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19 décembre 2018

Un article de Jacki Maréchal à propos de mes Poèmes du bois de chauffage

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par Jacki Maréchal, artiste plasticien

Le lecteur qui prend les mots pour des choses plutôt que pour des signes sera bien marri à la lecture des Poèmes du bois de chauffage, il est vrai que comme le dit Christian Cottet-Emard, lorsque « le cerisier monte au ciel dans le vent il ressemble à un grand adolescent ». Enfance, adolescence, âge adulte, là n’est pas la question mais on sent bien que le compositeur de ce recueil « s’ensauvage » de tous vécus, qu’ils soient de l’infime de son quotidien ou du souvenir d’un cher disparu : « Parfois mon chat me regarde d’un air sérieux comme mon père ».
 
J’emploie ici le terme compositeur en conscience, parce que j’ai perçu ce livre comme une véritable partition de petites notes, qui sonnent en grand, comme lorsqu’on laisse la pédale du piano, en harmonie à la fois poétique et philosophique. Une composition à l'apparente simplicité où le musicien dirait en notant sa partition : « Je me comporte donc avec le temps comme quelqu’un qui a gagné à un jeu de hasard ».
 
Christian nous offre là davantage encore que ce que l’on pourrait de toute façon sentir comme un bijou au « parfum de neige » (et de bois de chauffage). Dans ce recueil, des petites pépites s’enchaînent, sans que la ponctuation d’ailleurs n’y soit jamais présente et tout cela se lit comme une source qui coule, fraîche et apaisante. J’y trouve parfois une solitude à la Fernando Pessoa, mais chez Christian Cottet-Emard elle ne fait jamais drame, rattrapée qu’elle est par sa capacité à sourire, souvent, avec malice, de lui-même et de la dérision du monde : « …le dernier des ratés peut contempler tranquille le ciel » ou alors : « Certains arbres attendent d’être vieux pour faire l’amour »
 
Vous l’aurez compris, ce recueil est à la fois bucolique et philosophique, une philosophie à l’antithèse d’elle-même puisqu’elle est indifférente à toute tentative d’explication du monde et de l’individu. Si vous montez à bord vous aurez plutôt la sensation d’un grand poème qui se lit aussi facilement qu’un haïku — il a du haïku l’apparente facilité et la profondeur non bavarde — il se déroule là, sous nos yeux, comme des herbes qui se penchent en semblant accepter le vent à la manière d'un ami caressant le dos des choses. La magie singulière des phrases, des mots, des lettres de ces poèmes du bois de chauffage vous laissera songeur, au sommet d’une montagne. Et à cet endroit qui vous paraîtra tout à fait votre place, vous vous sentirez vite voisin ou familier de Christian Cottet-Emard, mais chaque fois cette approche physique sera furtive, comme si vous écoutiez à la porte et que le vide entre les mots se fasse sentir... Comme si Christian vous murmurait sans cesse : « L’eau le long du saule est son seul chant dans le soleil ».
 
Je conseille fortement la lecture de ces Poèmes du bois de chauffage et autres récits de l’homme invisible, c’est peut-être le meilleur des livres de Christian Cottet-Emard, mais attention, choisissez un moment où votre disponibilité est réelle et éveillée, les choses les plus simples sont toujours les plus exigeantes, elles ont besoin d’espace…
 
Jacki Maréchal
 
* Toutes les citations sont tirées du recueil.
Pour Oyonnax et sa région, ouvrage en vente à la librairie Mille Feuilles, rue Anatole France. 
 

29 janvier 2015

Comme une ombre heureuse dans le temps des images

 

À ce que j’étais peut-être avant de prendre corps (quelque amas de poussière sans conscience en suspension dans un recoin de l’univers) il fut écrit

 

« Va sur Terre en ce corps qui t’échoit et ne le fatigue pas trop

 

Va sur Terre un moment et regarde le spectacle auquel tu es convié  mais ne monte pas sur scène tu n’es pas là pour agir

 

Tu n’es là que pour contempler car tu es assemblé de telle sorte que tu ne puisses rien faire d’autre

Rien d’autre que te promener et passer comme une ombre heureuse dans le temps des images »

 

 

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2014

04 décembre 2012

Retour surprise de Vent fou dans la thématique

thématique,poésie,littérature,vent fou,album du père castor,flammarion,texte,véronique,images,gerda muller,enfance,souvenir,1963,livre d'enfant,premières lectures,blog littéraire de christian cottet-emardTu repenses à d’étranges et lointaines journées quand par exemple cette étudiante en linguistique examinait ta première plaquette de poèmes éditée et disait l’important n’est pas le sens

Une autre fois cette future prof d’anglais ou de russe qui te demandait en feuilletant le recueil si tu gagnais de l’argent avec ça

 

Et cette journaliste qui t’interrogeait sur ta thématique pendant qu’un fort coup de vent désorganisait peupliers et platanes c’était Vent fou qui revenait à l’improviste

La thématique tu devrais pourtant prévoir ce genre de question depuis le temps la thématique à force eh bien peut-être Vent fou

Oui Vent fou qui secoue la poussière du village trousse le grand imper d’une jolie dame vole les cahiers d’école se fait virer par le champ de trèfle qui vient de faire sa toilette et par la rivière qui ne l’aime que propre et parfumé sortant du bois et jouant un air de flûte du coup Vent fou retourne au village pour tout remettre en place en se trompant un peu

Encore que les cahiers dans la corbeille les papiers sales sur les pupitres et la maîtresse qui n’y comprend rien ce n’est pas si mal où en étions-nous ah oui la thématique


© Éditions Orage-Lagune-Express 2012 pour ce texte. Droits réservés.

Illustration : Couverture de Vent fou, Album du Père Castor, Flammarion éditeur, 1963. Texte de l'album : Véronique. Images : Gerda Muller.