20 octobre 2011
Leurs petits besoins
Je me demande pourquoi je persiste à lire les rubriques dites critiques des journaux et des magazines. L’habitude sans doute mais tout de même une drôle d’habitude puisque, depuis plusieurs années, je ne lis aucune des nouveautés recommandées par les journalistes.
Les entretiens avec des auteurs en promotion publiés dans ces supports de presse contiennent parfois des perles que je trouve décourageantes comme celles-ci : « j’écris comme je crache » ou « j’éprouve un besoin désespéré d’écrire ». Que puis-je trouver dans une littérature de crachat et de besoin ?
Je pense que cracher devrait être puni par la loi, quant à l’écriture, je me refuse à la considérer comme un besoin. Auteur, je ne saurais me permettre d’embêter les lecteurs avec mes « besoins » . Les besoins, on s’en débrouille dans l’endroit prévu à cet effet.
01:22 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : besoin, toilettes, presse, pq
10 septembre 2011
Carnet de la brocante
Plus j’avance en âge, plus je purge souvent ma bibliothèque. Les livres victimes des dernières descentes finissent à la brocante annuelle de mon village où l’on peut manger des frites, des gaufres et d’excellents michons, la spécialité diététique du coin. Je m’y promène en fumant un havane pendant que les nouvelles ligues de vertu n’ont pas encore réussi à interdire de fumer en plein air.
Une année, la lubie me prit de tenir moi-même un stand sous le regard horrifié d’une ancienne collègue de passage qui me crut tombé dans la misère et qui, à ma grande satisfaction, s’en alla claironner la nouvelle dans tout le canton.
Cette année, le rescapé de la brocante est le petit livre de V. S. Naipaul, Comment je suis devenu écrivain (poche 10/18). Il ne doit son salut qu’à quelques lignes relues par hasard:
« J’ai dit que j’étais un écrivain d’intuition. C’était le cas, et il en va encore ainsi aujourd’hui que je suis si près de la fin. Je n’ai jamais eu de plan. Je n’ai suivi aucun système. J’ai travaillé intuitivement. Mon but était chaque fois de faire un livre, de créer quelque chose de facile et d’intéressant à lire. À chaque étape, il me fallait travailler dans les limites de mes connaissances, de ma sensibilité, de mon talent et de ma vision du monde. Tout cela s’est développé livre après livre. Et il me fallait écrire ces livres, parce qu’il n’en existait aucun sur ces sujets qui me donnât ce que je voulais. Je devais défricher mon univers, l’élucider, pour moi-même. »
La photo du michon vient d'ici.
16:24 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, journal, brocante, livre, écrivain, vs naipaul, poche 1018, christian cottet-emard, blog littéraire, frites, gaufres, michons, cigare, havanne
30 août 2011
Carnet de l’Embouteilleux
Dimanche, j’ai fumé un Condal, cigare des Canaries. Agréablement surpris par ce cigare doux, léger, floral, à la cape soignée. Un cigare sans prétention qui s’alliera fort bien, à l’heure du goûter, à un carré de chocolat noir.Lundi à lire et à rêvasser sous les deux parasols. Après quelques minutes de lecture, un frôlement me fait lever la tête et je me retrouve alors au milieu d’un ballet silencieux, le vol tout en grâce et en précision de dizaines d’hirondelles pourchassant des essaims de petits insectes en suspension au-dessus de la pelouse. Le chat en a interrompu sa sieste, en pure perte heureusement.
En fin d’après-midi, seconde promenade au lac jurassien de l’Embouteilleux. La dernière fois, la floraison des épilobes se reflétait dans l’eau. Aujourd’hui, les fleurs pâlissent et la brise s’empare des poils blancs et soyeux de leurs graines.
00:06 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : carnet, épilobe, lac de l'embouteilleux, haut-jura, hirondelle, nature, forêt, cigare, condal, canaries, chocolat