16 mai 2017
Carnet / Fournisseurs, rouleurs de mécaniques, Renard
Barnum électoral et fournisseurs
J’ai beaucoup de mal à comprendre tout ce psychodrame à propos des résultats d’élections, des nominations de ministres et du barnum médiatique qui accompagne en fanfares et en paroles creuses cette routine du fonctionnement de la société. Après tout, ces élus ne sont que des fournisseurs que nous envoyons en politique et en gestion de l’économie parce que nombre d’entre nous avons plus intéressant et plus urgent à faire : vivre.
Rouleurs de mécaniques
Récemment, je patientais dans une file d’attente. Devant moi, un groupe de jeunes types, moyenne d’âge une vingtaine d’années, incapables de se parler normalement. Pathétiques à force de rouler les mécaniques, d’essayer de placer leurs voix dans les graves et de se contraindre à des postures artificielles, inconfortables, apparemment avantageuses à leurs yeux. Personne pour leur rendre service en leur expliquant calmement le ridicule de leur maintien. À quoi bon ? Forcément un lien avec ce dont je parlais au début à propos des élections, de la politique.
Aventure du poème et sortie entre copains
Une fois libéré de la file d’attente, j’ai repensé à un fragment de texte de mon recueil Le Passant du grand large qu’on ne trouve désormais qu’en bibliothèque : L’aventure du poème n’a rien à voir avec une sortie entre copains. Je ne me souviens plus à quel propos j’avais écrit cela mais là encore, c’est en liaison avec ce que je décrivais précédemment.
Jules Renard
Revenir à son journal : Les hommes de la nature, comme on les appelle, ne parlent guère de nature. Ou encore L’horreur des bourgeois est bourgeoise.
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29 avril 2017
Carnet / Amère présidentielle
La politique ne m’a jamais intéressé (même en quittant la presse lorsqu'on m'approcha discrètement pour y entrer) et encore moins l’élection présidentielle qui met au pouvoir un roi sans couronne, sans prestige et sans liberté face aux puissances financières.
Très jeune, jusqu’à plus de trente ans, j’ai été un abstentionniste sans états d’âme puisque j’étais déjà persuadé, comme maintenant, que les grandes démocraties occidentales se gouvernent au centre, centre droit, centre gauche, peu importe.
Et puis vint la montée de l’extrême droite dans les années 80 du siècle précédent. Je suis d’une génération qui a entendu parler ses grands-parents du fascisme, de la guerre, de la déportation. Ma grand-mère paternelle a vu son petit frère raflé à Oyonnax. Une première fois, elle l’a soustrait aux griffes des Allemands en allant le récupérer place des Déportés après avoir déclaré avec le courage fou de l’instinct de vie qu’elle avait besoin de lui à la maison. Hélas, le malheur insista et l’emporta lors d’une deuxième rafle. Ce que je lisais dans ses yeux quant elle me racontait ce terrible épisode vaut toutes les leçons de morale politique qu’on peut m’infliger aujourd’hui sur internet, dans la presse ou dans les dîners en ville.
Avec ce bagage historique et familial, ainsi qu’avec cette optique d’un gouvernement au centre, je n’ai pas eu trop de mal à voter pendant les années de mon entrée dans la maturité tout en restant encore à peu près indifférent au résultat puisque de toute façon, c’était toujours le centre droit ou le centre gauche qui gagnait.
L’élection présidentielle 2017 est la première à me poser un cas de conscience. J’ai trouvé tous les candidats effrayants, y compris au deuxième tour.
Comme ce sera désormais la norme jusqu’à ce que la martingale soit usée jusqu’à la corde, on nous refait et on nous refera le coup du 21 avril 2002.
La démocratie existe-t-elle encore même dans sa seule apparence quand on enferme l’électorat dans une nasse ? À chacun sa réponse. En ce qui me concerne, je me sens très mal et humilié dans cette nasse. Je trouve le vote protestataire aux extrêmes immature. Quant au vote centriste, plus personne ne l’incarne.
Au terme d’une campagne électorale d’épiciers durant laquelle les thèmes de la culture et de l’identité ont été soigneusement évités, je sens la pression de toutes parts pour plébisciter, c’est le cas de le dire, d’un vote digne d’une république bananière le vainqueur de cette élection à un tour.
Moi qui voulais sanctionner cette gauche qui paye des rappeurs pour instiller leur venin dans les médiathèques et les collèges, qui organise du footing sur les cimetières de Verdun, qui subventionne à tour de bras de fausses associations culturelles, je devrais avoir la bienséance de voter Macron pour prouver que je ne suis pas un méchant ? Dans mes provinces, pour ne donner qu’un exemple, je devrais cautionner un système qui continuera de permettre des aberrations telles que le recrutement d’un Insa Sané en résidence culurelle ?
On m’a déjà suggéré par le passé d’aller voter avec une pince à linge sur le nez s’il le fallait. À continuer ainsi, à quand le masque à gaz dans l’isoloir ?
12:57 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : scrutin, élection présidentielle 2017, blog littéraire de christian cottet-emard, humeur, opinion, vote, carnet
02 avril 2017
Saudade
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