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03 mai 2021

Interlude musical

Antonio Vivaldi, Cum dederit, extrait du Nisi Dominus RV 608, transcrit pour orgue par Benjamin Righetti. Enregistré avec Julia Deit-Ferrand à Saint-François de Lausanne, le 13 juillet 2020.

 

 

08 février 2016

Les Quatre saisons par Radulovic : pourquoi tant de haine contre Vivaldi ?

musique,concert,folle journée de nantes,violon,violoniste,arte,nemanja radulovic,vivaldi,quatre saisonsMassacrer les Quatre saisons devient un sport à la mode pour beaucoup de musiciens. Tout mélomane qui se tient un peu au courant le constate régulièrement et cela fut encore le cas dimanche à la Folle journée de Nantes avec Nemanja Radulovic encore plus acharné que tous les autres dans ce qu’il faut nommer au sens propre une exécution.

Son interprétation prétentieuse et ridicule des Quatre saisons relevait de la mièvrerie grinçante confinant à la parodie et de la virtuosité sans âme signant la vulgarité. Il est de ces faiseurs qui se servent des œuvres au lieu de les servir.

Au début de ces saisons au cycle chamboulé, histoire d’imprimer sa petite marque, Radulovic et ses complices de l’ensemble Double sens pouvaient laisser croire qu’ils étaient las de devoir se coltiner une fois de plus cette musique un peu trop plébiscitée, ce qui fournissait à la rigueur une excuse à l’ennui qui s’abattit dès les premières mesures. Impression trompeuse !

Clins d'œil, sourires agaçants et autres très appuyées mimiques de connivence annonçaient qu’il se tramait quelque chose avant le prochain changement de tempo. Un mauvais coup ? Une farce ? Les deux mon général !

Radulovic n’allait pas laisser le mélomane partir ou changer de chaîne en se consolant d’un fataliste « il n’y a plus de saisons ! » car ce cabotin a plus d’une corde à son arc (son violon vibrant parfois des mêmes sons sans doute caractéristiques de sa signature, de son style... Voyons... De sa griffe, voilà le mot approprié).

Passons sur les grimaces, projections de chevelure (la mèche de Karajan à côté, c’était de la roupie de sansonnet) et autres cabrioles grotesques, un violoniste a bien le droit de faire sa gymnastique du moment qu’il joue le programme.

Mais le programme, rappelons-le, c’était les Quatre saisons de Vivaldi et pas la musique du film Psychose !

C C-E

13 novembre 2015

Carnet / L’été de la Saint-Martin, Vivaldi, Sylvia Plath, Laurence Tardieu

Ma maison et le paysage du Haut-Jura tout autour me rappellent parfois que je suis proche de la Suisse.

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Depuis ma fenêtre, jeudi soir

Dimanche, des amis sont venus me chercher en voiture pour une sortie à l’abbatiale de Romainmôtier dans le canton de Vaud où leur fille Florence chantait en chœur et en soliste dans l’ensemble vocal féminin Polhymnia et avec l’Ensemble Fratres (orgue et direction Franck Marcon).

Ce rendez-vous avec le Vivaldi de l’Ospedale della Piétà de Venise justifiait largement le déplacement en ces étranges zones frontalières entre les deux lacs du plateau, le lac des Rousses en France et le lac de Joux en Suisse, tous deux sans rides sous un ciel bleu et dans une lumière pure.

La splendeur de la matinée m’a délivré de la mélancolie et de la sourde oppression qui me saisissent souvent à la vue des lacs, à l’exception du petit lac Genin proche de chez moi dont je fréquente régulièrement l’auberge. Quant à l’abbatiale de Romainmôtier dont j’ignorais l’existence, elle rayonne d’une clarté presque onirique alors qu’elle est solidement ancrée dans une cuvette ombreuse, un contraste propice pour se connecter au monde spirituel de Vivaldi (au programme son célèbre Gloria en ré majeur, le onzième concerto du recueil l’Estro Armonico, ainsi que les trois pièces Laetatus sum, Ascende Laeta montes et le très combatif Dixit Dominus).

Tant à l’accueil au concert qu’à la verrée où j’ai goûté un élégant Riesling du pays si j’ai bien compris, j’étais sous le charme de la civilité suisse, tout en pondération et bienveillance. Et puis la foule dans l’abbatiale pour un concert classique, j’avoue que cela me change de chez nous. Juste à côté de l’abbatiale, un arbre énorme au tronc tordu m’a intrigué. J’avais l’impression de connaître son feuillage d’automne sans être pour autant capable de l’identifier. Le jaune vif des feuilles se détachait dans le bleu indigo de la nuit tombante. Renseignement pris, il s’agissait tout simplement d’un bon vieux saule marsault que je n’avais pas reconnu en raison de son âge et de ses proportions imposantes. Dans mon coin du Jura français, je n’ai jamais vu de saules marsault de cette envergure, d’autant que cette espèce est réputée de faible longévité, soixante ans, alors que ce spécimen les avait à l’évidence largement dépassés. Cet arbre très commun m’a toujours inspiré, sans doute parce qu’il est avec ses chatons gris l’un des premiers annonciateurs du printemps dès le mois de février, quand cette saleté de neige n’a pas tout recouvert. J’ai même écrit un poème il y a longtemps où il est question d’un saule marsault qui était mon voisin lorsque j’habitais Oyonnax.

Est-ce par association d’idée que j’ai commencé de lire Arbres d’hiver de Sylvia Plath ? Je furetais chez le libraire Montbarbon à Bourg-en-Bresse mardi dernier et ma main est allée directement sur ce recueil. J’étais à la recherche d’un livre de Laurence Tardieu présente demain samedi 14 novembre à 15h à la médiathèque d’Oyonnax au centre culturel Aragon. Après de vaines tentatives dans les librairies de Bourg, j’ai finalement trouvé son journal de renaissance à l’écriture (L’Écriture et la vie, éditions des Busclats) chez le libraire d’Oyonnax Jean-Roch Buffet.

Grâce à l’été de la Saint-Martin qui me procure le surplus de lumière dont mon moral a tant besoin, je ne fais que de tout petits feux dans la cheminée. Avec le soleil qui frappe les baies vitrées, la maison reste chaude la nuit quand le ciel pétillant fait tout de même givrer la campagne vers quatre heures du matin. À l’heure la plus lumineuse de la journée, j’ai vu un papillon occupé à sa courte existence, un jour voire quelques heures entre le ciel éblouissant, les chrysanthèmes et les bruyères devant la maison. Pas de calendrier pour lui, juste l’été d’un instant qui lui est toute une vie. Les deux pipistrelles réfugiées entre les volets le temps de leur saison amoureuse ont levé le camp pour retrouver un abri moins précaire. Leur vol nuptial est fini. C’est aussi cela l’hiver...