Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 mars 2016

Rap et culture à Oyonnax : y a-t-il un pilote dans l’avion ?

culture,oyonnax,centre culturel aragon,polémique,rap,auteur en résidence,voix de l'ain,presse,actuaité locale,locale oyonnax,scandale,propos scandaleux,blog littéraire de christian cottet-emard,rhône-alpes,france,europeInquiétudes des usagers et embarras municipal face aux propos scandaleux d’un auteur rappeur en résidence à Oyonnax

Ma récente petite dispute à propos du rap me semblait close mais un hasard assez piquant vient hélas apporter de l’eau à mon moulin.

Alerté mardi par un ancien collègue, j’ai lu un article de l’hebdomadaire Voix de l’Ain qui m’a atterré. Il s’agit d’un article remarquable et courageux de Monika Borowitch qui relate l’intervention d’un auteur, rappeur et slameur au centre culturel Aragon d’Oyonnax le 9 mars dernier.

Préalablement informé de sa venue par une note assez laconique dans le programme du centre culturel, je me suis renseigné sur ses livres. Indifférent à leur thématique, j’ai choisi de ne pas me déplacer pour assister à sa rencontre avec son public, conforté dans ma décision par un détour sur YouTube où j’ai trouvé un exemple de plus de l’indigence que je dénonçais dans un précédent article consacré au rap et à tout ce qui gravite autour de la « culture hip-hop » .

Tout aurait pu en rester là si la lecture du compte-rendu de Voix de l’Ain ne soulevait pas d’épineuses questions sur les choix culturels énigmatiques de la mairie d’Oyonnax.

Première question : y a-t-il un pilote dans l’avion pour qu’un individu officiellement rémunéré pour s’adresser à un très jeune public puisse impunément faire l’apologie du chaos dans un contexte local et national tendu à l’extrême ?

D’autres questions découlent de la première : qui et selon quel critère et quelle procédure a proposé le choix de ce personnage pour intervenir dans des établissements scolaires et des centre sociaux ? (!)

Si l’article relate bien le contenu de la rencontre au centre culturel (ce que semble indiquer la réponse officielle et manifestement gênée des services culturels dans ces mêmes colonnes) le public est en droit de savoir de quoi il retourne exactement face à la gravité des faits. Lorsque je parle du public, je précise que le contribuable est concerné. L’intéressé est en effet un auteur en résidence à Oyonnax pour plusieurs mois. Je suppose donc qu’il ne vient pas bénévolement.

Mais le plus préoccupant dans cette affaire est plutôt de savoir quel degré d'inconscience ont atteint un ou des décideurs pour offrir une tribune à un représentant typique de ces pseudo-artistes qui n'ont pour but que de régler des comptes avec le pays où ils prospèrent sur les ruines de la misère culturelle et sur les plaies à vif de la société.

À cet égard, la réponse des services culturels est édifiante : « Ça va complètement à l'encontre de ce qu'on a cru accueillir » . Une naïveté pour le moins étonnante ! Les responsables culturels locaux vivent-ils sur une exoplanète pour méconnaître à ce point le registre habituel des « auteurs rappeurs slameurs » ? Et cette remarque réjouissante : « Quant on dialogue avec lui (l'auteur résident), il n'est pas dans l'appel à la violence » (!) Nous voilà rassurés !

En apprenant l’existence de cette résidence d’auteur, j’avais été étonné de constater que la mairie, d’habitude si férue de communication, n’était guère loquace à propos d’une initiative d’envergure puisqu’elle s’étale sur plusieurs mois.

Avant le 9 mars, j’avais vainement cherché dans la presse et sur les sites internet municipaux la réponse à ma question : que vient faire cette personne à Oyonnax ? En quoi consiste le projet qui préside à cette initiative ? Pourquoi une telle discrétion ?

J’attends toujours la réponse bien qu’une partie de celle-ci soit mise en lumière au fur et à mesure du développement des réactions à ce qui prend progressivement la tournure d’un scandale.

P.S. : compte tenu de la réaction molle et embarrassée des responsables culturels à cette affaire alors que cet « auteur » persiste et signe, il serait judicieux que les parents d’élèves des établissements scolaires concernés et les usagers des centres sociaux se montrent particulièrement attentifs et réactifs en cas d’autres éventuels dérapages dont certains, répétons-le, peuvent relever des tribunaux.

Pour de plus amples informations concernant le contenu inadmissible des propos tenus par l’auteur en résidence officielle à Oyonnax, le mieux est de se procurer en kiosques l’hebdomadaire Voix de l’Ain daté du vendredi 18 mars 2016. Pour qui ne le trouverait pas, on le consulte, si ma mémoire est bonne, à la médiathèque municipale d’Oyonnax.

 

19 mars 2016

Deux de mes livres sont disponibles aux éditions Le Pont du Change :

Salon du livre Nantua 2016.jpg

 

14 mars 2016

Carnet / De l’imposture du rap

rap,hip-hop,imposture,capuche,casquette,machisme,sexisme,violence,obscurantisme,indigence culturelle,variété,blog littéraire de christian cottet-emard,point de vue,humeur,carnet,note,journal,christian cottet-emard,prairie journal,tribune,opinionJ’ignore par quelle aberration, erreur d’aiguillage ou plaisanterie j’ai reçu une proposition de service de presse concernant un disque de rap.

Certes, la poésie et la musique sont-elles souvent évoquées dans mon blog, ce qui me conduit d’autant plus à enjoindre les responsables de cet envoi à m’effacer de leur fichier d’adresses puisque pour moi, le rap ne relève ni de l’une ni de l’autre.

Cette expression grotesque et prétentieuse (les deux vont de paire) d’une prétendue contestation sociale n’est en réalité que la revendication du machisme, de la violence et de l’affairisme assumés jusqu’à la caricature. Quand le rap tente de sortir de cette caricature, il verse dans la recommandation édifiante rappelant la bonne parole des « grands frères des cités » à destination de leurs cadets en perdition et qui a fait illusion quelques temps mais dont on sait désormais vers quelle propagande elle s’est orientée.

Quand les textes des rappeurs ne relèvent pas des tribunaux en raison de l’appel au meurtre de policiers et de l’exaltation de la violence sexiste, leur indigence exprimée sur le ton du plus morne esprit de sérieux et par une gestuelle outrageusement solennelle ne fait que maintenir dans leur condition d’exclusion des publics dont ils se présentent comme les porte-parole. À cet égard, le rap, sous son masque subversif, défend efficacement l’ordre établi du business et de ses symboles les plus clinquants (marques commerciales, grosses voitures, accessoires de mode, bijoux voyants exhibés tels des gris-gris), ce qui explique le zèle de promotion médiatique dont il fait l’objet de la part des producteurs de sous-culture industrielle.

Même si certains rappeurs déclarent utiliser le rap pour diffuser d’éventuels contenus politiques ou de revendication sociale, la pénurie musicale et le radotage lexical de leur mode d’expression les réduisent à la production répétitive de stéréotypes stériles constitutifs d’une impuissance créatrice condamnée à se maintenir dans le champ culturel déjà sinistré du spectacle de variété par la surenchère dans la provocation et l’auto-victimisation.

L’imposture artistique du rap ne porterait pas plus à conséquences que celle du reste de la variété cantonnée à son insignifiance (rock, chanson, bande musicale destinée au fond sonore et autres musiques d’ascenseur) si elle n’était pas sciemment relayée comme vecteur de courants idéologiques mortifères relevant parfois de la propagande anti-occidentale et extrémiste religieuse. Aussi est-il important, dans le contexte actuel, de se souvenir que de tous temps, la diffusion massive d’un langage pauvre délivrant un message sommaire s’est toujours révélée comme le meilleur instrument de la destruction de la pensée pouvant conduire à l’oppression et au chaos politiques.

Si le rap est encore loin d’avoir atteint cette capacité de nuisance, il pose cependant problème au point de défrayer de plus en plus souvent la chronique judiciaire en raison de son apologie de la violence à l’encontre des femmes, du terrorisme et parfois du racisme antiblancs. Si ces procès augurent favorablement d’une prise de conscience salutaire des débordements du rap dans un contexte socio-politique tendu, leur issue avec des peines légères ou des relaxes est hélas encore loin d’avoir valeur d’exemple.

On a beau savoir que ces procès ne sont pas la panacée pour dénoncer l’imposture sociale et culturelle du rap, ils auraient au moins le mérite d’atteindre le point sensible des rappeurs véhiculant les messages les plus nocifs (leur compte en banque) si les peines se traduisaient par des amendes proportionnelles aux chiffres de leurs ventes.

Au-delà, il faut surtout se demander pourquoi et sous l’influence de qui un sous-produit comme le rap parvient à trouver des relais jusque dans les milieux de la culture et de l’enseignement pourtant en première ligne pour combattre le retour du vieil obscurantisme relooké façon Hip-hop.