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31 octobre 2025

Carnet / Pourquoi publier ? 

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On me demande parfois mon avis sur des manuscrits, ce qui est pour moi toujours délicat parce que je ne me sens pas légitime dans ce rôle.

Il m’arrive d’accepter quand même par amitié ou par curiosité en prévenant que je ne donnerai qu’un avis de lecteur parfaitement subjectif (j’ai passé un bon moment ou non, le style est fluide ou non) et en aucun cas un avis d’auteur, ce qui ne peut que décevoir. 

Si je me reconnaissais cette légitimité à juger et à conseiller, j’enseignerais, ce qu’à Dieu ne plaise ! Si j’étais éditeur, ce qu’à Dieu ne plaise, mon évaluation d’un manuscrit se limiterait à un seul critère : peut-il trouver sa place dans le catalogue afin d’être correctement défendu et exploité ? C’était la seule réponse que j’attendais lorsque, il y a très longtemps, j’envoyais mes manuscrits au hasard. C’est aussi une des raisons qui me font refuser d’animer des ateliers d’écriture. Vous avez envie d’écrire ? Prenez un carnet et un crayon, allez-y, essayez et vous verrez bien. 

Dans ma pratique d’auteur (je préfère ce mot à celui d’écrivain, un écrivain étant un auteur qui a réussi - mais que signifie « réussir » dans cette activité ?), je ne demande pas d’avis sur mes manuscrits.

Je crois que la seule question qu’un auteur puisse opportunément se poser est de savoir pourquoi il veut publier son manuscrit, c’est-à-dire le rendre public, que ce soit en cercle restreint ou pour une large diffusion.

Quel est l’objectif ? La notoriété, l’argent, la reconnaissance, le statut social, la thérapie, l’engagement, le narcissisme, des messages à envoyer, une manière d’être au monde, que sais-je encore ? Je ne désapprouve aucune de ces motivations qui ne sont que les conséquences du déterminisme individuel. À chacun, donc, de voir midi à sa porte.

26 juin 2025

Carnet / Le point où j’en suis en politique (résumé à gros traits)

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Ne pas être de gauche ne fait pas de moi un homme de droite. Il m’est certes arrivé dans ma jeunesse de voter socialiste à l’époque où ce parti incarnait le centre gauche composé de bourgeois (qu’on appelait les « éléphants du PS ») comme j’aurais tout aussi bien pu voter pour le centre droit également tenu par des bourgeois (de culture chrétienne) car en ces temps lointains, c’était à peu près blanc bonnet et bonnet blanc, contrairement à aujourd’hui. 

J’ai aussi voté pour les socialistes car j’estimais avoir une dette envers eux puisque c’est du cabinet du ministre de la Défense de l’époque, Charles Hernu, que j’ai reçu par courrier la confirmation de ma réforme du service militaire. J’ai bien des défauts mais j’essaie de ne pas être ingrat. 

La maturité venant, j’ai estimé avoir payé ma dette et je suis devenu abstentionniste avant de recommencer à voter centre droit après les attentats en France (soi-disant perpétrés par des « loups solitaires » ainsi qu’on a tenté de nous le faire croire) qui ont précédé le choc que fut pour moi le 11 septembre 2001. 

Au deuxième mandat du président Macron et tout particulièrement après l’instauration des confinements et surtout du pass sanitaire, j’ai désormais réservé mes votes dans les différents scrutins aux seules personnes qui se sont immédiatement opposées avec courage et détermination à ces mesures. 

Aujourd’hui, je pense que les démocraties occidentales (pardon pour le pléonasme) ne peuvent être dirigées à peu près sagement et sereinement au plus haut niveau que par des bourgeois à l’ancienne mode, des gens de préférence corpulents et âgés d’au moins soixante ans.

Je me méfie comme de la peste de tout homme politique maigre au profil aquilin et j’ai une défiance naturelle et immédiate à l’encontre de tout dirigeant politique sportif, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme.

En politique, les bourgeois ne sont pas toujours brillants mais je les préfère aux aristocrates qui sont souvent des idéalistes c’est-à-dire des têtes brûlées alors que les bourgeois sont pragmatiques, surtout les bourgeois de culture chrétienne.

Tout cela pour dire qu’aujourd’hui, au vu du spectacle effarant donné par la classe politique européenne et surtout française, tout particulièrement à gauche, je suis très inquiet, non pas pour mon avenir (sauf si je vis jusqu’à cent ans), mais pour celui de mes petits-enfants et de leurs parents. 

30 mai 2025

Carnet / L'inversion de la figure du héros

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Dans la littérature et notamment dans la fiction romanesque, on observe une inversion de la figure du héros. Mon propos n'est pas de dater avec précision le début de ce phénomène encore qu'on puisse à grand trait en faire coïncider l'origine avec la démocratisation de la télévision au début des années soixante puis avec l'apparition des séries télévisées.

Dans ces divertissements et dans la littérature populaire, la figure du héros a progressivement évolué vers celle de l'anti-héros mais qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre de ces modèles de fiction, les deux s'incarnent dans des personnages différents du commun des mortels. Ils sont différents de nous et c'est pourquoi ils éveillent notre intérêt.

Restons dans la figure du héros. Le grand public admire le héros auquel il a envie de s'identifier tout en restant conscient qu'il ne peut atteindre son niveau de puissance, de gloire, d'intelligence, de courage et de toutes les vertus concentrées dans un seul individu. Il semble désormais que ces modèles d'identification se soient déplacés pour aboutir à une véritable inversion qui consiste pour le public à ne plus vouloir s'identifier à un héros dont il recherche, accepte et admire la supériorité mais au contraire à le supplanter. Le héros n'est plus l'extraordinaire mais l'ordinaire.

Le public préfère maintenant se contempler lui-même dans le miroir de sa banalité érigée en nouvelle figure héroïque. Après le héros et l'anti-héros, voici le non-héros. Je ne désire plus admirer un héros ou détester un anti-héros qui sont radicalement différents de moi, je désire au contraire trouver dans la fiction quelqu'un qui me ressemble, qui est « comme moi » ou mieux encore qui n'est que moi-même.

Les publicitaires qui fabriquent massivement de la fiction ont bien compris cette évolution car après avoir longtemps exploité la figure du héros (individu extraordinaire) auquel le consommateur peut s'identifier en achetant un produit, ils érigent ce même consommateur (individu ordinaire) en nouveau héros. Ainsi nous disent-ils : regardez comme vous êtes moches, médiocres, insignifiants, vulgaires, bornés, ignorants et fiers de l'être mais si nombreux que les nouveaux héros, c'est vous !

« Parlez-moi d'moi, y a qu'ça qui m'intéresse » dit la chanson qu'entonnent à chaque rentrée littéraire les médias promoteurs des fabricants de petits romans politiquement corrects, édifiants et souffreteux : ma déprime, mon exil, ma prostate, mon allergie, ma tronche en biais, mon changement de sexe, mon mal partout... Tamalou, héros des temps modernes !

Extrait de Essais et chroniques © Éditions Orage-Lagune-Express, 2025.