02 juin 2011
Carnet des cigares et des livres
L’autre jour, j’ai mis à profit quelques heures à Lyon pour me réapprovisionner en cigares, rien de compliqué ou trop cher, quelques fagots du Nicaragua, certes un peu rustiques comparés aux Joya de Nicaragua que je fumais parfois dans les années 80. De cette époque, je garde le souvenir d’avoir loupé une affaire, un splendide cabinet de Joya en catégorie double corona ou giant, je ne sais plus. En ces temps déjà lointains, j’étais un fumeur plutôt routinier et je suis reparti de la civette avec mes habituels Por Larrañaga et Petits bouquets de Partagas. Je regrette beaucoup la disparition du Petit bouquet, ce petit trapu auquel je n’ai trouvé à ce jour aucun équivalent, même pas le Cuaba divino qui, malgré son charme, n’a rien à voir avec ce court cigare inexplicablement sacrifié par Partagas.
Avant de rentrer sous mes frênes, je suis passé à la Fnac où je me fais toujours la même réflexion : à quoi bon continuer à écrire face à une telle profusion ? Je suis heureusement capable aujourd’hui de ne plus me laisser couper les jambes avec cette sorte de découragement. Ne plus écrire parce qu’il y a tant de livres, ce serait aussi stupide que de se dire : ne plus vivre parce qu’il y a tant de monde ! Aujourd’hui, je résiste au doute, qu’il vienne de moi-même ou des autres, en réalisant que je vis en pleine nature dans un environnement qui me plaît, sans me soucier de faire ou non de la littérature, d’être ou non auteur ou écrivain, d’écrire bien ou mal, la seule chose importante étant pour moi de raconter ce que j’ai à raconter durant mon passage en ce monde. Rien de plus, rien de moins.
02:20 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : livre, cigare, blog littéraire, christian cottet-emard, partagas, joya de nicaragua, petit bouquet, lyon, rhône-alpes, fnac, civette, franche-comté, jura, littérature, écrivain, auteur
31 mai 2011
Carnet du chant de la nuit
Soir de grand vent doux. À plus de minuit, la haie de frêne et d’érable devant ma fenêtre ouverte se balance dans l’air chargé de senteurs d’orage réveillées par quelques gouttes.
Cette brève averse n’a même pas interrompu les stridulations des grillons. Les feuilles ragaillardies par cette fraîcheur nocturne luisent et dansent dans ce souffle musical. Ma première perception du monde est musicale. Tout ce que j’entends des bruits de la nature me parvient comme une musique. Lorsque que me viennent un poème, une nouvelle ou un fragment de roman, cela se présente toujours d’abord sous la forme d’une musique que je suis le seul à entendre mais que je suis évidemment incapable de transcrire sur une partition. Chanceux Gustav Mahler d’avoir pu écrire les deux épisodes nocturnes de sa septième symphonie intitulée Chant de la nuit ! Moi, j’ai quelques mots. On fera avec...
Photo : moment de lune dans ma haie de frênes
15:08 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, chant de la nuit, musique, nuit, mahler, symphonie
23 mai 2011
Carnet des carnets
Les carnets en ligne ne m’ont pas détourné des carnets de papier, sans doute parce que je ne peux renoncer à cette puérile habitude de coller au milieu de mes notes mes bagues de cigares et toutes sortes d’images et documents qu’il me plaît de retrouver des années après, comme cette belle photo de couverture du livre d’Antonio Tabucchi Il se fait tard, de plus en plus en plus tard (éditions 10/18).
Griffonner des carnets détourne dangereusement du conseil d’Épictète : « aie soin en premier lieu qu’on ne sache pas qui tu es » . Quitte à persister dans cette imprudence, je constate que le carnet accueille plus volontiers qu’un auditoire navré d'amis ou d'anciens collègues mon bilan de la cinquantaine : je n’ai trouvé aucun sens aux différents métiers que le hasard et surtout la nécessité m’ont contraint d’exercer. Le temps considérable que j’ai dilapidé dans ces activités ne représente rien. La poésie (au sens large) ne m’a rien apporté sur le plan social et économique, je n’ai pu lui consacrer qu’un peu de temps volé aux obligations professionnelles et au quotidien mais elle représente tout pour moi.
J'en dis autant de la musique, celle de Mahler par exemple. J’ai regardé l’autre soir sur la chaîne Arte la « thema » Gustav Mahler. Un interprète a déclaré : « un musicien ou un auditeur qui vit avec cette musique devient un autre homme » , ce que je trouve parfaitement exact.
01:30 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian cottet-emard, carnet, antonio tabucchi, gustav mahler, poésie, musique, travail, profession