25 août 2019
Interlude musical
René Saorgin joue Louis-Alfred-James Lefébure-Wély à l'orgue de Nantua (Ain).
Enregistrement Harmonia Mundi, collection Musique d'abord (CD et vinyle).
01:27 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nantua, ain, haut bugey, france, europe, site clunisien, orgue de nantua, musique d'orgue, lefébure-wély, rené saorgin, blog littéraire de christian cottet-emard, harmonia mundi, facteur d'orgue, nicolas antoine lété
28 janvier 2016
Carnet / De la logique, de l’orgue, du vent et de la tentation d’exil
Je travaille à la publication de dix ans de mes carnets et je me rends compte que l’agencement du livre, probablement en deux parties, risque de manquer de logique. De toute façon, la logique, je me suis toujours assis dessus et je peux même dire que c’est elle qui m’a conduit à commettre mes plus grosses bêtises lorsqu’il m’est exceptionnellement arrivé de lui céder.
Une amie au téléphone : « pourquoi une telle passion pour l’orgue ? » Je n’ai pas su répondre avec précision mais en y réfléchissant un peu plus tard, je crois que la réponse est dans un souvenir.
Dans mon jeune âge, je venais de découvrir l’orgue de Nantua et j’avais fait la connaissance de son titulaire de l’époque, Joseph de Bassompierre. Après l’avoir écouté en répétition dans l’abbatiale Saint-Michel, je l’avais accompagné chez lui à Groissiat où il m’avait joué la Berceuse de Louis Vierne au piano dans son salon. La fenêtre était grande ouverte sur une somptueuse journée d’été et je voyais au loin onduler les foins sous une brise soutenue. C’est alors qu’une association d’idée entre la houle des foins et le rythme de la musique de Vierne s’est imposée à mon esprit. Joseph jouait au piano mais curieusement, mon oreille transposait à l’orgue. De retour chez moi, j’ai cherché la Berceuse de Vierne dans ma discothèque et je l’ai de nouveau écoutée en contemplant l’ample balancement des feuillages dans la brise d’été.
Depuis ces deux épisodes, je n’ai jamais cessé d’associer l’orgue aux mouvements du vent, ce qui est logique puisque la musique d’orgue, c’est de l’air qui passe dans des tuyaux. Lorsque je me promène en forêt les jours de grand vent, j’entends des sons d’orgue et lorsque j’écoute des œuvres d’orgue, je rêve au vent dans les arbres et dans les champs. Les orgues sont le plus souvent dans les églises dont les piliers et les voûtes évoquent évidemment la forêt. Tout cela est intimement lié dans mon esprit, surtout en ce qui concerne l’orgue de Nantua qui a été construit en 1845 à Mirecourt dans les Vosges (pays de forêts) par le facteur Nicolas-Antoine Lété. Nantua dans l’Ain est aussi en région forestière.
La restauration de l’orgue de Nantua n’est pas encore commencée que sa voix me manque déjà. Heureusement, je possède les disques enregistrés sur cet instrument exceptionnel, notamment l’œuvre pour orgue de Robert Schumann interprétée par Philippe Lefebvre. Les enregistrements ont été réalisés du 6 au 8 janvier 1976 mais je n’ai découvert cette musique que plusieurs années plus tard, en particulier les Six fugues sur le nom de Bach opus 60 auxquelles je ne cesse de revenir. Ces dernières semaines, je m’en imprègne le jour et parfois la nuit. L’œuvre m’accompagne bien sûr depuis des décennies, comme le son unique de l’orgue de Nantua.
Chaque fois que j’envisage de m’installer à Lisbonne par goût pour cette ville et ce pays mais aussi par lassitude et crainte d’une France qui peine à réagir face à l'ennemi et qui ne semble parfois plus gouvernée, j’imagine tout de même avec perplexité quelle vie serait là-bas la mienne loin de ce repère essentiel qu’est pour moi cet orgue, dans cette abbatiale qui est aussi le centre et le point névralgique de plusieurs moments décisifs de mon existence. Pour mon dernier voyage, le moment venu, il ne me déplairait pas de partir de là-bas si cela n’était pas trop compliqué pour mes proches.
Photo : orgue à Lisbonne © CC-E
23:49 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, prairie journal, orgue, vent, logique, christian cottet-emard, nantua, ain, rhône-alpes, france, europe, blog littéraire de christian cottet-emard, nicolas antoine lété, facteur d'orgue, louis vierne, berceuse, joseph de bassompierre, groissiat, haut-bugey, abbatiale saint michel de nantua, site clunisien, campagne, forêt, vosges, mirecourt, organiste, philippe lefebvre, robert schumann, six fugues sur le nom de bach, musique, lisbonne, portugal
07 janvier 2016
Autoportrait à la deuxième personne du singulier
Toi qu’on fit débarquer sur Terre sans te demander ton avis sous le nom de Christian Claude Louis Cottet-Emard tu t’aimes un peu beaucoup à la folie mais pas passionnément
Tu t’adresses à toi à la deuxième personne du singulier pour te sentir moins seul lorsque tu es obligé d’emmener ton ombre dans des lieux absurdes
Tu ne te remets pas du déclassement économique qui frappa bien avant ta naissance tes familles paternelles et maternelles et te déposséda d’un agréable destin d’oisif petit bourgeois formé aux seules bonnes manières
Tu es un occidental de culture chrétienne baptisé agnostique non militant ordinaire d’une intelligence moyenne à tendance médiocre
Tu n’es pas et ne souhaites pas être un héros parce que la vie est courte et incompréhensible
Pour la conclusion musicale de tes obsèques de préférence tardives et chrétiennes tu souhaites si possible la Communion de Louis Alfred James Lefébure-Wély {à défaut d’organiste disponible à la tribune de l’orgue Nicolas Antoine Lété de l’abbatiale Saint Michel de Nantua le CD Harmonia Mundi enregistré sur cet instrument et rangé dans ta discothèque fera l'affaire (plage n°9)}
Tu penses qu’une vie qui ne serait faite que d’obligations et de devoirs ne vaudrait pas la peine d’être vécue
Tu n’as rien à faire d’un chef-d'œuvre qui ne t’apporte aucun plaisir
Tu n’as pas un rapport solennel à l’écriture
L’aventure du poème n’a rien à voir avec une sortie entre copains d’ailleurs tu ne pratiques pas la sortie entre copains
Tu t’étonnes toujours quand quelque chose fonctionne
Être convaincu et engagé n’est pas dans ta nature
Tu l’as compris rien n’est sérieux tout est tragique
Tu as peur du loup
Le loup peut avoir peur de toi car tu as peur de lui
Il ne faut pas te déranger quand tu manges il ne faut pas te manger quand tu déranges
Tu as un petit côté fleur bleue quand tu as bien mangé
Tu aimes avoir les oreilles froides
Tu détestes lacer tes chaussures
Tu n'es pas sûr d'être vivant avant dix heures
Tu t'intéresseras à la politique le jour où plus personne ne couchera dehors sans en avoir envie
Tu n’es pas disposé au pardon et quand tu pardonnes ce n’est que par paresse
Tu fuis les belles âmes qui aiment l’ensemble de l’humanité souffrante mais personne en particulier
Tu es habité d'une colère noire et froide qui rôde en toi soupire comme l’ombre d’un fauve dans la nuit et te réveille parfois en te coupant le souffle
Tu aimes être propre et sentir bon même si ton âme est grise
Tu ne comprends pas grand-chose aux femmes mais elles t’inspirent plus confiance que les hommes parce qu’elles t’ont fait
Tu aimes aller à l’opéra au concert voir et revoir Quatre mariages et un enterrement rire boire manger fréquenter des amis fumer des cigares parce que la tristesse durera toujours
© Éditions Orage-Lagune-Express 2007. Droits réservés.
01:18 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : estime-toi heureux©, christian cottet-emard, poésie narrative, récit poème, autoportrait, éditions orage-lagune-express, autoportrait à la deuxième personne du singulier, communion, obsèques chrétiennes, culture chrétienne, louis alfred james lefébure wély, orgue de nantua, nicolas antoine lété, abbatiale saint michel de nantua, quatre mariages et un enterrement, mike newell, richard curtis, blog littéraire de christian cottet-emard, cinéma, musique, littérature, hugh grant andie macdowell james fleet simon callow john hannah