Texte et photos, éditions Orage-Lagune-Express 2012. Droits réservés.

25 juin 2011

Comment ne pas ?

poisson,fontaine,parc rené nicod,oyonnax,ain,rhône-alpes,autobiographie,adolescence,variations symphoniques,christian cottet-emard,blog littéraire,souvenirToutes les fleurs du marronnier du parc municipal se sont envolées dans les grands vents des premiers orages. Le parc n’est pas loin du lycée où je suis en seconde. Quand viennent les heures de sport, je sors acheter un paquet de Gitanes blanches sans filtres au café-tabac situé juste en face du lycée, je descends la rue de la Victoire et je rejoins l’entrée du parc marquée par une fontaine dont l’eau jaillit de la bouche de gros poissons en métal peint. Le plus souvent, ma place sous le marronnier est libre et je m’y installe pour fumer et lire un livre de poche.

Ce jour-là, j’ai acheté La Vie rêvée de François-Régis Bastide, un gros roman choisi pour le titre et la couverture (où l'on voit flotter un orgue dans le vide) et non pour l’auteur que je ne connais pas. poisson,fontaine,parc rené nicod,oyonnax,ain,rhône-alpes,variations symphoniques,autobiographie,carnet,christian cottet-emard,blog littéraire,eau,souvenir,adolescenceJe crois avoir lu au moins trois quarts de ce livre en pensant à autre chose, sans m’intéresser à une histoire qui était sans doute à mille lieues de ce qui pouvait me concerner à cette époque. Si je me souviens encore de ce livre qui ne suscita en moi que quelques images floues correspondant à certains débuts de chapitres, c’est qu’une question parasitait ma lecture : comment écrire un roman de cinq cents pages ?

Aujourd’hui, trente-cinq ans après ce moment de mon adolescence qui s’est gravé Dieu sait pourquoi dans ma mémoire avec une étrange insistance, j’aurais plutôt tendance à me demander : comment ne pas écrire un roman de cinq cents pages ?

Malgré ma propension à rêver ma vie en ces années soixante-dix du siècle dernier, je ne garde guère de nostalgie de cette période durant laquelle je n’exerçais ma lucidité à rien d’autre qu’à tenter d’évaluer les décennies d’expériences et de lecture qu’il me faudrait traverser avant d’être capable de raconter une histoire et d’en arriver à me demander « comment ne pas faire ceci ou cela, comment ne pas écrire ceci ou cela, comment ne pas être ceci ou cela » .. .

(Extrait de : Les Variations symphoniques.)