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15 mai 2010

Carnet des champs et de la ville

Sous les nuages bas de ce printemps mal réveillé, j’ai dû gaspiller deux après-midi pour réussir à tondre la plus grande partie des alentours hirsutes de la maison. Il fallait éviter de laisser partir cette herbe en foin et il était plus que temps. cottet-emardtondeuse.JPGÀ certains endroits, il m’a fallu soulever la tondeuse pour coiffer ces herbes folles et passer entre les averses au moment de tondre une deuxième fois afin d’égaliser. N’ayant pas pris ces précautions l’an dernier, mon seul et précieux recours fut l’intervention de Monsieur et Madame Odobel et de leur petit-fils, des agriculteurs qui connaissent bien ma famille. Sans eux, le foin tournait en blache et l’année d’après, je pouvais toujours courir avec ma tondeuse ! Heureusement qu’ils ne m’ont pas vu précipiter la machine sur les taupinières, ce qui comporte deux inconvénients majeurs : premièrement, les taupinières explosent sous la lame de la tondeuse, deuxièmement, les taupinières étant les W-C préférés des chats... Je n’en dis pas plus.  

P1010097.JPGMercredi 12 mai, changement de décor à l’occasion de ma lecture à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon dans le cadre de la Scène Poétique de Patrick Dubost. Accueil très prévenant et grand professionnalisme à la bibliothèque, public attentif et bienveillant, ambiance amicale et indulgence du technicien à qui j’ai dû imposer un dépassement d’horaire en lisant une demi-heure de plus que prévu. N’ayant plus l’habitude de porter une montre (chez moi, j’ai les cloches de l’église qui m’indiquent l’heure) je comptais sur une grosse pendule contre le mur de la cabine du technicien pour limiter mon intervention. Hélas, je m’aperçus trop tard, au cours de ma lecture, que la pendule avait disparu dans les ténèbres et que la seule lumière disponible était celle des projecteurs au-dessus de ma tête. Quant aux clochers de Lyon, je ne risquais pas de les entendre dans l’atmosphère feutrée de cette salle de conférence... En ce qui concerne la lecture en public, contrairement à Roland Tixier, je suis un peu rouillé. Je ne me rappelle plus à quand remonte la dernière, peut-être en 2003. J’espère ne point avoir ennuyé le public. cottet-emardpart-dieu.JPGCe fut en tous cas un plaisir de revoir Roland Tixier, Patrick Dubost, Frédéric Houdaer et Jean-Jacques Nuel qui est l’éditeur de mon dernier livre et grâce à qui Tu écris toujours ? fait son chemin sur le web, sur scène, dans le Magazine des Livres et enfin dans une édition à laquelle il apporte un soin et un accompagnement constants.

mdl24-couvhdef---copie.jpgJ’en profite pour préciser que Tu écris toujours ? continue dans le Magazine des Livres. Prochain épisode inédit dans le n°24 en kiosques le 22 mai.

 

 

Photo de groupe : de gauche à droite, Roland Tixier, CC-E, Frédéric Houdaer, Jean-Jacques Nuel, Patrick Dubost.

04 mai 2010

Carnet des frênes frileux

Le printemps n'en finit pas d'hésiter. Autour de la maison, les frênes semblent décidés à retenir le plus longtemps possible IMG_5997.JPGleurs feuilles. Les lilas vont bientôt s'épanouir mais si la goutte froide persiste au-dessus de nos têtes, on ne pourra pas profiter longtemps de leur parfum. Heureusement, d'autres arbres moins frileux ont déjà verdi et les haies d'épines embaument même sous la pluie. Depuis deux jours, je jette des bûches dans la cheminée et quelques vieux flacons que je réserve plutôt à l'automne et à l'hiver ont tendance à me tenter.

chan96373.jpgAinsi que j'en ai l'habitude après une nouvelle publication, j’écoute ces temps-ci encore plus de musique, notamment Sergueï Prokofiev (1891-1953) compositeur qui me passionne depuis mon adolescence. Des années plus tard, j’animais une émission de poésie sur une radio locale et le générique que j’avais choisi était le début du premier mouvement de son troisième concerto pour piano. En plus de sa musique, la personnalité de Prokofiev me fascine. On peut dire que malgré son intelligence supérieure, sa virtuosité de pianiste, sa modernité, il a été parfois injustement malmené par la critique, sans doute en raison de certains traits de caractère qui pouvaient être confondus avec un peu de froideur ou de distance.

À différentes périodes de sa vie marquée par l’exil, il tient un journal qu’il rédige en écriture abrégée (technique de prise de notes consistant à supprimer les voyelles des mots). Dans ces pages qu’il a fallu retranscrire avant leur tardive publication, on découvre un Prokofiev moins intimidant, conscient de son génie mais en proie au doute et au mal du pays. Un jour de dèche, il avoue errer dans New York avec treize cents en poche. Il a du mal à trouver sa place en Amérique où Rachmaninov lui fait de l’ombre. Même si l’Europe lui réussit un peu mieux, il peine à s’intégrer à un milieu musical qui lui est étranger. Par exemple il qualifie la musique de Debussy de gélatine ! Finalement, peu doté de sens politique, il cède à la tentation de rentrer dans son pays natal où on lui fait miroiter une reconnaissance officielle qui sera troublée par de nombreuses et graves tracasseries émanant du régime soviétique. Par une ironie du sort, Prokofiev décède le 5 mars 1953 qui est aussi la date à laquelle Staline est officiellement déclaré mort.

Finalement, c’est un piège qui s’est refermé sur Prokofiev lorsqu’il est rentré en URSS. Lorsque je pense au destin de ce compositeur génial, une phrase que j’entendais souvent dans les années 70 du siècle dernier et qui m’a toujours déplu au plus haut point me revient aux oreilles : si tu ne t’occupes pas de politique, la politique s’occupe de toi.


02 mai 2010

Mes promenades sont « mahleriennes » au printemps et « brahmsiennes » en automne.

 

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Photo : jonquilles vers La Pesse, Haut-Jura. (Photo MCC)