17 décembre 2021
Carnet /
Cauchemar du consentement
Au péage d’autoroute l’autre jour, cet autocollant un peu déchiré plaqué contre la caisse automatique :
« Votre obéissance prolonge ce cauchemar » .
Et à propos de ce cauchemar, voir ceci. https://www.pasnosenfants.fr/#
Homme des bois
Me voilà une fois de plus transformé en homme des bois pour quelques jours (rangement des stères livrés). Cette fois-ci, dans la neige, cela n’a même pas l’avantage de m’inspirer un deuxième tome de mes Poèmes du bois de chauffage !
Il est gentil !
Toujours à empiler mes bûches, un aboiement sourd du côté du chemin juste derrière la maison. Le ton n’évoque pas un caniche et c’est bien sûr un gros gabarit qui vient aussitôt manifestement agité vers moi. J’entends à ce moment un bref appel de la propriétaire du clébard à qui j’intime de rappeler son chien, un genre de patou comme je les aime de très loin (mais peut-être d’une autre race, je n’y connais rien, en tous cas aussi imposant). Je sais à peu près de quelle façon me comporter dans cette situation pour éviter d’énerver le bestiau mais dans ces moments-là, hélas de plus en plus fréquents, je regrette de ne pas avoir dans ma poche le Macarov de mon personnage de roman, l’enseigne de vaisseau Mhorn. À travers la haie, la propriétaire du monstre bafouille quelques excuses. Au moins m’a-t-elle épargné la parole rituelle « Il est gentil ! » qui donne justement à celui qui se fait fébrilement renifler par un clone du chien des Baskerville l’envie de montrer les dents.
02:22 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : consentement, cauchemar, pandémie, chien, bois de chauffage, stère, bûche, poèmes du bois de chauffage, éditions germes de barbarie, christian cottet-emard, littérature, carnet, note, journal, blog littéraire de christian cottet-emard, makarov, enseigne de vaisseau mhorn, roman, nouvelle, personnage récurrent, personnage de roman, fiction, neige, campagne, chemin, haie, rangement, hiver, dictature sanitaire, homme des bois
29 mars 2017
Poèmes du bois de chauffage / Ce qui n'existe pas
En bâchant mes piles de bûches j’ai constaté avec satisfaction qu’elles prenaient bien le vent qui venait de naître au loin dans la forêt odorante et qui venait brasser dans les frênes
Les bâches ne risquent pas de s’envoler grâce aux pierres énormes que je leur ai jeté dessus en vociférant des bordées d’injures contre moi-même qui gaspille mon énergie et contre la vie qui fait pareil
Pour fêter ça je m’en suis jeté un derrière la cravate un bon vieux Connemara tourbé avec des chips et un cigarillo bien corsé suivi d’un reste de choucroute avec des saucisses fumées et du petit salé
Puis je me suis endormi comme un ours et pendant que la lune roulait dans les frênes secoués par le vent j’ai rêvé
Rêvé que j’avais trouvé un petit dragon dans mes piles de bois de chauffage un bébé
Le lendemain après le café avant l’aube j’ai vérifié que les bâches tenaient toujours et j’ai écrit une nouvelle dont le point de départ était la découverte du bébé dragon dans le bois de chauffage mais qui en réalité parlait de tout autre chose
C’est ainsi que fonctionne un scribouillard de mon espèce
Obligé d’empiler du bois pour l’hiver en pensant à un animal qui n’existe pas comme beaucoup d’autres choses en cette vie
Extrait de Poèmes du bois de chauffage, © Éditions Orage-Lagune-Express, 2017.
Photo : livraison du bois de chauffage chez moi.
01:24 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poèmes du bois de chauffage, bois, chauffage, bûche, dragon, nouvelle, poème, littérature, blog littéraire de christian cottet-emard, poèmes narratifs, estime-toi heureux, hiver, automne de la vie, connemara whisky, choucroute, petit salé, saucisse, cigarillo, dormir, sommeil, christian cottet-emard, ours
08 mars 2017
Poème du bois de chauffage 1
Mais comment cette idée que je puisse m’appliquer à ranger le bois de chauffage a-t-elle pu te venir ?
Faut-il que ta vie soit un désert pour croire une seule seconde en l’importance et la nécessité de s’appliquer à des piles de bois dont on n’attend rien d’autre qu’elles restent au sec sans s’effondrer
Comment peux-tu penser qu’une telle idée ait pu germer aussi dans une tête comme la mienne ?
Une tête pleine de poèmes encore non écrits pleine d’espoirs déçus mais néanmoins splendides et glorieux
Une tête faite exprès par le Bon Dieu pour se remplir de saudade de chants de musique de somptueuses pensées lubriques et de rêves éveillés et solaires ?
Ou peut-être me prends-tu pour un Suisse appliquant sa technicité horlogère à la régularité et à l’esthétique de ses empilements de bûches ?
Ou bien as-tu fini par croire que j’étais devenu « un vrai jurassien » ou quelque chose comme ça ?
Alors que je suis à peine le reflet du miroir de la salle de bain des vitres et de la flaque de pluie sur la route forestière
© Éditions Orage-Lagune-Express 2013