03 novembre 2010
Carnet des premières gelées
Après avoir entendu parler de chats campagnards qui ne refusaient pas de finir une vieille soupe mélangée à du pain, j’ai voulu tenter l’expérience en versant un reste de potage dans la gamelle du matou semi-sauvage qui s’est approprié le territoire autour de la maison. Pas concluant.
Mardi après-midi, j’ai écouté à la radio une interprétation que je ne connaissais pas du cinquième concerto pour piano de Prokofiev, celle de Samson François. Je n’ai pas aimé du tout. Excepté dans Chopin et Debussy, j’apprécie peu ce pianiste mais sans doute son interprétation est-elle trop différente de celle que je préfère (Sviatoslav Richter fulgurant dans cet étrange concerto) pour que je puisse m’habituer à une autre.
Les premières gelées se succèdent. Les bons moments au coin du feu exigent une contrepartie : tronçonner et ranger des quantités de bois. Est-ce cette activité qui m’a conduit à lire Winter de Rick Bass ? Peut-être. En tous cas, les mésaventures qu’il relate à propos du maniement des tronçonneuses incitent à la prudence. Au point de vue littéraire, je lis cet auteur sans ennui mais sans m’expliquer l’enthousiasme qu’il a pu susciter auprès de quelques critiques.
01:05 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : chat, christian cottet-emard, blog littéraire, jura, franche-comté, campagne, prokofiev, samson françois, sviatoslav richter, rick bass, chopin, debussy
12 juin 2010
Carnet des notes
Bien que peu enclin aux déplacements, j’ai plutôt sillonné les routes ces temps-ci. Le 31 mai dernier, ce fut d’abord en réponse à une invitation de Christian Lux qui anime sur Radio Tropiques son « Bazar culturel » où il m’a très gentiment reçu en compagnie de Marie-Ella Stellfeld pour présenter mon petit dernier, Tu écris toujours ? paru aux éditions Le Pont du Change.
Juin étant souvent un mois assez chargé dans les affaires familiales, je n’ai guère la concentration nécessaire à la lecture, c’est donc la musique qui m’aide à ne pas trop me disperser, notamment celle d’Aaron Copland (1900-1990) de qui j’écoute en ce moment la deuxième symphonie (Short Symphony) dans un enregistrement Naxos avec Marin Alsop à la direction du Bournemouth Symphony Orchestra. Cela me change radicalement de sa monumentale troisième, découverte il y a plusieurs années. Mais je ne me contente pas seulement de musique en conserve.
En effet, mercredi 9 juin en accompagnant ma fille à sa classe de maître d’orgue avec Benjamin Alard à Orgelet où se trouve en l’église Notre-Dame un étonnant petit orgue du dix-septième, j’ai pu bénéficier de beaux moments musicaux, suivis le lendemain 10 juin par un superbe concert à Longchaumois par cet organiste titulaire de l’orgue de l’église de Saint-Louis-en-l’Ile qui jouait ce soir-là à deux clavecins en compagnie d’Elisabeth Joyé à l’église Saint-Jean-Baptiste. Il y a quelques années, j’avais assisté à un concert inoubliable en cette même église de Longchaumois, ce fameux soir où la claveciniste Blandine Rannou avait joué aux chandelles après avoir donné elle aussi une classe de maître à laquelle ma fille avait participé, grâce à l’enseignement de premier ordre que reçoivent les élèves au Conservatoire d’Oyonnax. Ce samedi matin, dans quelques heures, j'aurai mon petit concert personnel à l'abbatiale Saint Michel de Nantua où ma fille répétera à la tribune de l'orgue Nicolas-Antoine Lété en vue de sa prochaine prestation à la fête de la musique *. Ce soir, j’irai écouter les Sacqueboutiers de Toulouse et l’ensemble Ludus Modalis qui donneront Les Vêpres de la Vierge de Claudio Monterverdi à la cathédrale de Saint-Claude. Tous les concerts dont je parle ici, excepté celui de Nantua, sont ceux du Festival de Musique du Haut-Jura qui fête cette année son vingt-cinquième anniversaire. Un bel âge et une longévité à la mesure de la richesse de ce festival.
À part ça, en jetant un coup d'œil par la fenêtre en cette nuit orageuse, j'aurais pu dire qu'il fait un temps de chien mais j'ai tendance à ne plus trouver de sens à cette expression puisque depuis quelques années, je me surprends à aimer tous les temps, même ce qu'on appelle à tort le « mauvais temps » , cette pluie joyeuse au parfum d'herbe et de feuillage qui est aussi un bonheur de la vie.
* Prochain concert organisé par les Amis de l’orgue de Nantua : dimanche 20 juin 2010 à 17h, fête de la musique, orgue et bande de hautbois par Véronique Rougier, Olivier Leguay, Laurent Boutaine et les élèves du Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax. Visite de l’orgue historique à 18h. Entrée libre.
Photo : Aaron Copland (veste à rayures) et Leonard Bernstein
00:52 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, journal, musique, bazar culturel, radio tropiques, christian lux, aaron copland, benjamin alard, élisabeth joyé, festival haut-jura, blandine rannou, ludus modalis, sacqueboutiers de toulouse
21 mai 2010
Carnet du premier quartier de lune
Dimanche dernier en début de soirée, sous un ciel encore incertain, alors que j’allumais un cigare avec une braise du barbecue, la solution au problème d’une nouvelle bloquée en plein milieu depuis au moins deux ans m’est apparue à l’improviste. Je me suis donc attelé à la tâche dès que j’ai en ai eu le loisir, dans la nuit de mercredi à jeudi. Je n’ai eu qu’à tirer un fil et toute la pelote s’est dénouée. J’en ai ressenti un intense soulagement. Vers 1h30, une fois la première version de cette deuxième partie du texte fixée, enregistrée et sauvegardée sur une clef, je me suis autorisé une pause et je suis sorti fumer un cigare dans la nuit. Quelques coups de vents finissaient de dégager le ciel de plus en plus étoilé. Dans mon coin du Haut-Jura, les étoiles brillent avec beaucoup d’intensité en raison de la faible pollution lumineuse. Après avoir fini mon cigare, je suis resté encore un moment immobile dans la pénombre lorsqu’un froissement dans les hautes herbes à ma droite a révélé le passage du renard à quelques mètres de moi. Un beau spécimen, très costaud. Il a fournaté dans les taillis, repris tranquillement son chemin en prenant soin de ne jamais s’exposer au clair de lune et a disparu dans les fourrés. C’est la première fois que je le vois d’aussi près. Quelques minutes après, le cri de la hulotte a retenti juste au-dessus de ma tête. Elle aussi était tout près. D’habitude, je l’entends dans les grands champs qui s’étendent autour de la maison. Pour finir, le chat a surgi en silence du gros buisson de lilas en fleur et m’a fait des fêtes semblables à celles qu’il me dispense à mon lever qui correspond pour lui à l’arrivée dans sa gamelle de la première boîte de la journée. Il m’a regardé avec l’air de me dire : « qu’est-ce que tu fabriques encore debout à cette heure-là ? » Pendant qu’il reprenait ses incessantes patrouilles destinées à marquer tout son territoire et au besoin à en chasser tout rival, je suis rentré et me suis remis à l’ouvrage. Une fois la narration fixée, je procède à un élagage (coupures, corrections, chasse aux coquilles) puis à un lissage (autres coupures, recherche de toutes les simplifications possibles et chasse aux fausses bonnes idées qui contentent sur le moment mais qui se révèlent souvent lamentables en seconde ou troisième lecture). Vers 3h, j’ai déclaré forfait car il me restait à éteindre les lumières, fermer les volets, vérifier le verrouillage des portes et préparer la table du petit-déjeuner. Cette dernière opération me permet de fournir le minimum d’efforts lorsque, quelques heures après, je dois me lever hébété de fatigue au moment de commencer la journée suivante...
01:56 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lune, premier quartier, nouvelle, écrire, veiller, nuit, renard, hulotte, chat, cigare