12 juillet 2011
Carnet des personnages
Si j’arrive à ne pas trop me disperser dans la contemplation de ce bel été, si j’arrive à me concentrer et à me discipliner un peu, à manger plus léger, à moins fumer de cigares et à dormir avec plus de régularité, les ombres qu’ils sont encore pourront bientôt cheminer vers le jour.
Pour l’heure, ils s’impatientent et me le font savoir, y compris ceux qui reviennent comme l’enseigne de vaisseau Mhorn et son encombrant ami, le brocanteur Marius le Bernois. Ils croiseront les chemins d’Helga, la jeune mariée qui a mal aux pieds, de Louis pour qui le monde va trop vite, et d’Andrade dérangé dans sa bibliothèque par une jeune fille nostalgique de grandes fêtes sous la lune.
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09 juillet 2011
Carnet des gentianes et des chardons bleus
Bel été du Haut-Jura. Rose éclatant des massifs d’épilobes. Chardons bleus. Gentianes. L’odeur des foins. Promenades non pas mahleriennes ainsi que j’ai la manie de qualifier mes balades estivales mais, ces temps-ci, walseriennes.
Le premier livre que j’ai lu de Robert Walser est La Promenade. Dans ce texte comme dans l’œuvre de Walser en général, on est encore dans l’univers faussement bucolique de la fantaisie du voyageur avec le vieux thème romantique du rêveur sans qualité partant au hasard des chemins. La petite musique des Scènes de la vie d’un propre à rien de Joseph von Eichendorff (1788-1857) est toujours perceptible chez Walser qui lui apporte cependant de plus en plus insistantes dissonances. Walser, né en 1878, était un grand marcheur, jusqu’à sa mort dans la campagne enneigée le jour de Noël 1956.
Dans son roman Les enfants Tanner publié en 1907, Walser lance Simon, son personnage principal, grand marcheur lui aussi, sur un long chemin dans la campagne hivernale où il trouve le corps gelé du jeune poète Sebastian. Walser décrit le chapeau qui recouvre le visage du défunt.
Saisissante description lorsqu’on pense à la célèbre photo de Walser gisant dans la neige où l’on voit les pas qui s’arrêtent et le chapeau qui a roulé par terre. Jeune romancier, Walser fixe un instant qui sera celui de sa propre fin presque cinquante ans plus tard.
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17 juin 2011
Dans mon carnet rouge
Capitalisme sauvage
La question n’est pas de savoir combien de temps cela peut encore durer mais plutôt combien de temps cela mérite de durer.
Nouvelle veste
Il vient un âge où l’on s’inquiète d’acheter une nouvelle veste car ce sera peut-être celle avec laquelle on sera porté en terre.
Échec
L’échec est un rideau de théâtre. La pièce est finie mais derrière le rideau, il se passe encore quelque chose.
Liberté
La liberté dans le langage courant, c’est comme l’oiseau dans les poèmes de Jacques Prévert, mièvre et vague.
Beauté
La beauté n’a rien d’autre à nous dire que « je suis belle » .
Sans joie
Ce n’est pas par orgueil et vanité que je dédaigne la politique, l’économie, le sport et tout ce qui est censé intéresser mon prochain. C’est parce que tout cela est sans joie et sans bonté. Surtout sans joie.
Écrivain
Un écrivain est un auteur qui est capable de retenir notre attention, même avec une histoire sans intérêt.
Anomalie
La vie n’a que le sens que nous lui donnons. Autant dire qu’elle n’en a pas.
La vie fonce tout droit devant sans autre objectif que de se développer tant que la possibilité lui en est donnée. Une anomalie.
Poème
Un poème est toujours nostalgique. On essaye de retrouver quelque chose qui n’existe plus ou qui aurait dû exister. Un poème est une tentative de retrouvailles.
Science fiction
Pourquoi je ne suis guère intéressé par la science fiction ? Parce que nous sommes arrivés à une époque où les pires scénarios de la science fiction se sont déjà réalisés.
© Éditions Orage-Lagune-Express 2011.
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