08 mars 2017
Poème du bois de chauffage 1
Mais comment cette idée que je puisse m’appliquer à ranger le bois de chauffage a-t-elle pu te venir ?
Faut-il que ta vie soit un désert pour croire une seule seconde en l’importance et la nécessité de s’appliquer à des piles de bois dont on n’attend rien d’autre qu’elles restent au sec sans s’effondrer
Comment peux-tu penser qu’une telle idée ait pu germer aussi dans une tête comme la mienne ?
Une tête pleine de poèmes encore non écrits pleine d’espoirs déçus mais néanmoins splendides et glorieux
Une tête faite exprès par le Bon Dieu pour se remplir de saudade de chants de musique de somptueuses pensées lubriques et de rêves éveillés et solaires ?
Ou peut-être me prends-tu pour un Suisse appliquant sa technicité horlogère à la régularité et à l’esthétique de ses empilements de bûches ?
Ou bien as-tu fini par croire que j’étais devenu « un vrai jurassien » ou quelque chose comme ça ?
Alors que je suis à peine le reflet du miroir de la salle de bain des vitres et de la flaque de pluie sur la route forestière
© Éditions Orage-Lagune-Express 2013
22 septembre 2015
La vie au bord
Tu es l’homme des bords des seuils des lisières des berges des rives c’est là que tu vis
Lorsque tu ouvres ta fenêtre le matin sur le paysage tu as vécu l’essentiel de ta journée
Ta place en ce monde est là au bord jamais vraiment à l’intérieur
Porto, juin 2015
Tu es arrivé sur Terre comme à l’opéra
Tu t’es installé pour assister à la représentation et pour écouter la musique le livret n’a pas beaucoup d’importance tu peux te dispenser de le comprendre il est souvent aussi mauvais que la musique est belle
Cette posture n’est ni triste ni affligeante c’est juste la place qui t’es destinée
Tu comprends que cela soit parfois pénible et décourageant pour les autres que cela les dissuade de te connaître plus pour la plupart d’entre eux le bord est inhabitable
Même pour toi ce n’est pas toujours confortable mais c’est là que tu parviens à te tenir à peu près en équilibre à peu près à l’abri de l’enchantement
© Ed. Orage-Lagune-Express
01:41 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fado, estime-toi heureux, récits des lisières, bord, rive, berge, rivage, fenêtre, quai, porto, portugal, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard ©, estime-toi heureux©, poème, récit poème, journal, poème narratif, poème autobiographique