Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04 avril 2016

Oyonnax / Culture : le fiasco de la résidence d'auteur dégénère en situation ubuesque

Le comédien auteur slameur en résidence viré par la mairie mais toujours logé en ville et en activité dans les collèges.

culture,le progrès,oyonnax,centre culturel aragon,polémique,rap,auteur en résidence,voix de l'ain,presse,actuaité locale,locale oyonnax,scandale,propos scandaleux,blog littéraire de christian cottet-emard,rhône-alpes,france,europe

On aurait pu croire close l’affaire de l'auteur comédien slameur en résidence pour trois mois à Oyonnax dont les propos scandaleux tenus au centre culturel Aragon le 9 mars dernier ont suscité des protestations vives et justifiées. Il n’en est rien.

Bonne réaction de la mairie. Mais...

Certes, la mairie d’Oyonnax a-t-elle été bien inspirée de reprendre la main sur ce ce fâcheux épisode en mettant fin à cette résidence d’auteur ainsi qu’on l’apprend dans les colonnes du Progrès du 4 avril dans un article plus professionnel que le compte-rendu publié dans le même journal et qui avait fait l’impasse totale sur la désapprobation exprimée par des personnes présentes à l’animation en médiathèque. Mais des questions dérangeantes demeurent.

Sur ce blog, je n’ai pas l’habitude d’être tendre avec l’actuelle politique culturelle de la ville d’Oyonnax mais la décision responsable qui vient d’être prise est louable. Même si elle s'avère un brin symbolique, elle a au moins le mérite de la clarté et montre qu’il y a tout de même un pilote dans l’avion.

Imbroglio

Revenons aux questions. L’auteur résident est donc « renvoyé » a déclaré le maire d’Oyonnax. Hélas, les choses n’en restent pas là, ainsi qu’on pouvait le prévoir.

S’il n’est plus à même d’intervenir officiellement au centre culturel Aragon, pourquoi l’intéressé est-il toujours hébergé dans un appartement prêté par la mairie ? La directrice du centre culturel rappelle que les 9313 euros consacrés à sa résidence d’auteur sont financés par la Direction régionale des affaires culturelles et que l’opération ne coûte rien à la Ville d’Oyonnax. Il n’en demeure pas moins vrai qu’il s’agit d’argent public. À l’heure où l’on taille à coup de serpe dans les subventions aux associations culturelles et sociales, on peut constater que tout le monde n’est pas au régime !

Encore présent dans les classes de collège

Pire, l’ex-auteur résident continuera ses interventions dans les collèges publics d’Oyonnax. Les associations de parents d’élèves sauront-elles se montrer attentives en cas de nouvelles polémiques ? La presse est-elle invitée à ces interventions dans les classes ? La hiérarchie des collèges concernés n’a-t-elle pas à s’inquiéter qu’un intervenant extérieur évincé par une municipalité en raison de propos jugés tendancieux vienne parler dans les classes ?

À mission réduite, paye réduite ? Peu probable !

Dans ces conditions, étant donné que l’auteur slameur comédien voit ce qu’il appelle pompeusement sa « mission » réduite puisque ses prestations relevant de la compétence municipale sont annulées, la Direction régionale des affaires culturelles va-t-elle réduire aussi sa rémunération ? Rien n’est moins sûr ! Évidemment, la faute n’en revient à personne et chaque collectivité se renverra la balle. Finalement, voilà une façon assez douce de se faire « renvoyer » . Tous les gens qui se font virer à tour de bras dans des secteurs moins feutrés que ceux de l’action culturelle apprécieront.

Plus de discernement serait souhaitable dans le choix des intervenants extérieurs

Cette affaire où l’on voit mijoter un bouillon de culture mêlant gaffes, bévues et boulettes, assaisonné de petits arrangements et de gros embarras, le tout agrémenté de patates chaudes que se refilent tous les protagonistes, a au moins le mérite de lever un coin du tapis qui recouvre les couches d’aveuglement, d’hypocrisie, d’irresponsabilité, de naïveté bobo et de faillite intellectuelle sur lesquelles repose depuis des décennies ce qu’on ose encore appeler aujourd’hui l’action culturelle locale, régionale et nationale, théâtres d’ombres à l’abandon de tous les accommodements et de toutes les démissions.

À Oyonnax, peut-être ce mauvais feuilleton aura-t-il au moins l’avantage, à l’avenir, de pousser le ou les responsables d’un choix aussi malencontreux d’auteur en résidence à plus de discernement, un minimum de la part de professionnels de la culture, surtout lorsqu’il s’agit de s’adresser en priorité à un public d’enfants et de collégiens.

En effet, la loi contrôle et encadre les messages qui peuvent être véhiculés à ces publics, que cela plaise ou non à ce type d’intervenants qu’on rencontre désormais trop souvent et qui ne sont que des rebelles subventionnés, toujours prompts à mordre la main qui les nourrit.

 

02 avril 2016

Carnet / De la route qui s’éloigne dans le reflet d'une vitre

carnet,note,journal,autobiographie,prairie journal,écriture de soi,blog littéraire de christian cottet-emard,pissenlit,brouillard,rivière,berge,jim harrison,en marge,éditions 1018,une heure de jour en moins,poèmes,flammarion,en route vers l'ouest,1018,la bête que dieu oublia d'inventer,nouvelle,mésange,moineau,adolescence,vieux chnoque,rétroviseur

Avant hier, premier pissenlit. Content de le voir. Hier, la maison qui semblait flotter au milieu des frênes dans le silence du brouillard. Mésanges et moineaux perplexes.

Je lis beaucoup de réactions au grand départ de Jim Harrison. J’aime ses poèmes (Une heure de jour en moins, éd. Flammarion) très narratifs, généreux, sinueux, tour à tour fragiles et puissants, capricieux comme le cours des rivières où il traînait ses bottes dans le clapotis des berges froides. Moins concerné par ses romans. Le livre en prose que je préfère est son autobiographie En marge (éd. 10/18). J’avais aussi relevé cette remarque dans sa nouvelle La bête que dieu oublia d’inventer extraite du recueil En route vers l’ouest (éd. 10/18) : « Rien ne tourmente davantage un vieux chnoque que la pensée de la vie non vécue. »

Il est normal que ce constat m’assaille parfois à cinquante-sept ans mais curieusement, j’éprouvais cette angoisse dès mon adolescence. Peut-être étais-je déjà un vieux chnoque à cette époque ? Je suis souvent tenaillé par ce sentiment de vie non vécue.

J’ai certes fait le choix de la sécurité en bien des domaines mais au fond, que signifie une vie vécue ? Un engagement intense dans la société, dans la politique, dans le travail, dans l’humanitaire, au Sou des écoles ? Ce n’est pas dans mon tempérament et de plus, je n’ai aucune des compétences techniques et relationnelles requises pour être efficace dans les tâches que cela implique. Quant à la seule vague compétence dont je peux me hasarder à témoigner en prenant le risque de me faire moquer (écrire), elle court les rues et la société n’en a nul besoin.

Aussi puis-je m’estimer heureux, bien installé, de voir tranquillement s’éloigner, comme dans le reflet d'une vitre de train ou dans le rétroviseur d’une auto silencieuse et confortable, la route et le paysage où je n’ai marqué d’autre empreinte que celle, inutile et fugace, de mon regard distrait.

Photo : Porto, métro (photo CC-E)

 

 

31 mars 2016

Carnet / Moteur !

moteur !,carnet,note,journal,billet,écriture de soi,autobiographie,prairie journal,blog littéraire de christian cottet-emard,cinéma,printemps,coulisses,fellini,film,christian cottet-emard

Nuages rapides, ciel clair, vent plein sud, croissance des jours avec l’heure d’été. Un bourbon à l’apéritif et de petits cigares secs grillés à la va-vite.

Jacinthes, jonquilles, crocus et tulipes se dépêchent. Redémarrage du moteur à rêves diurnes.

Le premier printemps est un peintre d’esquisses, un artiste pressé, un accessoiriste, un régisseur lumière, un mécanicien précis et farfelu qui se hâte de déclencher une gigantesque machinerie comme s’il savait qu’elle ne fonctionnera pas longtemps dans le rythme et la puissance des débuts.

Cela ressemble au grand barnum de l’amour qui fait son tour de piste avant d’aller repriser son habit de scène dans les coulisses, comme dans un film de Fellini.

 

Photo : affiche détournée à Porto, Villa Nova de Gaia (photo CC-E)