09 mai 2016
L'angoisse du hanneton
Ce printemps hâtif convoque des nuées de hannetons. Les arbres des rues, le soir, crépitent au-dessus de la tête des passants. Des escadrilles entières rasent les fenêtres dans le crépuscule lourd de pollen avant d'aller brûler contre les ampoules de l'éclairage public.
Tout enfant, lors d'une de ces journées à hannetons, j'ai guetté leur vol au bord de la croisée et, muni d'une pelle à ménage, je suis parvenu sans peine à les stopper d'un seul revers, en pleine course, dans un bruit mat suivi d'une courte chute. A la suite de cet exploit cruel et dérisoire, j'ai éprouvé une sorte d'écoeurement mêlé de jubilation, une sensation pénible.
Longtemps après, lors d'une autre année à hannetons, toujours accoudé sur le rebord de la fenêtre, je n’ai pu m'empêcher de me remémorer cette sensation en observant l'épuisement d'un de ces insectes dans une encoignure. Il agonisait et, avec ses élytres faussées, ressemblait à un vieil avion de toile qui viendrait d'être abattu. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de la détresse du hanneton. Propulsé dans l'ivresse de l'espace parfumé pour se régaler de folioles, s'accoupler avec frénésie, et pourtant, condamné à crever longuement dans un recoin à défaut d'être gobé par un merle ou une mésange ou martyrisé par un enfant.
Né pour l'orgie, né pour souffrir, ainsi va la courte vie du hanneton dont la larve s'est si minutieusement préparée à ces grands moments sous la terre, des années durant. Hanneton, mon frère d'angoisse éblouie ! pensai-je en regardant mourir le coléoptère.
Le Grand variable (extrait). Éditions Editinter (épuisé).
08 mai 2016
Deux concerts :
Le voyage en vaut vraiment la peine pour la beauté de cette musique italienne du XVIIe, pour l'excellence de l'ensemble Carpe Diem et pour les voix éblouissantes d'Anaïs Yvoz et de Florence Grasset.
Et pour ceux qui auront le courage d'aller jusqu'à Romainmôtier, le vrai bonus sera cette étonnante Abbatiale clunisienne, la plus ancienne de Suisse, au bout d'une route pleine de charme à travers les paysages du Haut-Jura et de la vallée de Joux.
Concert à Romainmôtier (Vaud), entrée : 15 à 40 CHF
Réserver : https://monbillet.ch/events/concerts-romainmotier-2016-carpe-diem
Jean Rondeau, claveciniste, vendredi 13 Mai à Nantua (Ain)
Jean Rondeau , claveciniste "Victoire de la Musique 2015" donnera un concert le vendredi 13 mai à 20h30 à la salle André Malraux à Nantua.
Les réservations sont ouvertes : au 04 74 77 48 76 ou au 06 32 45 14 19, à l'école Arts et Musique à NANTUA, 31 Rue du Dr Mercier tél.. 04 74 75 00 81, à mireille.ecoiffier@orange.fr ou à ecoledesarts_haut-bugey@orange.fr.
Vous pouvez vous rendre sur youtube pour apprécier son talent : https://www.youtube.com/watch?v=1yyBP3t7g90
Programme :
17:09 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, concert, ensemble carpe diem, romainmôtier, suisse, vaud, de pâques à la pentecôte, muisique italienne du 17ème siècle, florence grasset, anaïs yvoz, florence bœuf-albert, monique bolli-eigenmann, lisette aubert-milleret, christophe pidoux, jonathan rubin, franck marcon, abbatiale de romainmôtier, blog littéraire de christian cottet-emard, jean rondeau, claveciniste, clavecin, nantua, ain, haut-bugey, rhône-alpes-auvergne, salle andré malraux, victoire de la musique 2015
07 mai 2016
Carnet / Des maléfices de la lune rousse
Fin de la lune rousse. Un répit avant les trois flingueurs de moral et de végétation, Mamert, Pancrace et Servais, les Saints de glace. La lune rousse a méchamment mordu les premières pousses des rosiers et éraflé les nouvelles feuilles des lilas les plus jeunes. Le seul rosier épargné était sous abri, protégé par l’avant-toit. Peut-être m’a-t-elle aussi sapé le moral et tordu les boyaux pendant plusieurs jours. Hésitations incessantes sur la quatrième de couverture de l'édition de mes carnets.
Hier, brève apparition du premier lézard sur le mur sud, risquant un œil et sa petite gorge palpitante depuis son abri derrière le volet de bois. Au crépuscule, premier vespertilion dans le ciel mauve. Deux lessives séchées au grand air dans la même journée. J’ai tondu mes trois mille mètres carrés et bêché le potager. Plantation d’un cerisier du Japon et d’un magnolia devant la maison.
J’ai regardé le début d’une émission sur la pollution lumineuse commençant par cette question sur fond d’immensité de gratte-ciel à Hong Kong : « Qui peut aujourd’hui contempler la voie lactée à l’œil nu ? » Eh bien moi, par exemple, ce qui me console un peu de l’extinction de l’éclairage public à 23h dans mon village. On s’y fait mais l’autre soir, en fumant dehors dans la nuit noire, j’ai trébuché dans les pierres qui font office d’escalier extérieur et j’ai bien failli me retrouver cul par dessus tête un peu plus bas au milieu du grand lilas.
Bonne résolution : ralentir le rythme avec l’apéritif whisky-chips-cigare et me coucher à une heure de chrétien. En écrivant cela, je me demande si la lune rousse n’a pas aussi altéré ma lucidité.
Photo : pour conjurer les maléfices de la lune rousse devant chez moi. (photo CC-E)
00:29 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lune rousse, carnet, journal, écriture de soi, autobiographie, note, prairie journal, nuit, gel, christian cottet-emard, lessive, cerisier du japon, magnolia, plantation, tonte, bêchage, potager, whisky, chips, gigare, bonne résolution, sommeil, insomnie, lézard, vespertilion, pipistrelle, chauve-souris, gratte-ciel, hong kong, pollution lumineuse, blog littéraire de christian cottet-emard, heure de chrétien, maléfice