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11 janvier 2018

Premier carnet de l’an nouveau

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Quelque part, n’importe où...

Parmi les nouveautés littéraires, un recueil de nouvelles dont j’avais déjà lu des pages sur le site du Téléburo et sur Short édition, Quelque part, n’importe où... de Lydie Jaillon, avec pour fil conducteur le thème de la rencontre. Avant d’en reparler bientôt sur ce blog, je recommande ces douze textes (160 pages) qui plairont encore, sous la forme de cette élégante édition de poche, aux lecteurs qui en ont découvert des extraits en les retirant dans les bornes distributrices d’histoires courtes disponibles dans les lieux publics.

 

Le grand air de la musique

Je commence l’année avec les Danses symphoniques de Rachmaninov, composition que j’écoute souvent en cette période du mois de janvier. Mais comme ma fille s’est récemment attelée au violon après quinze ans d’orgue, je reviens aussi plus souvent au répertoire de cet instrument par le biais d’enregistrements que je possède depuis longtemps dans ma discothèque, les concertos de Tchaikovsky, Stravinsky, Britten et Prokofiev, notamment le n°1, envoûtant, fascinant, du dernier compositeur que je viens de citer. La musique est vraiment mon espace, le seul où je respire sous d’infinis horizons, où j’oublie enfin cette récurrente et maudite sensation de porter une veste qui me serre aux épaules. Plus encore que la littérature qui m’oblige à du travail, la musique est mon oxygène parce que je n’en écris pas et que je peux donc m’y abandonner.

 

Le malheur des Chrétiens d’Orient

Mercredi soir, j’ai vu sur la chaîne Arte une émission très claire et bien construite sur les Chrétiens d’Orient qui se trouvent dans une situation de plus en plus épouvantable. Un constat qui fait froid dans le dos quand on voit ce qui se passe chez nous. Afin que leur passé et leur présent ne soient pas notre avenir proche, il est plus que temps que l’Occident quitte ses œillères, cesse de vivre dans le déni, abandonne ses illusions et tire les leçons de leur terrible histoire.

 

14 décembre 2017

Carnet / Né au bon moment

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Dans l’avant-propos, Lodge évoque l’invention de la puce électronique : Cette dernière, qui a rendu possible l’ordinateur, Internet, l’e-mail, le téléphone mobile et le livre numérique, a eu un impact important sur la production littéraire. Ces outils ont incontestablement rendu la tâche plus facile. Néanmoins, ces progrès menacent à présent la chaîne du livre : agents, éditeurs, imprimeurs, libraires. Tout ce qui a fourni un cadre aux écrivains, leur permettant de réaliser leur vocation et de gagner leur vie, s’en trouve fragilisé. J’ai eu la chance, je crois, d’avoir vécu l’essentiel de ma carrière dans un milieu plutôt stable.

Si je comprends aisément qu’un écrivain de la génération de Lodge puisse établir ce constat, je peux dire qu’en ce qui concerne mon activité d’auteur, je trouve des avantages à la véritable révolution qui bouleverse aujourd’hui cette fameuse chaîne du livre en plein dérèglement.

Il est  vrai que je ne suis pas contraint de gagner ma vie avec mes livres, ce que j’ai longtemps regretté mais que je considère désormais comme une liberté.

Le milieu stable dont parle Lodge a surtout favorisé les écrivains en réseau, souvent engagés sur les rails de l’université, et les best-sellers, abandonnant progressivement sur le bord du chemin de plus en plus d’auteurs aux tirages moyens et confidentiels.

Certes, les nouveaux outils qui facilitent l’édition, l’impression, la diffusion et la distribution de livres destinés à un public réduit ne permettront-ils guère plus aux auteurs de vivre de leur plume mais ils donneront au moins la possibilité d’exister à toute une production littéraire réduite au silence total par l’ancien système, ce qui m’apparaît comme un progrès considérable dont je me réjouis moi-même, depuis quelques années, de bénéficier.

Moi qui ne me sens pas toujours à l’aise dans mon époque et qui suis plutôt conservateur, notamment du point de vue social et politique, j’avoue que le spectacle du grand chambardement du vieux monde de l’édition ne m’inspire aucune nostalgie. À cet égard, j’estime moi aussi être né au bon moment.

 

08 décembre 2017

Carnet / Mégalo nécro

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Je m’interroge en revanche sur le sens des cataractes de nécrologies échappant à toute mesure qui s’abattent sur la presse écrite et audiovisuelle.

En achetant le Figaro de jeudi pour son supplément littéraire, j’aurais dû me méfier. Chaque fois que ce qui est considéré comme un événement d’ampleur se produit, c’est toujours le supplément littéraire qui dégage, remplacé cette fois par un cahier entier consacré au défunt.

Seul le supplément économique du journal était vierge de toute allusion au chanteur alors que cette rubrique était à mon avis la plus appropriée pour recevoir l’hommage à l’homme au cent dix millions de disques vendus.

Dans cette édition du Figaro, même la Une avait disparu au seul profit d’un portrait de scène accompagné d’un éditorial évoquant un trésor national. Dans d’autres médias, on parle de la disparition d’un monument national. La tour Eiffel se serait-elle effondrée ? Le Louvre aurait-il sombré dans un cratère ? Notre Dame de Paris se serait-elle envolée vers des cieux plus cléments ? Non, un chanteur de variété est mort.

Cette hallucinante surenchère larmoyante, ce matraquage et ce renoncement définitif à toute hiérarchie de l’information sont des signes, ainsi que l’écrit Roland Thévenet sur son blog, que le pays va mal, très mal.

Pour m’informer de l’actualité de la France et du monde dans un journal que je paye pour cela, il m’a fallu feuilleter jusqu’à la page 8, les précédentes étant exclusivement remplies par la logorrhée nécrologique, sauf la page 6 contenant l'analyse pertinente de Jean-Pierre Le Goff.

À la télévision, le pire n’est pas que les rentiers de l’émotion viennent rouler leurs larmes, notamment les vieux crocodiles du show-biz, mais que les journalistes présentateurs décrètent le chagrin automatique pour l’ensemble de la population. Et chacun, y compris le politique toujours angoissé de se louper, de pousser sa petite variation : On a tous en nous quelque chose de Johnny Hallyday (Macron), Nous avons tous un souvenir lié à une de ses chansons, j’en passe et pas des meilleures.

Ce nous qu’ils emploient d’autorité me déplaît car pour ma part, je n’ai absolument rien en moi de Johnny Hallyday, je n’ai et ne voudrais pas du tout avoir un seul souvenir lié à une de ses chansons dont je ne connais d’ailleurs que des bribes qui me sonnent aux oreilles contre mon gré depuis cinquante-huit ans et que j’aurais peut-être le malheur d’entendre encore le jour où je serai trop vieux pour couper moi-même le son d’une sono, d’une radio ou d’une télé.

Si je devais me trouver un jour funeste dans cette situation, je prie Dieu qu’une âme charitable vienne me coiffer d’un casque avec une œuvre classique suffisamment puissante pour couvrir la voix et le son de l’idole des vieux de ma génération.